Élections fédérales : les cinq grands battus des langues officielles

De gauche à droite : Randy Boissonault, Alaina Lockhart, Alupa Clarke, Sylvie Bouchet et François Choquette. Montage ONFR+

OTTAWA – Les lendemains déchantent pour plusieurs ténors politiques. Pas moins de trois porte-paroles des langues officielles, anciens ou actuels, ont été balayés dans leurs circonscriptions respectives lors du 43e scrutin fédéral. La plupart figurent sur le tableau de chasse bloquiste.

Alupa Clarke, la voix « franco » conservatrice

Le porte-parole de l’opposition en matière de langues officielles, Alupa Clarke, a laissé filer son siège dans Beauport-Limoilou (Québec). Il a fait les frais de la poussée du Bloc Québécois, représentée dans sa circonscription par Julie Vignola.

L’enseignante a distancé le juriste dans le sprint final, dans une lutte à trois avec le libéral Antoine Bujold. Elle est l’une des 32 députés élus du parti d’Yves-François Blanchet qui siégeront sur la colline parlementaire.

L’ancien porte-parole du Parti conservateur du Canada (PCC) aux langues officielles, Alupa Clarke. Archives ONFR+

Partisan d’une modernisation de la Loi sur les langues officielles et très critique sur le manque d’efficacité du gouvernement Trudeau en la matière, M. Clarke promettait de présenter un projet de loi si son parti était porté au pouvoir. Vice-président du Comité permanent des langues officielles, il avait été nommé porte-parole de l’opposition en 2017, succédant à Sylvie Boucher.

Sylvie Boucher, autre « victime » du Bloc

Elle aussi défaite ce lundi par une candidate du Bloc Québécois, la députée conservatrice sortante, représentante de la circonscription depuis 2015, a été évincée de la circonscription de Beauport-Côte-de-Beaupré-Île d’Orléans-Charlevoix (Québec) par Caroline Desbiens.

Embourbée dans une controverse sur des propos jugés islamophobes tenus sur les réseaux sociaux, Mme Desbiens a tout de même fait largement la différence face à la native de Victoriaville, ex-députée de Beauport-Limoilou de 2006 à 2011 et ancienne secrétaire parlementaire du premier ministre Stephen Harper.

François Choquette, précipité dans la chute du NPD

Le Bloc Québécois a également fait des dégâts dans le camp néo-démocrate. Le sortant François Choquette est privé de troisième mandat par Martin Champoux, dans la circonscription de Drummond.

L’ancien porte-parole aux langues officielles pour le Nouveau Parti démocratique, François Choquette. Archives ONFR+

En déroute dans la Belle Province, le Nouveau Parti démocratique (NPD) ne conserve qu’un siège sur les 15 précédents. Déjà amoindri depuis 2011, le parti de Jagmeet Singh devra se trouver un autre défenseur des langues officielles à Ottawa parmi les 24 députés rescapés.

M. Choquette était un précieux allié. Il avait un œil critique sur le dossier de l’Université de l’Ontario français et défendait le bilinguisme des juges à la Cour suprême.

Alaina Lockhart, à contre-courant dans les Maritimes

Alaina Lockhart n’a pas été réélue. La secrétaire parlementaire de Mélanie Joly, ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, a été battue par Rob Moore dans la circonscription de Fundy-Royal (Nouveau-Brunswick).

Tandis que le conservateur reconquiert son siège perdu en 2015, le Parti libéral perd un atout dans le dossier des langues officielles sur lequel il s’est clairement engagé dans la voie de la modernisation législative.

Mme Lockhart fait partie de ces rares députés libéraux sortants à ne pas avoir été réélus dans les Maritimes. 27 des 32 sièges conquis en 2015 sont conservés par les troupes de Justin Trudeau. Les conservateurs grappillent quatre circonscriptions au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Ecosse, alors que la poussée verte a accouché d’une troisième députée à Fredericton.

Randy Boissonneault, avec les libéraux éradiqués de l’Alberta

Sur la route de la réélection dans Edmonton-Centre (Alberta), le libéral Randy Boissonneault s’est heurté au conservateur James Cumming. Le Franco-Albertain a perdu comme l’ensemble des libéraux dans cette province submergée par un raz-de-marée bleu.

Randy Boissonnault, ancien secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly. Archives ONFR+

Ancien secrétaire parlementaire de la ministre Mélanie Joly, M. Boissoneault avait animé les consultations pancanadiennes sur le plan d’action pour les langues officielles avant de céder la place, en 2017, au député Sean Casey.

Très populaire auprès de la communauté, il faisait notamment partie des dix francophones les plus influents à l’extérieur du Québec en 2016, selon le palmarès de l’agence Francopresse.