Élections municipales : une nouvelle échéance pour l’Ontario

John Tory réélu pour la troisième fois maire de Toronto. Archives ONFR+

[ANALYSE]

À peine trois mois après les élections provinciales, l’Ontario s’apprête à vivre une nouvelle campagne. Devant les maisons et au bord des routes de la province, de nouvelles pancartes fleurissent : celles des élections municipales.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Si à Ottawa, le scrutin ne semble pas encore soulever les passions, c’est qu’on est encore loin du jour J. Il faudra attendre le 22 octobre pour se rendre aux urnes. C’est aussi vrai que ces élections restent dans l’ombre du Québec, qui élira début octobre ses 125 députés à l’Assemblée nationale. Enfin, Jim Watson ne devrait pas beaucoup être contesté.

Réélu avec 76 % des suffrages en 2014, le maire sortant aura néanmoins comme adversaire principal, Clive Doucet. Fin politicien, Jim Watson n’a pas fait beaucoup de vagues durant les quatre dernières années. La mise en service prochaine du train léger et la réussite des célébrations du 150e anniversaire de la Confédération canadienne en 2017 lui offrent des cartes majeures pour une confortable avance.

Du côté de Toronto, l’autre grosse ville de l’Ontario, on s’oriente également vers un combat déséquilibré. John Tory ne devrait pas avoir de difficultés à être réélu. Si la recrudescence de la violence à Toronto alourdit son bilan, l’actuel maire bénéficie d’un bon capital de sympathie. Les frasques de son prédécesseur Rob Ford lui ont facilité le travail pour convaincre les Torontois.

L’ancienne urbaniste en chef de la Ville de Toronto, Jennifer Keesmaat, ne cesse toutefois de grimper dans les sondages. Une ascension qui n’est pas sans rappeler celle de Valérie Plante à Montréal face à Denis Coderre aux dernières élections municipales. Mais pour beaucoup d’observateurs, Mme Keesmaat est peut-être partie un poil trop tard en campagne pour espérer battre M. Tory.

Dans l’Est ontarien, l’enjeu de La Nation

Du côté des municipalités marquées par le fait francophone, il faudra surveiller à la loupe l’Est ontarien. Pour le moment, un maire est déjà connu. À Casselman, Daniel Lafleur a été élu par acclamation. Un succès qui marque la fin de la carrière politique de Conrad Lamadeleine.

La lutte la plus intéressante sera probablement du côté de La Nation. Comme en 2014, le maire sortant François St-Amour devra sortir les gants de boxe contre Denis Pommainville, à la tête de la municipalité de 2000 à 2010. L’ancienne conseillère municipale de St-Albert, Danika Bourgeois-Desnoyers, sera aussi de la partie.

Le développement jugé beaucoup trop lent des terrains commerciaux à Limoges en bordure de l’autoroute 417, la menace pesant sur l’église de Fournier, ou encore les besoins pressants des agriculteurs seront autant de thèmes récurrents sur lesquels François St-Amour devra répondre et convaincre… au risque de se mettre en danger.

La légalisation du cannabis en toile de fond

Enfin, ces élections municipales coïncideront avec la légalisation du cannabis, le 17 octobre. Pour les résidents de l’Ontario âgés de 19 ans et plus, il sera alors possible d’acheter de la marijuana en ligne seulement, par l’entremise de la Société ontarienne du cannabis.

En annonçant, le mois dernier, que les municipalités pourront une seule fois, au début du processus, refuser d’accueillir des points de vente de cannabis, Doug Ford a rassuré en partie les maires.

Mais des questions demeurent quant aux plaintes et à la gestion des abus de la substance. Le tout avec quelle aide financière? Après le 22 octobre, les nouveaux élus n’auront peut-être pas plus de réponses sur le sujet.

Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 10 septembre.