Élections ontariennes : du pain sur la planche pour les francophones

Le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, Carol Jolin. Archives ONFR+

[ONVote2018]

OTTAWA – Les francophones préparent leur liste de doléances pour les élections. Les organismes leaders comptent sur les quatre semaines de campagne pour sensibiliser les candidats aux différents dossiers. En point de mire : l’Université de l’Ontario français.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Car si l’établissement promis en 2020 à Toronto existe déjà dans sa forme légale, l’inquiétude demeure. « Nous voudrions en savoir plus sur les espaces de locaux temporaires », estime la co-présidente du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), Marie-Pierre Héroux.

Il y a un mois, la présidente du comité de mise en œuvre, Dyane Adam, avait expliqué que l’établissement n’aurait pas un toit fixe pour 2020. Une annonce accueillie froidement par les différents militants.

« Nous voulons toujours un engagement financier concret du gouvernement, et aussi un mandat provincial. Nous demandons ce mandat depuis le début. »

Le fonds de démarrage de la structure reste pour le moment de 18,5 millions de dollars pour 2018-2019, inclus dans une enveloppe totale de 83,5 millions de dollars sur sept ans.

Carol Jolin, qui livrera à titre de président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), sa première élection, en fait d’ailleurs le dossier de campagne numéro un pour son organisme. « Le travail doit continuer. Il faut assurer que l’Université de l’Ontario français se fasse dans un environnement francophone. »

La LSF au programme

Autre sujet sous le radar des francophones : la revitalisation de la Loi sur les services en français (LSF). Promise par la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, au moment du 30e anniversaire de cette loi symbolique, en novembre 2016, le projet a finalement été laissé de côté par le gouvernement.

« Quelle que soit la couleur du nouveau gouvernement en place le 7 juin, le libellé est déjà là. Nous avons travaillé à cette revitalisation avec l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO). Je ne veux pas entendre par le nouveau gouvernement qu’il faudra une nouvelle consultation. »

Offre active, imputabilité, désignation de tout l’Ontario sous la LSF, voilà en gros les objectifs des francophones. « Dans le texte de 1986, on parle encore de télécopieur (…) Il est clair que ça prend une loi avec plus de dents. »

L’AFO compte sur les membres de son conseil d’administration, répartis dans les différentes régions, pour rencontrer le plus de candidats possibles. Et pourquoi pas les convaincre. « Nous n’avons jamais été aussi impliqués dans les dossiers », souligne M. Jolin.

Comme en 2014, l’organisme a transmis un formulaire aux différents partis sur les enjeux francophones. Les réponses devraient être dévoilées le 23 mai.

L’idée de différentes questions pour les aspirants n’est pas l’apanage de l’AFO. L’Association canadienne-française de l’Ontario à Toronto (ACFO-Toronto), tout comme « l’association cousine » à Ottawa, enverront un questionnaire aux différents candidats de leurs circonscriptions.

Outre l’Université de l’Ontario français et la LSF, L’organisme porte-parole des francophones de Toronto veut l’oreille des candidats quant au projet de la Maison de la Francophonie de Toronto. « Il y a effectivement quelques soucis à ce sujet. Nous ne sommes pas encore situés dans une maison concrète », fait part le président Constant Ouapo.

L’idée que l’Université de l’Ontario français n’ait pas trouvé de lieu met sur la glace le projet d’un grand carrefour francophone dans la Ville reine. Un centre qui aurait accueilli la Maison de la Francophonie.

Deux débats électoraux organisés par l’ACFO-Ottawa

Du côté de l’ACFO-Ottawa, on en compte pas s’arrêter au questionnaire. Des débats auront lieu fin mai, dans les circonscriptions d’Ottawa-Vanier et Orléans. Reste encore à déterminer les dates exactes.

« En plus de l’Université de l’Ontario français, et la modernisation de la Loi sur les services en français, il y a aussi toute la question du bilinguisme de la Ville d’Ottawa », affirme la présidente de l’organisme, Soukaina Boutiyeb.

Au lendemain du déclenchement des élections, difficile d’évaluer le travail de persuasion des organismes sur le terrain. Une chose certaine : l’AFO a déjà pris son bâton de pèlerin pour rencontrer les leaders.

C’est chose faite avec Kathleen Wynne. Les libéraux avaient d’ailleurs mis en scène la rencontre de la première ministre avec les différents organismes à Orléans, en début de semaine dernière.

Doug Ford, lui, n’a pas encore rencontré l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens. Une discussion téléphonique avait été menée entre M. Jolin et lui, au moment de la course à la chefferie du parti.


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