Emplois bilingues à Toronto : augmentation de l’offre et de la demande

TORONTO – Des centaines de francophones ont pris part à la Foire d’emplois bilingues de Toronto, où une trentaine d’employeurs offraient des postes, jeudi 19 octobre. Si certains tiennent à travailler en français, d’autres cherchent des postes bilingues pour… améliorer leur anglais.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« Nous avions 500 personnes inscrites. Ce sont de très bons chiffres comparativement aux autres années », se réjouissait Mirlande Pierre, l’une des organisatrices de la Foire d’emplois bilingues du Centre francophone de Toronto. « Nous avons beaucoup de nouveaux employeurs qui voulaient absolument participer à notre événement. Nous avons aussi dû refuser des employeurs », a-t-elle ajouté.

Le bilinguisme est un atout qui semble plus en demande à Toronto, observe-t-elle. « De plus en plus, on constate que les employeurs veulent au moins un employé bilingue. Avec l’internet, les gens reçoivent des demandes de partout dans le monde, dont plusieurs pays francophones », soutient Mme Pierre.

La directrice des services d’emploi du Centre francophone de Toronto, Marine Hascoët, abonde dans le même sens. « Plusieurs employeurs ontariens veulent aussi desservir le marché québécois et il est important d’avoir un employé qui peut parler français », explique-t-elle. Cela ne veut pas dire que l’anglais ne demeure pas essentiel et certains candidats l’apprennent à leurs dépens. « Tout le monde pense avoir des niveaux intermédiaires, mais selon le poste recherché, il faut souvent un niveau un peu supérieur », dit-elle.

Certains des chercheurs d’emplois interpellés ont souligné qu’encore trop d’employeurs misent sur les francophones pour les postes de services à la clientèle. Les emplois en centres d’appels peuvent constituer une bonne porte d’entrée vers le marché de l’emploi canadien, mais cela a ses limites, a indiqué une intervenante.

Il faut dire que lors de la Foire d’emplois bilingues, des employeurs de divers secteurs étaient présents, notamment du milieu de la restauration.

Des motivations diverses

#ONfr a interpellé une demi-douzaine de chercheurs d’emplois pour mieux comprendre leurs motivations.

Pour vivre son identité francophone et faire briller le français…

 « Je suis étudiante récente, alors je veux un boulot! Ce serait intéressant de travailler en français! Si je ne l’écris pas, je vais le perdre. Je veux garder mon français. C’est difficile de trouver en français, comparativement à Ottawa, par exemple. Et c’est trop de postes en centres d’appels » – Lisa Faid

« Ce que j’aimerais, c’est utiliser mon français, surtout en Ontario. Les gens sont émerveillés quand on parle le français. Je travaille en anglais et je constate une demande. Les touristes sont si heureux de nous entendre parler français! » – Marie

Pour utiliser ses deux langues officielles au maximum…

« Je fais une reconversion professionnelle. Je suis assez nouvelle sur le marché du travail torontois, je découvre comment ça marche et comment on rencontre les employeurs. Je cherche un emploi bilingue, car mon pays d’origine est à la fois francophone et anglophone. Et ça paye mieux, on a un avantage, alors autant en profiter! » – Deborah Perne

« Il y a beaucoup d’opportunités pour les gens bilingues. À Toronto, c’est un avantage comparatif de parler français. À Montréal, l’aspect bilingue n’est pas un plus, car beaucoup plus de gens le sont » – Kechav Seebocus

Pour améliorer son anglais…

« Je viens de Paris, je suis ici pour deux ans et je ne veux pas seulement travailler seulement en français. Je veux améliorer aussi mon anglais, donc c’est ça le but d’avoir un emploi bilingue. L’anglais domine de nos jours, c’est la première langue. Plus on parle anglais, en plus du français, plus tu peux avoir de responsabilités » – Karine Ouedraogo

« Je suis venu de Montréal. J’ai partagé plusieurs CV aujourd’hui pour obtenir un emploi en technologie de l’information. De venir vivre à Toronto me permettrait d’améliorer mon anglais, donc le Forum d’emplois bilingues était très intéressant pour moi » – Aristide Damado