Encore du retard pour les accents sur le permis de conduire

Un bureau de ServiceOntario. Archives ONFR+

TORONTO – Alors que les Franco-Ontariens le réclament depuis plusieurs décennies, la mise en place des accents sur les permis de conduire en Ontario n’est pas pour demain, a indiqué la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde. Le système informatique aurait dû pourtant être modernisé en 2016. 

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Mme Lalonde a demandé aux Franco-Ontariens de faire preuve de patience dans ce dossier et a souhaité rappeler qu’il s’agit d’un dossier « complexe » puisqu’il nécessite la mise à jour des systèmes informatiques du gouvernement.

« Je sais qu’au sein du gouvernement, nous aimerions trouver la solution le plus rapidement possible, mais c’est vraiment une mise à jour d’un système informatique très complexe », a-t-elle assuré.

« Ça va peut-être être décevant ce que je vais dire, mais ce n’est pas aussi facile qu’on l’aurait souhaité », a ajouté la ministre.

Mme Lalonde n’a pas été en mesure de donner un échéancier à savoir quand le projet allait finalement voir le jour. Elle assure cependant que cela fait partie de sa liste de priorités.

La ministre Lalonde a avoué que le système aurait dû être mis à jour il y a un certain temps.

Actuellement, le système informatique du gouvernement ne permet pas d’inclure des caractères français, comme les accents ou les cédilles. Une différence dès lors notable avec la plupart des documents du gouvernement fédéral.

Un problème plus profond, estime France Gélinas

La critique en matière d’Affaires francophones pour le Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, France Gélinas, déplore l’inaction gouvernement dans ce dossier. Pour elle, le problème aurait déjà dû être réglé depuis déjà plusieurs dizaines d’années.

« Je me souviens qu’en 1987, on en parlait. En 1990, on en parlait encore. En 1996, c’était encore un sujet de discussion et même quand j’ai été élue. Il n’y a rien qui change. Moi, mon nom est Gélinas, pas Gelinas », déplore-t-elle.

Mme Gélinas avoue ne pas comprendre qu’encore en 2017, le gouvernement ne soit pas capable de faire cette petite action.

« C’est un exemple criant que les services en français ne sont pas une priorité. Si c’était vraiment une priorité, il aurait eu la chance depuis très longtemps de passer à l’action. »

La députée néo-démocrate estime que ce dossier est un exemple du manque de poids que les francophones ont dans l’appareil gouvernemental.

Certains progrès

Malgré les questionnements d’#ONfr, il a été impossible de savoir si le gouvernement allait agir prochainement, ni combien coûterait le changement de système informatique permettant l’ajout des accents sur les permis de conduire des particuliers.

Une porte-parole pour le gouvernement a tout de même noté que certains progrès avaient été réalisés au cours des dernières années, notamment avec le programme de modernisation de la sécurité pour les conducteurs.

Une partie d’un nouveau système information a été mis en place et des accents peuvent déjà être trouvés sur les documents du ministère pour les chauffeurs de camions, d’autobus et des véhicules d’inspection, a-t-on expliqué.

Le nouveau système doit s’étendre dans le futur et devrait être pleinement capable de supporter les caractères en français, a expliqué la même porte-parole.

Même s’ils sont délivrés par ServiceOntario, il s’agit du ministère des Transports qui est responsable des permis de conduire dans la province.

Les attentes de Boileau

Le commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau, a déjà reçu plusieurs plaintes par le passé sur ce sujet. Sans vouloir se prononcer sur la suite de ces plaintes, ni confirmer si certaines étaient toujours actives, le commissaire dit miser sur la modernisation du système promis en 2016.

« Nous attendons une mise à jour de la part du ministère des Transports quant à la modernisation du système pour les conducteurs et les véhicules routiers », a déclaré son bureau par courriel.

Le Commissariat aux services en français de l’Ontario a aussi confirmé qu’un suivi allait être fait auprès des officiels du ministère des Transports.