Entrepreneuriat au féminin : « Que les francophones achètent francophone »

Fayza Abdallaoui, consultante pour Oasis Centre des femmes. Crédit image: Gracieuseté
Fayza Abdallaoui, consultante pour Oasis Centre des femmes. Crédit image: Gracieuseté

TORONTO – Un nouveau répertoire des femmes entrepreneures francophones du Grand Toronto voit le jour. Pour que leurs entreprises puissent croître, la communauté francophone doit poser des gestes pour les soutenir, selon l’une des instigatrices de cette initiative.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« Vous cherchez un traiteur? Un jardinier? Un programmeur pour un site web? Une décoratrice? Faites travailler des francophones. Nous avons un souhait : que les francophones achètent francophone », affirme Fayza Abdallaoui, consultante pour Oasis Centre des femmes et présidente du Mouvement ontarien des femmes immigrantes francophones (MOFIF).

Des dizaines d’entrepreneurs francophones peinent à se faire une place dans le marché torontois. Pourtant un bassin de dizaines de milliers de francophones pourrait leur faire confiance et leur permettre d’avoir une base solide de clients, affirme-t-elle.

« Notre bottin féminin compte plusieurs catégories d’entreprises et les autres femmes entrepreneures du Grand Toronto pourront aussi ajouter leur profil pour le bonifier », selon Mme Abdallaoui.

Elle affirme que l’entreprenariat au féminin a plusieurs bénéfices. « C’est une voie vers l’indépendance financière pour de nombreuses femmes. Trop de femmes restent dans une situation de violence, car elles n’ont pas les moyens de se sortir d’une relation malsaine. Avoir son entreprise, c’est aussi gagner sa liberté », dit-elle.

Promouvoir l’entreprenariat francophone

Plus que jamais, il y a un désir de la communauté pour outiller les femmes franco-ontariennes, afin qu’elles lancent leur entreprise. Dorénavant, des événements de réseautage mensuels se dérouleront pour les femmes francophones du milieu des affaires ou intéressées à faire le saut. « On veut bâtir un réseau pour qu’elles puissent travailler ensemble et se donner des bonnes méthodes », révèle Fayza Abdallaoui.

L’objectif est d’aider à franchir les obstacles, selon elle. « Lancer son entreprise comme francophone dans un milieu majoritaire anglophone peut sembler intimidant, c’est aussi un processus très complexe et le risque financier est aussi un obstacle », rappelle-t-elle.

Le programme Tremplin qui accompagne des femmes désirant faire leur place dans le milieu des affaires est par ailleurs en plein recrutement. Il permet aux femmes francophones de Toronto d’obtenir de nombreux formations pour lancer leur entreprise.

La directrice d’Oasis Centre des femmes, Dada Gasirabo, insiste sur l’importance de tels programmes. « Développer des approches et stratégies de développement et de reprise économique des femmes est crucial. Dans cette philosophie, Oasis Centre des femmes développe depuis 2010 des initiatives de reprise de pouvoir économique au sein d’un CALACS (Centre d’aide et de Lutte contre les Agressions à Caractère Sexuel.) Le programme Tremplin s’inscrit dans ce cadre pour démontrer que quand une femme a les moyens financiers, l’autonomie, le bien-être, l’estime d’elle-même; elle a des outils et les ressources pour se prémunir contre la violence ou s’en sortir », dit-elle.

La province sensible à cette réalité

Les projets torontois s’ajoutent à une initiative provinciale qui permettra à une délégation franco-ontarienne de s’envoler vers Bucarest, en Roumanie, pour participer à la Conférence des femmes de la Francophonie.

Récemment, la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, s’attristait de voir les difficultés rencontrées par plusieurs femmes qui veulent se lancer en affaires.

« Souvent, on entend dire que c’est difficile pour une femme francophone de partir en affaire. D’offrir cette plateforme suite à cette mission internationale, on espère que ça fera déboucher certaines conversations et encourager certaines femmes à faire le saut. On veut outiller nos femmes francophones, en plus d’augmenter les possibilités de réseautage et d’apprentissage », disait-elle.