Femmes députées dans le Nord de l’Ontario? Une représentation « pas acceptable »

Une femme sourit devant un mur de brique.
La Franco-Ontarienne Amanda Kingsley Malo. Gracieuseté.

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Amanda Kingsley Malo est la fondatrice de PoliticsNOW, un organisme qui aide les femmes à se lancer en politique dans le Nord de l’Ontario. Mme Kingsley Malo est une Franco-Ontarienne originaire de Chelmsford, dans le Grand Sudbury.

LE CONTEXTE :

Les neuf circonscriptions du Nord de l’Ontario comptent 36 candidats des quatre grands partis : 23 hommes et 13 femmes. Avec ses cinq candidates dans la région, le Nouveau Parti démocratique est le seul à avoir atteint la parité. Le Parti libéral du Canada et le Parti vert du Canada ont chacun trois candidates, tandis que le Parti conservateur du Canada n’en a que deux. Le Parti populaire du Canada – qui n’est pas inclus dans ces données – ne compte aucune candidate dans le Nord ontarien.

L’ENJEU :

Les femmes demeurent sous-représentées en politique fédérale. Si l’on ne compte que les candidats qui ont de l’avance dans les sondages, cet écart s’amplifie. Dans le Nord de l’Ontario, seules la ministre libérale Patricia Hajdu et la députée sortante d’Algoma–Manitoulin–Kapuskasing, Carol Hughes, mènent les sondages dans leur circonscription respective. 

« Cette année, dans quelle mesure la représentation des femmes diffère-t-elle des années précédentes?

Il y a plus de candidates cette année que n’importe quelle année précédente. C’est sûr qu’il y a de plus en plus de femmes qui veulent se présenter, mais il y a aussi eu plus d’efforts de la part des partis politiques pour recruter des femmes.

Quelles sont les différences entre les partis à cet égard?

C’est un enjeu complexe. Le Nouveau Parti démocratique fait des efforts pour atteindre la parité, non seulement dans le Nord de l’Ontario, mais dans l’ensemble du pays. Il compte environ 49 % de candidates.

Je sais que le Parti libéral a un organisme de collecte de fonds, le fonds Judy LaMarsh, qui appuie les femmes qui veulent se lancer en politique. Ça les aide à recruter et à former plus de candidates.

On peut voir que les conservateurs s’efforcent aussi d’inclure plus de femmes – ils en ont plus cette année qu’ils n’en ont jamais eu –, mais ils demeurent au dernier de rang des quatre grands partis avec 106 candidates.

C’est quand même un montant considérable. Le parti a atteint la marque de 30 % qui, selon les Nations unies, est le minimum pour que les femmes aient une influence en politique.

Vous travaillez surtout avec des femmes en politique municipale. Quelles sont, selon vous, les principales différences au fédéral?

En politique municipale, les statistiques démontrent qu’une femme qui se présente a autant de chance de l’emporter qu’un homme.

En politique fédérale, on voit souvent des femmes dans des circonscriptions où elles ont moins de chances de gagner. C’est décourageant pour les candidates qui font de leur mieux avec les outils qu’elles ont à leur disposition. On le voit dans le nord de l’Ontario où les femmes mènent dans les sondages dans seulement deux des neuf circonscriptions.

Ce ratio s’aligne toutefois avec les données que nous avons au municipal, où les femmes occupent environ 22 % des sièges dans le nord de l’Ontario. Ce n’est pas un pourcentage acceptable, mais ce n’est pas étonnant non plus.

Selon vous, quelles barrières importantes entravent une plus grande participation des femmes?

Les femmes se font recruter beaucoup moins souvent que les hommes. Ça a beaucoup à voir avec les attentes que nous avons des politiciens. Les partis cherchent leurs candidats dans des domaines qui sont encore dominés par des hommes. On voit beaucoup d’avocats, des représentants syndicaux, des hommes d’affaires… des carrières du genre.

On recrute donc des candidats qui ont souvent les mêmes qualités. Il est temps qu’on remette en cause notre définition de ce qui fait un bon politicien et les qualités qu’on recherche dans un leader.

Ensuite, il faut aussi noter les responsabilités familiales. Même en 2019, les femmes sont encore les pourvoyeuses primaires des soins de leurs enfants et de leurs parents âgés. Elles se trouvent souvent dans des positions où elles ne se sentent pas comme si elles peuvent se lancer en politique. »