Fête de la Saint-Jean : les chandails franco-ontariens laissés au placard

Renée O'Neill la fondatrice et propriétaire de la microentreprise EnTK. Archives ONFR+

La Saint-Jean, voilà l’occasion habituelle pour Renée O’Neill de vendre des dizaines et des dizaines de chandails franco-ontariens. Mais cette année est compliquée en raison de l’épidémie de COVID-19. Conséquence : sa microentreprise de vêtements EnTK est confrontée à une baisse spectaculaire de ses ventes.

« D’habitude, pour une année régulière, c’est une centaine de chandails vendus pour la Saint-Jean, mais là… c’est environ 15 », explique Mme O’Neill, sans perdre son optimisme.

« Dieu merci, ma boutique est virtuelle, et j’ai très peu de coûts fixes. L’entrepôt est au sous-sol. (…) Grosso modo, dès que les mesures de confinement ont été annoncées, il y a eu une petite baisse des ventes. Je pense qu’il y a comme un poids de la pandémie, les gens avaient la tête ailleurs. On peut le constater dans la baisse des interactions avec notre marque sur les médias sociaux. Nous avons essayé de publier des choses plus ludiques, mais c’est le calme plat. »

Renée O’Neill la fondatrice et propriétaire de la microentreprise EnTK. Archives ONFR+

L’impact de la phase 2 du déconfinement serait tout de même réel.

« Depuis quelques jours, les gens commencent à reprendre goût à la vie. Je recommence à avoir un volume plus élevé de commandes, mais c’est trop tard pour profiter de la Saint-Jean. »

La Saint-Jean et les festivals en début d’été représentent l’une des quatre périodes identifiées par Mme O’Neill où les ventes sont dynamisées.

« La période de pointe reste bien sûr la perspective de la Journée des Franco-Ontariens, le 25 septembre. Entre mi-août et cette date, nous vendons durant cette période plus de la moitié de nos produits annuels. Il y a aussi un petit boom pour Noël, une petite montée en mars pour le mois de la francophonie, et donc une quatrième période pour les ventes qui est celle de la Saint-Jean et des festivals. »

Lancée il y a cinq ans, EnTK a vendu plus de 5 000 chandails, avec un pic des ventes observé lors de la crise linguistique de l’automne 2018.

À l’ACFO-Ottawa, 15 minutes pour prendre les produits 

Des ventes en baisse pour les chandails franco-ontariens, c’est aussi le constat fait du côté de la boutique de l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa).

Sa directrice générale, Ajà Besler, nous le confirme. En juin 2019, l’organisme porte-parole des francophones à Ottawa avait enregistré 6 265 $ en ventes pour les produits franco-ontariens, contre 955 $ pour juin 2020.

L’obstacle principal pour l’ACFO Ottawa : la boutique est directement située dans les bureaux de l’organisme, lesquels sont inclus dans la bâtisse d’Éducation permanente. Cette école de langue française sur la rue Donald demeure fermée depuis mi-mars.

Un drapeau de la fierté vendu à l’ACFO Ottawa. Source : Facebook ACFO-Ottawa

« Depuis mars, je n’ai eu le droit qu’à 15 minutes, montre en main, pour passer à l’ACFO et ramasser le plus de produits possible, sinon il aurait été impossible pour les gens de commander. J’ai ramené le plus de choses chez moi, mais je ne pouvais pas tout ramener. Je gère maintenant les commandes depuis ma maison. »

Outre des chandails, l’ACFO Ottawa possède une pléiade de « produits à l’image franco-ontarienne » : des drapeaux, des autocollants, des épinglettes, des fanions, des bracelets ou encore des bas.

« Dernièrement, les commandes sont rentrées. Plusieurs personnes ont acheté des drapeaux de la fierté, mais au niveau des commandes institutionnelles, on n’a pas eu de grosses commandes de la part des écoles et des agences gouvernementales. »

Un impact financier pour les ACFO

Les temps sont aussi durs concernant les ventes pour la boutique de l’Association canadienne-française de l’Ontario du grand Sudbury (ACFO du grand Sudbury). La COVID-19 a aussi fait des dégâts.

« C’est une énorme baisse dans nos ventes depuis le début de la pandémie », laisse entendre la directrice générale, Joanne Gervais.

« Nous n’avions pas accès à nos produits, donc même quand nous avions quelques commandes, nous n’étions pas en mesure de les expédier. Depuis le début juin, nous avons fait des arrangements pour avoir accès à nos produits, mais seulement à l’occasion. Le temps de livraison a aussi augmenté, donc on avise quatre à six semaines pour la livraison des commandes à maboutiquefranco.ca. »

La directrice générale de l’ACFO du grand Sudbury, Joanne Gervais. Crédit image : Archives ONFR+

Moins de ventes dans la boutique se traduisent par moins de revenus pour les ACFO, avec le risque de limiter les activités.

« Ça fait de sorte qu’on est beaucoup plus dépendants des subventions gouvernementales, puisque nos sources de revenus auto-générées sont à la baisse », laisse entendre Mme Besler.

« Tous les revenus de la boutique sont réinvestis dans l’organisme. »