Fin de carrière politique pour trois personnalités franco-ontariennes

De gauche à droite, le maire de McGarrry Clermont Lapointe, le maire de Casselman Conrad Lamadeleine et le conseiller municipal de Clarence-Rockland Jean-Marc Lalonde. Crédit image:

[TÉMOIGNAGES]

OTTAWA – Le 22 octobre prochain, les électeurs de Casselman, McGarry et Clarence-Rockland ne verront plus leurs noms, devenus si familiers, sur les bulletins de vote. Conrad Lamadeleine, Clermont Lapointe et Jean-Marc Lalonde ont décidé de tourner la page de la politique municipale.

« Ça fait 25 ans que je n’ai pas pris de vacances » – Conrad Lamadeleine, maire de Casselman

Le maire sortant de Casselman, Conrad Lamadeleine. Crédit image : Archives #ONfr

Conrad Lamadeleine est un personnage incontournable de la vie politique du village de Casselman, dans l’Est ontarien. Maire de 1985 à 1998, puis de 2003 à 2010 et enfin, de 2014 à aujourd’hui, il s’apprête à tourner la page de cette longue carrière.

« J’ai un collègue à l’hôtel de ville [Daniel Lafleur, conseiller municipal élu par acclamation comme maire] qui voulait vraiment devenir maire. C’était peut-être sa seule chance et il m’a demandé de lui laisser la place. J’ai accepté, même s’il y a encore des dossiers qui me tiennent à cœur et que je vais continuer à aider le conseil municipal quand il en aura besoin. »

À 77 ans, le maire sortant du village de Casselman ne manque pas de projets.

« Je veux lire, écrire, étudier… Les semaines vont continuer à être bien remplies et après 25 ans, je vais enfin pouvoir prendre des vacances. J’ai la chance d’être en bonne santé, alors je veux en profiter. »

Lorsqu’il jette un œil dans le rétroviseur de sa vie politique, M. Lamadeleine se dit fier de ce qu’il a accompli.

« Toutes mes visions sont devenues réalités. Je voulais faire de Casselman un centre de services pour les gens de la région et j’ai réussi à bâtir la prospérité de la municipalité. Aujourd’hui, elle va très bien et va continuer de grandir et d’attirer de nouveaux résidents. Je vois Casselman doubler dans les prochains 15 ans. »

À ses successeurs et aux personnes intéressées par la politique municipale, il adresse quelques conseils.

« Tu ne fais pas ça pour la gloire ou l’argent. Il faut savoir relever les défis. Quand je suis arrivé, il n’y avait pas d’argent, la municipalité était mal organisée, n’avait aucun plan de développement… Il a fallu aller chercher des subventions, frapper aux portes. J’avais des amis partout, ce qui a aidé, mais j’ai dû persévérer. Le secret, c’est d’écouter tous les gens de ta municipalité et d’être juste et honnête avec eux. »

« Une décision difficile » – Clermont Lapointe, maire de McGarry

Le maire de McGarry, Clermont Lapointe (en bas à gauche) avec son conseil municipal. Crédit image : McGarry

À 68 ans, Clermont Lapointe a longtemps hésité avant de dire adieu à la politique municipale. Jusqu’au dernier moment, son nom figurait encore sur la liste des candidats au poste de maire de McGarry, dans le Nord-Est de la province, pour les élections du 22 octobre. Mais finalement, il l’a retiré.

« Ça a été une décision difficile à prendre. Les gens étaient déçus. Mais ça fait 36 ans que je suis en politique municipale, il est donc temps de prendre une pause, de penser à moi, de voyager et de profiter de ma famille. »

Car le travail de maire, qu’il a occupé pendant 30 ans, est prenant, raconte-t-il.

« C’est dur de partir longtemps, les gens comptent sur toi, t’appellent… Ce n’est pas toujours facile de travailler avec le public, mais je dois dire que j’ai été très chanceux d’avoir un bon conseil. Et je suis fier de laisser une municipalité en bonne santé financière. »

Faire de la politique nécessite de s’endurcir, explique M. Lapointe, surtout à l’heure des médias sociaux où les critiques fusent parfois.

« Il ne faut pas faire attention », conseille-t-il. « Être élu te demande parfois de prendre des décisions difficiles. Ce qu’il faut faire, c’est d’abord de bien écouter les gens, car ils t’aident à réfléchir. »

Ancien président de l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO), pendant quatre ans, M. Lapointe se dit confiant pour l’avenir de sa municipalité comme pour celle de l’organisme, malgré les difficultés actuelles de ce dernier.

« Je continue à regarder la période des questions à Queen’s Park » – Jean-Marc Lalonde, conseiller municipal de Clarence-Rockland

Le conseiller municipal de Clarence-Rockland et ancien député provincial, Jean-Marc Lalonde. Crédit image : Archives #ONfr

C’est un retour aux sources qu’a opéré Jean-Marc Lalonde en 2014. Après avoir mis un terme à sa carrière politique provinciale en 2011, le député libéral de Glengarry-Prescott-Russell avait décidé de se présenter comme conseiller municipal, dans une municipalité où il avait siégé comme maire de 1976 à 1995. Mais aujourd’hui, sa carrière politique est terminée, assure-t-il.

« Je vais avoir 83 ans, le 19 août. J’ai fait de la politique pendant 45 ans et j’ai des petits-enfants dont je veux m’occuper! »

De toutes ces années, M. Lalonde se dit fier des nombreux octrois obtenus, plus de 600 millions de dollars, dit-il. Il regrette toutefois de n’avoir pas pu achever le projet d’élargissement de la route 17/174 entre Rockland et Ottawa.

« Quand j’ai quitté la politique provinciale, j’avais obtenu de l’argent pour une étude environnementale, mais ensuite, plus rien n’a avancé. C’est pour ça que je me suis présenté au conseil municipal, en 2014. Je voulais faire profiter la municipalité de mes contacts. »

Malheureusement, ceux-ci n’auront pas été suffisants pour donner un coup d’accélérateur au projet.

Lui qui a fait reconnaître le drapeau franco-ontarien en tant qu’emblème officiel des francophones en Ontario, en 2001, comme député provincial, se dit toujours passionné par la politique.

« Je regarde toujours la période des questions à Queen’s Park. Je veux savoir ce qui va arriver aux Ontariens et aux gens de ma région! »

Autant dire que même s’il jure aujourd’hui être prêt pour une retraite méritée, il continuera à s’investir dans sa communauté.

« J’aime toujours m’impliquer et ne suis pas capable de dire non quand on me demande de l’aide », sourit-il. « J’ai des projets avec Centraide Prescott et Russell. »