Fin de session particulière pour les étudiants sur fond de COVID-19

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La pandémie de COVID-19 oblige étudiants et professeurs à s’adapter en cette période d’examens de fin de session.

Éphrem Porou vient tout juste de passer son premier examen en droit judiciaire lorsqu’il prend le temps de discuter avec ONFR+. L’étudiant en 1ère année du programme de droit de l’Université d’Ottawa n’est pas très satisfait de sa performance.

« Franchement, c’était pas facile! Entre le temps accordé, le fait d’être à la maison… Même si on a accès à nos notes, c’était un cas pratique, donc ça ne nous aide pas vraiment. C’est un peu bizarre comme expérience », dit-il, même s’il reste confiant pour ses autres matières.

Étudiante en 3e année de psychologie au Collège Glendon, Myriam Tshimanga dit avoir du mal à se motiver.

« J’ai demandé plus de temps pour rendre mes travaux, car je n’arrive pas à m’y mettre. Je n’arrive pas à me concentrer à la maison! »

Les salles de cours et les campus fermés, les examens de fin de session sont passés en mode virtuel, aussi bien dans les universités que les collèges.

« Pour le cours de chirurgie et urgentologie, normalement, mes collègues font une mise en situation d’une opération où chacun doit jouer un rôle avec un vétérinaire qui pose des questions », illustre Mélodie Dubuc, étudiante en 2e année en technique de soins vétérinaires au Collège Boréal, à Sudbury. « Là, ils ont dû le faire en vidéoconférence, seuls, avec le professeur. C’est stressant, car ils devaient juste se servir de leur mémoire sans s’aider des réflexes acquis dans la pratique. »

Des solutions ingénieuses

Les institutions postsecondaires interrogées disent avoir laissé la liberté à leurs professeurs d’adopter le format d’examen final le mieux adapté à leurs cours.

C’est notamment ce qu’a dû faire Anne-Marie Ouellet, professeure de théâtre à l’Université d’Ottawa.

« Normalement, pour l’examen final de mon cours de jeu théâtral, je fais jouer à mes étudiants une scène dialoguée où ils sont deux. Là, c’est impossible. Je leur ai donc demandé de s’enregistrer, en les dirigeant à distance. C’est un bon exercice, car ça développe leur autonomie, mais ça m’empêche d’évaluer leur engagement physique. Je dois plutôt me concentrer sur le dire, l’articulation… C’est plus technique que créatif. »

Anne-Marie Ouellet, professeure de théâtre à l’Université d’Ottawa. Crédit image : Jonathan Lorange

Dans les collèges, où l’enseignement est pratique et expérientiel, il a fallu faire preuve d’ingéniosité, explique-t-on.

Au collège La Cité, par exemple, le professeur du programme de sécurité s’est filmé avec des membres de sa famille en montrant les techniques à apprendre, tout en insérant intentionnellement des erreurs que les élèves doivent identifier pour leur évaluation. Au Collège Boréal, les étudiants du programme de coiffure accompliront les consignes de leur professeur sur leur marotte, en se filmant.

Le RÉFO demande de la flexibilité

Professeure d’orthophonie à l’Université Laurentienne, Michèle Minor-Corriveau a demandé à ses étudiants de 1ère année de lui faire une revue du cours de sciences de la parole qui pourra ensuite leur servir dans leur carrière.

« J’ai consulté mes étudiants d’abord, car ils vivent beaucoup de stress. Certains d’entre eux, internationaux, sont coincés ici, d’autres ont perdu leur emploi… Je pense qu’il faut être compréhensif et j’espère que mes collègues le sont aussi. »

Le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) dit avoir contacté le ministère des Collèges et Universités pour faire passer le message aux institutions d’être le plus flexibles possible. Le ministère rappelle toutefois à ONFR+ que chaque université reste libre de ses choix dans le domaine.

Frustration chez certains professeurs

Certains professeurs sont toutefois frustrés du système mis en place dans leur université. À l’Université d’Ottawa, l’un d’eux, sous couvert d’anonymat, dit ne pas être d’accord avec l’obligation d’offrir des examens finaux en ligne, alors même que les étudiants pourront partager leurs réponses. Il aurait préféré se baser sur les évaluations déjà complétées.

Certains ont trouvé la parade, comme le professeur au département de marketing et de management de l’Université Laurentienne, Jean-Charles Cachon.

« J’ai changé la pondération entre l’évaluation du travail continu et l’examen final. Au lieu de me rendre un travail et de passer un examen en personne, ils vont me remettre un travail pour lequel je leur ai donné plus de temps. Comme c’est de la réflexion et des études de cas, ils ne peuvent pas vraiment tricher. »

Son collègue du département de géographie, Raoul Étongué-Mayer, a lui opté pour un rapport de lecture.

« Pour l’examen partiel, je l’avais fait en ligne, mais je n’ai pas été satisfait, car ils ont utilisé la documentation. Je préfère donc cette formule qui va les obliger à lire et à me démontrer qu’ils ont compris. »

D’autres problèmes pour les étudiants

Plusieurs universités permettent également à leurs étudiants de troquer leur note alphanumérique contre une simple mention de succès ou d’échec, afin de ne pas pénaliser leur moyenne. Mais si la flexibilité est de mise, d’autres problèmes demeurent.

« Je comptais graduer l’année prochaine en prenant les cours d’été, là je suis obligée d’y réfléchir », explique Myriam Tshimanga.

Mélodie Dubuc, étudiante en technique de soins vétérinaires au Collège Boréal. Gracieuseté

Alors qu’elle en a besoin pour valider son diplôme, Mélodie Dubuc ne sait pas encore quand elle pourra faire son stage, qui devait commencer fin avril.

« On va nous donner un papier pour pouvoir travailler à condition de faire notre stage plus tard, mais ça retarde mon inscription à l’examen national des techniciens en santé animale [nécessaire pour faire partie de l’Association ontarienne des techniciens vétérinaires – Ontario Association of Veterinary Technicians]. »

Positive, elle explique qu’elle profitera de cette période pour améliorer sa technique et travailler sur le site internet et le marketing de son entreprise de promenade de chiens et de soins à domicile pour animaux de compagnie et de fermettes.