Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford. Source: capture d'écran Youtube

TORONTO – Près d’une semaine après avoir annoncé que l’Ontario était sur la bonne voie, Doug Ford change de ton avec de nouvelles mesures plus sévères. Il y a désormais plus de restrictions dans les zones rouges, des critères plus stricts pour passer d’une zone rouge à orange et l’ajout de Hamilton et Halton à la liste des zones à risque.

Ces mesures surviennent après que la province ait annoncé, hier, qu’elle pourrait être touchée par plus de 6 000 cas par jour dans un mois, dans le pire des scénarios.

« Je sais que c’est difficile, mais on a le regard tourné vers un nouveau confinement, je n’hésiterais pas à le faire s’il le faut », a laissé entendre le premier ministre, Doug Ford.

« Ce qui a été annoncé hier, c’est alarmant. Si on ne prend pas d’actions et qu’on ne change pas de façon drastique, on est en voie d’avoir 6 500 cas par jour. Nos soins intensifs pourraient être engorgés dans six semaines et l’impact sur nos hôpitaux serait dévastateur. On ne peut pas laisser ça passer, on doit tout faire pour empêcher que nos hôpitaux soient pleins à craquer. »

Vendredi, la province annonçait avoir recensé 1 396 cas, le tout après quatre records consécutifs de contaminations quotidiennes de lundi à jeudi.

« Nos cas ont augmenté de 45 % au cours de la dernière semaine, le taux de positivité a augmenté drastiquement passant à 4,4 %, comparativement à 3,2 % la semaine dernière », a affirmé la ministre de la Santé, Christine Elliott.

Le médecin hygiéniste en chef, David Williams, précise que le seuil de taux de positivité dans les régions en zone rouge passera à 2,5 % contre 10 % actuellement, ce qui signifie que plusieurs pourraient rapidement rejoindre cette catégorie.

« Les 40 cas par 100 000 habitants, soit 2,5 %, ça peut être bon dans un monde idéal où l’on a un bon traçage des cas. Mais on n’a pas la maîtrise sur le traçage et on ne sait pas où les gens l’ont attrapé et comment ils l’ont contracté. On se fie à leur bonne volonté pour contacter les gens avec qui ils ont été en contact dans les derniers jours. Si une personne positive ne contacte pas les gens dans son entourage, la maladie va continuer à se propager », avance Hugues Loemba, virologue à l’Hôpital Montfort, à ONFR+.

Dans les six derniers jours, le pourcentage de cas positifs lors des tests se situait entre 4,2 et 5,7 %.

« L’Organisation mondiale de la Santé suggère de mettre cette barre à 3 %. Quand on a un taux autour de 1 à 2 %, on peut laisser les gens dîner à l’intérieur, mais au taux où on se trouve en ce moment, avec 4,5 à 5 %, c’est trop élevé. Si ça continue, on va doubler ce taux-là et on n’aura pas de Noël », prévient le Dr Loemba.

De nouvelles régions en zone rouge

Les nouveaux seuils de positivité qui déterminent où placer chaque région dans l’une des catégorie du plan d’intervention de la province, ainsi que les restrictions pour les visites dans les centres de soins de longue durée prendront effet dès le 16 novembre.

L’impact de ces nouveaux seuils ne se fait pas attendre, puisque le gouvernement a annoncé qu’à cette date, 13 des 34 unités de santé publique passeront à un code de couleur plus sévère. Parmi celles-ci, les régions de Hamilton et Halton s’ajouteront à Peel et York dans les zones rouges. Toronto entrera, pour sa part, en zone rouge dès vendredi minuit.

« Si vous êtes en zone rouge, sortez de la maison seulement pour des raisons essentielles, on a tous une responsabilité personnelle de réduire la transmission du virus », souligne la ministre Elliott.

La ministre de la Santé, Christine Elliott. Source : capture d’écran Youtube

« Évitez tout rassemblement », demande Ford

Le premier ministre a aussi multiplié les appels à la population, demandant une contribution de tous.

« Chacun de nous a un rôle à jouer pour éviter un autre confinement. Il faut continuer à suivre les mesures, s’il vous plaît, ne perdez pas espoir. Vous ne pouvez pas visiter ou recevoir des gens chez vous et s’il vous plaît, évitez tout rassemblement. »

Alors que Doug Ford dit viser une capacité de 100 000 tests en décembre, la province n’a dépassé que trois fois les 40 000 tests au cours des deux dernières semaines. En plus des mesures modifiées annoncées ce vendredi, le Dr Loemba pense que le gouvernement devrait revoir sa stratégie de dépistage.

« Le gouvernement a mis des restrictions à l’accès aux tests. C’est sûr qu’il y avait un certain gaspillage avec les gens qui avaient juste un rhume ou des allergies, et qui allaient se faire tester, mais il vaut mieux tester pour en savoir plus. On met juste l’accent sur ceux qui ont des symptômes. On doit augmenter l’accessibilité aux tests », croit-il.

Le plus récent bilan de la COVID-19 en Ontario :

  • 1 396 nouveaux cas en 24h et 19 décès
  • 91 180 cas au total, dont 11 630 cas actifs
  • 3 312 décès, 76  238 guérisons
  • 452 hospitalisés, 106 personnes en soins intensifs
  • 40 509 tests réalisés en 24h et 44 507 en attente d’un résultat