Ford s’en remet aux régions pour lutter contre la COVID-19

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford. Capture d'écran

TORONTO – Après une fin de semaine marquée par un record de nouveaux cas de COVID-19 en Ontario, le gouvernement de Doug Ford défend son plan d’intervention provincial de lutte contre la pandémie, indiquant que chaque région peut ajouter ses propres mesures. Une flexibilité appréciée par le médecin hygiéniste du Bureau de santé de l’est de l’Ontario (BSEO).

L’heure est à la réflexion à Toronto. Après avoir enregistré 504 nouveaux cas dans les dernières 24h et 37 nouvelles admissions en soins intensifs, le Bureau de santé de la Ville reine et l’administration municipale devraient expliquer, mardi, comment Toronto entrera en zone « orange-restreindre » à compter de samedi prochain.

« Les chiffres actuels vont dans la mauvaise direction. (…) Nous regardons ce qui se fait ailleurs, notamment dans la région de Peel », a indiqué le maire John Tory, lors de son point presse, ce lundi.

« Nous regardons toutes les options », a ajouté la médecin hygiéniste de Toronto, Dre Eileen de Villa.

Selon le plan de la province, le passage en zone « orange-restreindre » signifie notamment la réouverture, sous condition, des restaurants, bars, salles de sport, ainsi que des cinémas.

Peel prend des mesures plus sévères

Mais la Ville reine pourrait faire le choix d’adopter des mesures particulières, comme l’a fait la région de Peel.

La Santé publique de Peel a annoncé, samedi dernier, des restrictions plus sévères que ne le prévoit la catégorie « rouge-contrôler » du plan provincial dans laquelle elle se trouve.

Depuis aujourd’hui, les autorités sanitaires régionales « recommandent fortement » que les rassemblements privés et publics soient interdits pour au moins deux semaines, tout comme les mariages jusqu’au 7 janvier. Il est également demandé de ne plus accueillir de visiteurs chez soi, sauf en cas d’urgence, et de suivre les services religieux en ligne.

La région de Peel a le taux de positivité le plus élevé en Ontario. Depuis le 28 octobre, elle enregistre plus de 200 nouveaux cas de COVID-19 chaque jour, avec un pic de 322 cas le 30 octobre dernier.

Ce lundi, la ministre de la Santé, Christine Elliott, a annoncé plusieurs mesures afin d’augmenter le dépistage dans la région.

Un plan flexible

Le premier ministre Doug Ford et la ministre Elliott ont défendu l’approche de la province qui donne « plus de souplesse à chaque région ».

« Dans notre cadre d’intervention, les régions ont la souplesse d’ajouter des restrictions si elles le souhaitent. Ce sont elles qui savent le mieux ce dont elles ont besoin », a insisté M. Ford.

Le premier ministre les a toutefois mises en garde sur l’impact économique de certaines restrictions supplémentaires qui pourraient être décidées.

Le plus récent bilan de la COVID-19 en Ontario :

▶️ 1 242 nouveaux cas et 12 décès supplémentaires en 24h
▶️ 85 395 cas au total, dont 9 514 actifs
▶️ 3 245 décès, 72 636 guérisons
▶️ 367 hospitalisations, 84 personnes en soins intensifs
▶️ 28 401 tests réalisés en 24h, 26 646 en attente de résultats

Dans l’Est ontarien, le Dr Paul Roumeliotis salue ce mode de fonctionnement.

« C’est sûr que cela représente une lourde responsabilité, mais je suis content qu’on nous laisse la flexibilité de prendre de nouvelles mesures si nécessaire, car les besoins sont très différents selon les régions. Ça évite d’avoir à attendre que la province prenne une décision », explique le médecin hygiéniste du BESO, qui reconnaît toutefois que les mesures mises en place localement sont plus difficiles à imposer et faire appliquer que lorsqu’il s’agit de décisions provinciales.

Si sa région est en zone « jaune-protéger », le Dr Roumeliotis ne ferme pas la porte à des mesures supplémentaires, si la situation venait à s’aggraver.

« Pour le moment, les restrictions imposées par la province en zone jaune correspondent à celles que j’avais envisagées. Mais je pourrais en ajouter d’autres ou demander à ce qu’on soit placé en zone orange si nécessaire. »

Des conséquences encore à évaluer

Alors que les chiffres pour la province dépassent les 900 nouveaux cas quotidiens depuis dix jours, M. Ford a tenu à nuancer la gravité de la situation en Ontario.

« Le nombre de cas est en augmentation dans le monde (…) et le nombre de cas par 100 000 personnes en Ontario demeure le plus bas en Amérique du Nord. Mais nous devons surveiller la situation. »

Selon le médecin hygiéniste en chef de l’Ontario, Dr David Williams, toute la province pourrait être placée en zone verte d’ici trois-quatre semaines si les recommandations sanitaires sont suivies scrupuleusement.

La situation actuelle en Ontario et dans le reste du pays pourrait toutefois s’aggraver dans les prochains jours, a rappelé l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, Dre Theresa Tam.

« Puisque les hospitalisations et les décès ont tendance à survenir une à plusieurs semaines après l’augmentation de la transmission de la maladie, il est préoccupant de savoir que nous n’avons pas encore constaté l’ampleur des graves conséquences associées à l’augmentation continue de la propagation de la COVID–19 », a-t-elle expliqué, invitant les Canadiens à « éviter le plus possible les espaces clos, les lieux bondés et les contacts étroits ».