Forêt du nord : l’Ontario doit agir pour éviter des feux « catastrophiques »

Les feux de forêt dans le Nord de l'Ontario en sont à leur plus haut en une décennie. Crédit image: SOPFEU

TORONTO – Des feux de forêt catastrophiques sont à prévoir dans le nord de l’Ontario si le gouvernement n’agit pas, selon la commissaire à l’Environnement de l’Ontario. La Dr. Dianne Saxe affirme également que la province ne fait pas le nécessaire pour protéger la faune et la flore de la province.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

La commissaire à l’Environnement de l’Ontario critique vertement, dans son nouveau rapport, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs dans la manière dont il gère plusieurs dossiers.

En conférence de presse, le mercredi 26 octobre, elle s’est montrée très dure à l’endroit du gouvernement dans sa gestion des forêts du nord de la province. Les « feux de forêts contrôlés » sont d’une grande utilité pour maintenir la santé écologique d’un écosystème, a-t-elle insisté. Mais la méthode est grandement boudée en Ontario, alors que le gouvernement craint de nuire aux activités de quelques entreprises forestières, dit Mme Saxe.

« Trop d’importance a été accordée à la valeur future du bois d’œuvre au sein du secteur d’exploitation forestière et trop peu à la santé écologique de la forêt boréale » – Dianne Saxe

Si la province continue dans la voie actuelle, il participe à créer de « vieilles forêts encombrées d’un excès de combustibles et susceptibles de subir des incendies catastrophiques et incontrôlables comme celui de Fort McMurray », peut-on lire dans son rapport.

La commissaire affirme que Parc Ontario n’a pas non plus les ressources pour effectuer des brûlages dirigés et que le ministère ne lui vient pas en aide. L’inaction du gouvernement combinée au réchauffement climatique forment un duo qui pourrait avoir des effets dévastateurs sur la vie du nord, selon la Commissaire.

« Avec les changements climatiques qui s’accélèrent, les collectivités du Nord de l’Ontario devraient accroître leur résistance et leur résilience aux incendies forestiers », affirme la commissaire.

Faune et flore en danger

La commissaire s’inquiète de la menace qui pèse sur les orignaux, un animal emblématique de la province. Elle rapporte, qu’il y a 98 000 détenteurs de permis de chasse à l’original, qui peuvent abattre un animal par année, pour une population de… 92 300 orignaux.

Comment l’Ontario peut-elle ainsi affirmer qu’elle tente de protéger l’espèce, se questionne-t-elle? Au cours des dix dernières années, la population d’orignaux a d’ailleurs diminué de 20%, souligne-t-elle.

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Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs dispose de nouveaux outils pour protéger la biodiversité, souligne la Commissaire. « Malheureusement, des faits démontrent que le gouvernement n’a pas utilisé ses outils pour préserver efficacement les espèces ontariennes », ajoute-t-elle du même souffle.

Le ministère « s’en est remis à d’autres organismes pour effectuer le travail qui lui incombe (ou qui lui incombait), et ce, sans leur accorder d’encadrement, de coordination, de financement, ni de responsabilisation », souligne aussi Mme Saxe.

Les répercussions de ces décisions sont « considérables », affirme la commissaire. « Le déclin de l’orignal, des chauves-souris et des amphibiens en Ontario montre que le ministère des Richesses naturelles et des Forêts doit intervenir d’urgence en matière de protection de l’habitat et de surveillance de la biodiversité », dit-elle.

Dianne Saxe est aussi inquiète de voir que le ministère prend plusieurs décisions sans avoir toutes les cartes en main. Il y a un criant manque d’informations sur l’état de la biodiversité et les impacts des actions humaines sur la nature et la faune, souligne-t-elle.

  • les populations de 8 de nos 27 espèces d’amphibiens risquent de disparaître de la province
  • les populations d’orignaux ont chuté de 20 % au cours des 10 dernières années
  • les populations de 4 de nos 8 espèces de chauves-souris sont en déclin rapide

Réactions au rapport

Au terme de la présentation de la commissaire, le ministre de l’environnement, Glen Murray, a voulu se faire rassurant. Il a affirmé que son gouvernement était proactif dans la défense de l’environnement et qu’il travaillait à développer une stratégie concerté pour faire face aux changements climatiques et à ses effets sur la nature.

Anne Bell, directrice de la Conservation chez Nature Ontario, est pourtant inquiète des stratégies du gouvernement. Selon elle, les élus ne font pas leur travail pour prévenir les problèmes à venir. Le gouvernement prend des décisions en ayant un manque d’informations et de données tangibles, dit-elle.