Français à Toronto : les élus semblent faire marche arrière

L'hôtel de ville de Toronto. Archives #ONfr

TORONTO – Les élus torontois ont tout l’air de faire marche arrière : après avoir voté en faveur d’une nouvelle politique multilingue il y a quelques mois, voilà qu’ils exigent de l’administration municipale un réexamen de la section concernant le français. Une décision qui fait suite à la frustration de nombreux intervenants de la communauté franco-torontoise.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Les élus de Toronto ont voté, le mardi 27 mars, pour que le directeur de la Ville mène un examen de la politique multilingue de Toronto. Un vote en ce sens a été facilement remporté 34-5 par les partisans de cette révision, qui comptait notamment le maire de Toronto, John Tory, et le conseiller municipal Norm Kelly.

Avant les changements apportés, il était clair que le français était utilisé dans les communications de la Ville à chaque fois qu’une autre langue que l’anglais se trouvait dans les documents municipaux. Depuis un an, le français ne doit être utilisé que dans les cas où il est urgent de communiquer des informations de nature critique à des quartiers où vivent plusieurs francophones.

Après s’être montré timide pendant tout son mandat sur les enjeux francophones, le maire de Toronto, John Tory, a mis son poing sur la table en janvier dernier, suite aux nombreuses critiques de francophones de la Ville reine. Il a envoyé une lettre au comité consultatif francophone de Toronto où il a invité l’organisation à faire le nécessaire pour que le français retrouve la place qu’il mérite dans la métropole d’un pays bilingue. « Le français, comme langue officielle, devrait aussi être une langue dans laquelle le matériel de la Ville est traduit. Je suis fier d’appuyer le comité consultatif francophone de Toronto pour l’inclusion du français dans toutes les communications de la Ville », a-t-il écrit.

La décision du conseil municipal a toutes les allures d’un mea culpa. Depuis l’automne, l’administration municipale défend dur comme fer les changements adoptés à la politique de communication multilingue. Dans des échanges de courriels avec #ONfr, Wynna Brown, une responsable des communications à la Ville de Toronto, affirmait l’automne dernier que les communications en français se feraient encore dans les secteurs où les francophones composent plus de 5% de la population. Lorsque nous l’avons informée qu’aucun quartier torontois n’avait une telle proportion de francophones, mais qu’ils étaient plutôt éparpillé un peu partout, elle n’a fourni aucune réponse.

Gilles Marchildon, membre du comité consultatif francophone de Toronto Archives #ONfr

Gilles Marchildon, membre du comité consultatif francophone de Toronto, estime que la décision du conseil municipal est un pas dans la bonne direction.

« Le conseil municipal semble s’être mis d’accord de rouvrir la question linguistique au niveau des stratégies de communication. Mais je ne pense pas qu’on en est au point à accorder la priorité au français, comme le suggérait le maire de Toronto », a-t-il précisé.

Il n’avale toujours pas que le Comité consultatif francophone de Toronto n’ait pas été consulté par l’administration municipale avant de mener les changements à la politique multilingue.

« C’est une preuve de bonne volonté, mais rien n’est encore gagné. Mais au moins le débat est rouvert », s’est-il réjoui.

Un flou demeure : quand sera révisée la politique multilingue, si telle est l’option privilégié par la direction de la Ville? Un rapport devrait être fourni aux élus en 2019 à ce sujet. Seul hic : des élections municipales auront lieu à l’automne, il faudra voir si les futurs élus seront alors aussi enclins à appuyer l’augmentation de la place du français dans les communications de la Ville.