La Franco-Ontarienne Sophie Grenier en finale de La Voix : « J’ai vraiment hâte à dimanche. »

Sophie Grenier interprétait Tant qu'on est là de Erza Muqoli en quarts de finale. Crédit image: Bertrand Exertier

OTTAWA – Dès les premières secondes de son audition à l’aveugle, la Franco-Ontarienne Sophie Grenier était perçue comme l’une des favorites de cette neuvième saison de La Voix. Sa touchante version de L’oiseau, chanson popularisée plus de 30 ans avant sa naissance, a fait pivoter tous les sièges de coachs à une vitesse fulgurante. C’est dans l’équipe de Mario Pelchat que la jeune femme de 17 ans a suivi le chemin vers la grande finale. ONFR+ s’est entretenu avec Sophie Grenier, à quelques jours de cette étape ultime.

« Je me sens encore fébrile, encore super excitée. Et c’est sûr que je suis aussi vraiment reconnaissante et touchée que le public ait voté pour moi. » Sophie Grenier au lendemain de la demi-finale

Encore sur un nuage après sa victoire en demi-finale, où elle a récolté 71% des votes, elle commence à mesurer l’ampleur du phénomène qui l’entoure. « C’est assez fou de savoir que le public m’aime à cette hauteur-là. Je capote, en ce moment! »

Ce dernier affrontement pour décider qui représenterait l’équipe de Mario Pelchat en finale était encore plus significatif, puisque la Franco-Ontarienne affrontait une adversaire de taille. Steffy Beyong, qui était aussi pressentie pour la victoire, avait gagné son duel contre Sophie en début de saison. Mario Pelchat avait alors décidé de sauver sa protégée et Marc Dupré avait tenté de la voler, deux processus que les coachs ne peuvent utiliser qu’une fois.

La candidate a alors choisi de rester dans son équipe initiale. « Je n’avais pas encore fini de travailler avec lui. Il fallait que je retourne dans son équipe. » Sophie Grenier souligne avoir fait le bon choix, puisqu’elle se prépare aujourd’hui pour la grande finale.

« J’ai vraiment appris à croire en moi-même. »

Une vieille âme musicale

France D’Amour, qui occupait le fauteuil de Marjo pour cause de COVID-19, a souligné le talent de Sophie de reprendre une vieille chanson et d’en faire une version actuelle. C’est exactement ce que la candidate affirme aimer faire. L’oiseau de René Simard lui rappelle les absences de ses parents militaires et l’anticipation de leur retour. Pour ce qui est de Laissez-moi danser, chanson de Dalida qu’elle a choisie pour la demi-finale, c’est simplement qu’elle se rappelle l’avoir beaucoup entendu dans son enfance.

Le coach Mario Pelchat était ému aux larmes après l’audition à l’aveugle de Sophie Grenier. Crédit image : Bertrand Exertier

La candidate de 17 ans était enthousiaste à l’idée d’être coachée par Mario Pelchat, et elle trépigne d’impatience à celle de chanter avec l’une des artistes invitées de la finale, Ginette Reno. « De pouvoir la rencontrer et chanter avec elle, ça va être un moment inoubliable pour moi. »

Même si elle a sorti un extended play (EP) en anglais en janvier dernier, collaboration avec une autrice anglophone, Sophie Grenier adore réaliser des chansons en français.

« C’est ma langue maternelle. C’est la langue de l’amour. Je trouve que les textes de chansons en français, c’est vraiment de la poésie. Je voulais vraiment montrer que je suis francophone, que j’adore la langue française et que je veux la faire survivre. »

La communauté derrière elle

On l’a entendu le mentionner lors de l’émission du 26 mars, Sophie Grenier est fière de représenter la francophonie de l’Ontario. Au micro d’ONFR+, elle précise : « C’est sûr qu’au Québec, ils se battent aussi pour la langue française. En même temps, ils oublient qu’en Ontario, ce n’est pas juste de l’anglais. Que dans les autres parties du Canada, il n’y a pas juste des anglophones qui ont appris le français. Il y a des francophones. » 

Son nom est sur toutes les lèvres dans les corridors de l’école secondaire catholique Garneau d’Orléans, où elle termine actuellement sa 12e année. Selon son ancien enseignant et mentor, Pierre Labelle, l’engouement se ressent beaucoup plus depuis le début des émissions en direct. Il se souvient de la jeune fille qui avait aussi chanté du René Simard dans un spectacle scolaire, en 7e année. Déjà, elle envoûtait les spectateurs.

« Elle démontre une certaine discrétion. Mais elle a une belle fierté, elle se présente bien. Elle n’essaie pas de voler le show, elle fait ressortir sa voix. C’est presque une métaphore de l’émission », résume Pierre Labelle.

Une impression confirmée par la demi-finaliste franco-ontarienne de La Voix en 2015, Céleste Lévis. « J’ai eu la chance de rencontrer Sophie au Festival franco-ontarien l’an dernier. Elle était tranquille toute la journée, mais lorsqu’elle a embarqué sur la scène, sa voix nous a tous marqués. »

« Je vois la communauté franco-ontarienne qui l’encourage et je me croise les doigts qu’elle sera présente même après l’émission. Elle a définitivement une belle carrière devant elle. C’est certain que je serai là pour l’encourager. » Céleste Lévis à propos de Sophie Grenier

Ex-candidate de la saison 7, Mélissa Ouimet affirme aussi : « Je suis super fière de voir une jeune franco de chez nous rayonner à l’émission. »

L’autrice-compositrice-interprète de North Bay, Emma Rose Smith, a créé des liens d’amitié avec Sophie Grenier lorsque les deux ont participé à l’initiative Jamais trop tôt du Festival international de la chanson de Granby. Elle se souvient d’un moment où une responsable du festival est sortie d’une pièce en larmes. Emma et ses camarades ont pensé que quelque chose de grave était arrivé, avant de comprendre qu’elle avait simplement entendu Sophie chanter.

« Elle fait vivre des émotions comme personne d’autre. Quand tu l’entends chanter, ça te rejoint droit au cœur. Emma Rose Smith croit fermement aux chances de son amie de remporter la finale, tout en soulignant qu’elle est déjà gagnante.

La relève musicale franco-ontarienne est assurée avec des artistes comme Sophie Grenier, Emma Rose Smith et Kaiday. Crédit image : Emma Rose Smith

La vague d’amour pour Sophie Grenier se fait également sentir sur les réseaux sociaux. Elle fait partie des sujets populaires dans des groupes destinés aux Franco-Ontariens. Les commentaires positifs affluent : « Quelle fierté pour nous, bravo! », « Quel beau talent et quelle belle représentation pour notre communauté! », peut-on lire.

Reste à savoir si cet engouement se traduira en assez de votes pour que Sophie Grenier devienne la première franco-ontarienne à remporter le concours. Pour l’instant, la jeune femme profite du moment .

« Je suis juste vraiment reconnaissante de toute la vague d’amour que je reçois en ce moment et j’ai vraiment hâte à dimanche. »