Franco-Ontariennes en affaire : le plafond de verre existe toujours

Avant l'événement d'hier soir, plusieurs femmes ont pu discuter avec la première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne Crédit image: Étienne Fortin-Gauthier

TORONTO – Plus d’une vingtaine de leaders franco-ontariennes se sont rassemblées, le lundi 26 mars en soirée, pour tenter de déterminer comment aider plus de femmes francophones à se lancer en affaire. Dorénavant membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Ontario espère apprendre des autres pays francophones en cette matière.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

L’événement faisait suite à la participation d’une délégation franco-ontarienne à la Conférence des femmes de la Francophonie, l’automne dernier en Roumanie. Pendant 90 minutes, toutes sortes d’idées et de suggestions ont été faites pour aider les femmes à prendre leur place dans le milieu entrepreneurial.

Si l’Ontario se présente comme un chef de file en matière d’égalité hommes/femmes, plusieurs intervenantes ont partagé une vision moins rose de la réalité.

« On ne devrait pas trop donner de leçons, on a encore beaucoup de travail à faire », a lancé Fayza Abdallaoui, le mouvement ontarien des Femmes Immigrantes Francophones.

Fayza Abdallaoui a souligné que plusieurs femmes immigrantes francophones peinent à obtenir un financement suffisant des banques pour lancer leur entreprise, c’est sans compter les coûts de la vie dans la province et la barrière de la langue.

Léonie Tchatat, à la tête de l’organisme La Passerelle I.D.E, a pour sa part dénoncé le manque de cohésion des organismes d’aide. « Il n’y a pas de concertation entre les groupes qui travaillent dans le domaine de l’entreprenariat féminin. C’est une opportunité perdue », s’est-elle attristée.

« La plus grande difficulté est de bâtir des réseaux », a soutenu Édith Dumont, directrice de l’Éducation au Conseil des écoles publiques de l’est de l’Ontario (CEPEO). « Il faut faire des alliances stratégiques », a renchéri Annick Schultz de la Société économique de l’Ontario.

« Comme femme nous devons bien souvent retourner à la maison après le travail pour s’occuper de notre famille et nous n’avons pas l’occasion de réseauter. Il faut plus d’occasions de rencontres entre les femmes francophones », a ajouté Mme Atchia.

Des solutions inspirées de la Francophonie internationale

Deux représentantes de l’OIF ont participé aux discussions et écouté attentivement les difficultés et suggestions des leaders franco-ontariennes.

Tatiana Yangoupande, qui travaille au programme de promotion de l’emploi des jeunes et femmes par l’entrepreneuriat, affirme que l’information et le réseautage sont le nerf de la guerre. « Il y a des difficultés en matière d’accès à l’information. C’est pour ça que l’OIF lance un réseau sur les cinq continents pour que les femmes entrepreneures puissent avoir de l’information, du financement et puissent partager les opportunités et les bonnes pratiques », a-t-elle indiqué.

Mais attention, l’OIF ne veut pas se substituer au gouvernement ontarien. « La Francophonie n’est pas là pour prendre la place des États, nous sommes là pour faciliter les échanges. Et les femmes ontariennes ont toute leur place à intégrer ce réseau », a insisté celle qui a travaillé plusieurs années en sol ontarien.

La ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Marie-France Lalonde, a écouté attentivement les discussions entre les différentes participantes. Elle a cependant insisté sur les responsabilités de chacun des joueurs.

La ministre n’a pas fait d’annonce, lundi soir. Mais elle a soutenu que les échanges allaient l’influencer pour la suite des choses. « Cette discussion va orienter nos prochaines étapes, qu’est-ce qu’on doit construire et l’importance d’apprendre mutuellement », a-t-elle dit.

L’an dernier, le gouvernement ontarien a injecté plusieurs centaines de milliers de dollars dans des initiatives liées à l’éducation des femmes et à l’égalité hommes/femmes. Marie-France Lalonde croit que l’Ontario peut aider la francophonie internationale, mais que la province a aussi beaucoup à gagner. « Il faut voir comment nos Franco-Ontariennes peuvent se retrouver avec la plateforme numérique de l’OIF et devenir des leaders dans le monde », a-t-elle dit. « Il faut trouver les partenariats qui vont bénéficier à l’Ontario, mais aussi à la planète », a-t-elle ajouté.