Francophonie : consolider l’élan de 2017

Marie-France Lalonde Crédit image: Maxime Delaquis

[ANALYSE]

TORONTO – Les cadeaux ont plu sur les francophones en 2017, entre le nouveau statut à la Ville d’Ottawa, le projet d’université franco-ontarienne, et l’autonomie du ministère des Affaires francophones. Le gouvernement a fait preuve d’empathie envers les 622 000 Franco-Ontariens.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

À la veille d’un scrutin provincial crucial, le parti de Kathleen Wynne a soigné sa relation avec cet échantillon électoral qui vaut de l’or. Ottawa-Sud, Glengarry-Prescott-Russell, Ottawa-Orléans, ou encore Sudbury, ces circonscriptions où les francophones dépassent les 20 % ne sont pas certaines de rester dans le giron libéral, en juin.

Les libéraux ont certes livré la marchandise dans les derniers mois, mais pas entièrement. Le vote du projet de loi pour Ottawa bilingue, le 14 décembre, le démontre : ce n’est pas tant une amélioration pour le bilinguisme, mais un « statu quo enchâssé » qui a été donné. Et derrière les victoires se cachent aussi plusieurs zones d’ombre que Marie-France Lalonde devra éclaircir en 2018.

L’Université de l’Ontario français est le premier point. Après la conception de l’édifice, place maintenant à l’opérationnalisation. La présidente du comité de mise en œuvre, Dyane Adam, et son équipe, devront déterminer le lieu, la structure du bâtiment et les cours qui y seront donnés.

Or, le plus dur commence, et Dyane Adam marchera probablement sur des braises. D’une, les principaux militants continuent à espérer une université qui intégrerait les programmes postsecondaires en français des autres établissements, à commencer par le Collège Glendon. Par ailleurs, 2018 n’éteindra probablement pas les critiques de ceux qui pensent que l’UFO n’est guère légitime en tant que lieu de rassemblement franco-ontarien.

Des fonds pour le ministère des Affaires francophones?

Second dossier à surveiller : le développement du ministère des Affaires francophones. Annoncé sans tambour ni trompette au cours de l’été 2017, la création de ce ministère en lieu et place de l’Office des Affaires francophones (OAF) n’a pour l’instant pas été suivie de fonds supplémentaires.

On se rappelle que le budget du Ministère des personnes âgées, devenu autonome en janvier dernier, a vu son montant passé dans le même temps de 19,6 à 35 millions de dollars.

L’attente d’une refonte de la LSF

Marie-France Lalonde sera enfin attendue au tournant quant à la refonte de la Loi sur les services français (LSF). Au nom de son gouvernement, elle s’y était déjà engagée formellement il y a un an. Depuis, les choses traînent… Le gouvernement n’a manifestement pas mis ce dossier sur la liste de ses priorités.

L’urgence ne doit pourtant pas être sous-estimée. Sur le terrain, les désignations d’une région en vertu de la LSF continuent pour la plupart de bloquer. Quant aux « tierces-parties », leur offre de services en français laisse encore à désirer.

Marie-France Lalonde n’a en tout en cas plus que quatre mois pour répondre à toutes ces questions. Début mai devrait théoriquement marquer le lancement des élections provinciales.

Plusieurs scénarios s’offriront ensuite à la ministre. Soit son parti est défait lors du scrutin du 7 juin, auquel cas, elle quitterait son poste de ministre avec la possibilité tout de même de se maintenir dans sa circonscription d’Ottawa-Orléans. Ou bien les libéraux conservent le pouvoir. Mme Lalonde garderait alors très probablement un portefeuille ministériel, mais pas forcément celui des Affaires francophones.

Dans le cas d’un changement de pouvoir à Queen’s Park, 2018 marquera bien un tournant. Avec des bénéfices et conséquences encore inconnus pour la francophonie.

Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 2 janvier.