Hydro One s’invite dans la campagne électorale

Le chef du Parti progressiste-conservateur, Doug Ford, entouré de manifestants, mardi 15 mai. Crédit image: Jean-François Morissette

TORONTO – L’électricité et la gestion de la société Hydro One se sont invitées au cœur de la campagne électorale alors que le conseil d’administration d’Hydro One s’est tout récemment approuvé une hausse salariale de 25 000 dollars par membre. L’assemblée générale annuelle des actionnaires se déroulait ce mardi à Toronto. 

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
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Avec cette hausse, le salaire des membres du conseil d’administration est passé à 185 000 dollars par année. Pour sa part, le président du conseil d’administration, David Denison, s’est aussi vu octroyer une augmentation salariale de l’ordre de 70 000 dollars par année, portant sa rémunération à 260 000 dollars.

Le chef du Parti progressiste-conservateur (Parti PC), Doug Ford, présent devant les bureaux, n’a pas manqué l’occasion pour critiquer le gouvernement sortant de Kathleen Wynne pour cette décision.

Selon lui, il est « inacceptable » de voir que des membres du conseil d’administration reçoivent des salaires exorbitants pour « seulement six ou sept réunions » par année. Il blâme la première ministre pour ce qu’il qualifie d’échec.


« C’est un gaspillage de fonds publics, c’est inacceptable. » – Doug Ford


Doug Ford a aussi martelé que s’il était élu, le conseil d’administration serait licencié, tout comme le président-directeur général d’Hydro One, Mayo Schmidt. Selon les dernières données publiques, M. Schmidt a reçu une rémunération annuelle de près de 6 millions de dollars en 2017.

« Nous allons mettre fin à ces dépenses afin de réduire les coûts de l’électricité en Ontario et remettre de l’argent dans les poches des contribuables », a-t-il martelé lors d’un point de presse en marge de l’Assemblée générale annuelle des actionnaires d’Hydro One.

Dans sa plateforme, M. Ford a assuré que s’il était élu, son gouvernement donnerait une réduction de 32 % aux Ontariens pour payer leurs factures.

 

Pour une société publique

Peter Tabuns, candidat du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario dans la circonscription de Toronto-Danforth, ne s’étonne pas que le conseil d’administration ait agi de la sorte. Selon lui, en n’ayant plus le contrôle d’Hydro One, il est « normal » de voir l’entreprise vouloir s’enrichir.


« Tant que nous allons avoir cette compagnie dans les mains d’intérêts privés, nous allons voir des salaires élevés au conseil d’administration. » – Peter Tabuns


Peter Tabuns n’a pas hésité à critiquer le chef progressiste-conservateur qu’il qualifie « d’hypocrite ». M. Tabuns a martelé que M. Ford n’avait pas levé le petit doigt quand il était question du salaire des dirigeants de Toronto Hydro, la société d’électricité de la ville Reine, lorsqu’il était conseiller municipal. Il déplore qu’aujourd’hui, M. Ford s’insurge de la sorte.

Il a rappelé qu’un gouvernement néo-démocrate s’était engagé à « racheter les parts vendues par les libéraux d’Hydro One ». M. Tabuns n’a toutefois pas indiqué le montant de ce rachat.

Peter Tabuns, candidat pour le NPD de l’Ontario. Crédit photo : Jean-François Morissette

La chef de la formation politique, Andrea Horwath, a ajouté une couche contre M. Ford. Selon elle, le licenciement du conseil d’administration d’Hydro One conduira à son remplacement par des personnes « proches de M. Ford ».

 

Les libéraux sur la défensive

Le candidat du Parti libéral de l’Ontario (PLO) et ministre sortant de l’Énergie, Glenn Thibeault, a manifesté son mécontentement face à ces hausses. Il assure que la frustration du gouvernement entraînera une révision complète du modèle de rémunération des dirigeants d’Hydro One. 

Campagne électorale oblige, M. Thibeault a tiré à boulets rouges sur M. Ford.

« En se vantant qu’il licenciera l’ensemble du conseil d’administration, M. Ford ne semble pas se soucier des répercussions négatives que son geste pourrait avoir sur les contribuables et les actionnaires », souligne-t-il.

Il estime également l’attitude de M. Ford dans ce dossier est « insouciante », « conflictuelle » et causera du tort aux Ontariens.

Lors de l’Assemblée générale annuelle, le gouvernement ontarien a indiqué qu’il s’abstiendra de voter sur les autres propositions.

 


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