Immigration francophone : « où est la volonté politique? »

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TORONTO – Plusieurs acteurs francophones rassemblés à Toronto dans le cadre des consultations sur l’immigration francophone exigent des deux paliers de gouvernement qu’ils fassent de cet enjeu une réelle priorité. La population francophone de la province continuera de baisser à un rythme soutenu si des gestes ne sont pas posés rapidement, disent-ils.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« Où est la volonté politique? On a pu faire venir en un temps record 30 000 réfugiés syriens. S’il y avait une volonté politique semblable pour les immigrants francophones, on pourrait atteindre la cible de 5 % rapidement », a soutenu Gilles Marchildon, directeur de l’organisme franco-torontois Reflet Salvéo.

Ses propos ont été accueillis par des applaudissements nourris par la quarantaine d’intervenants rassemblés à Toronto, le vendredi 27 janvier, pour ce nouveau volet des consultations provinciales menées par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).

« Le gouvernement doit aussi favoriser la réunification des familles francophones, afin que les francophones qui sont ici puissent faciliter l’immigration de leurs proches », a indiqué M. Marchildon.

Lors de la conclusion de la rencontre, la directrice du Centre francophone de Toronto a renchéri, tout comme d’autres intervenants l’avaient fait précédemment sur ce sujet.

« Les planètes sont alignées, il faut agir et que le gouvernement nous entende. On connaît les problèmes, on connaît les solutions. Il faut maintenant une volonté politique », a lancé Lise-Marie Baudry. « Jamais on aura un bon deal comme celui du Québec, mais on peut avoir une meilleure entente sur l’immigration francophone avec le fédéral que celle que nous avons actuellement. Pensons à ce que les autochtones ont obtenu. Les francophones devraient se faire exempter des processus bureaucratiques actuels, car les besoins sont très grands », a-t-elle ajouté.

L’Ontario s’est donnée en 2012 une cible pour l’immigration francophone : 5 % des immigrants devaient être francophones et être dirigés vers les communautés francophones. « Mais depuis cet engagement, la proportion ne fait que diminuer! », a rappelé André Lalonde, l’un des animateurs de cette consultation.

Promotion à l’étranger… et au Québec

Les deux paliers de gouvernement ne font pas le travail nécessaire pour faire connaître l’Ontario français auprès des immigrants potentiels à l’étranger, ont indiqué plusieurs acteurs présents lors de la consultation torontoise.

« J’ai effectué un séjour en Afrique et j’ai constaté qu’on parle beaucoup du Québec aux immigrants francophones potentiels, mais pas de l’Ontario. Les ambassades doivent ajuster le message », a fait savoir Léonie Tchatat, de l’organisme Passerelle-I.D.E.

Un travail doit aussi être fait au Québec où plusieurs immigrants francophones font leur arrivée. Plusieurs ont indiqué que l’Ontario ne devrait pas hésiter à tenter d’en attirer de là aussi, quitte à en « dérober quelques-uns à son voisin », a lancé un participant.

D’autres intervenants ont souligné l’importance de vendre l’Ontario de manière plus « sexy » auprès des francophones. Selon plusieurs, la province n’est pas seulement un endroit où il y a des opportunités économiques, c’est aussi une province où il y a une qualité de vie, un bon environnement pour une famille, de la sécurité et une ouverture aux populations LGBTQ. Ces « arguments de vente » doivent aussi être mis de l’avant auprès des immigrants.

La consultation de Toronto fait suite à plusieurs autres qui se sont déroulées partout dans la province, notamment à Hamilton, London et Ottawa. Une dernière séance de consultation se déroulera à Timmins, le 31 janvier.

Un Livre blanc sur l’immigration doit être rendu public à la suite de ce processus, à quelques jours du Sommet sur l’immigration francophone de Moncton qui se déroulera fin mars.