« J’ai offert ma démission lorsque le gouvernement est arrivé », avoue François Boileau

François Boileau et le journaliste Étienne Fortin-Gauthier. Capture écran

TORONTO – C’était probablement l’une des dernières prises de parole publiques de François Boileau. Son départ fixé au 30 avril, le commissaire aux services en français de l’Ontario a admis avoir proposé sa démission au gouvernement progressiste-conservateur. Un geste qui est venu bien avant la crise linguistique de l’automne.

« J’ai offert ma démission lorsque le nouveau gouvernement est arrivé si ça pouvait aider à assurer une transition », a laissé tomber Me Boileau, lors du Facebook Live de ONFR+, ce mardi.

Le chien de garde des services en français répondait aux questions du journaliste Étienne Fortin-Gauthier et des internautes, quelques heures après le dépôt de son dernier rapport.

« On m’a dit que non, que j’étais l’homme de la situation, alors parfait, je suis resté en poste », a poursuivi Me Boileau dont le poste a été coupé le 15 novembre dernier lors du dévoilement de l’énoncé économique gouvernemental.

Ferme dans ses propos, et un poil plus grave que d’habitude, le commissaire a livré sa version des événements qui ont déclenché la crise linguistique.

« Je ne pense pas qu’il y avait un plan dit à l’avance. Tout cela a été fait un peu à la va-comme-je-te-pousse (sic), très rapidement, par quelques personnes au sein du gouvernement. Je ne pense pas que c’était une décision qui était si calculée que ça. »

La réponse à l’ombudsman Paul Dubé

Concernant les trois postes éliminés au sein du Commissariat aux services en français lors de son transfert prochain au Bureau de l’ombudsman, Me Boileau renvoie subtilement la balle à Paul Dubé.

« C’est à l’ombudsman d’expliquer ses décisions (…) L’ombudsman a demandé un budget à la Commission de régie interne, et a obtenu un budget. Je ne sais pas combien il a demandé, et combien il a obtenu. »

Le 4 avril dernier, l’ombudsman de la province annonçait que trois des 14 postes du Commissariat aux services en français ne seraient pas intégrés dans ses bureaux : celui de directeur-général, des services des communications et un autre d’ajoint-administratif.

De là à être fâché contre Paul Dubé? Le commissaire a semblé être trahi par son langage verbal.

« Encore une fois, il faut respecter l’intention du législateur. Est-ce qu’on a respecté l’intention du législateur qui décidait que tous les employés allaient être transférés? À la lecture de la loi et des faits, ce n’est pas le cas. »

Pas de carrière politique envisagée

Arrivé en fonction en septembre 2007, François Boileau n’aura connu pendant onze ans que le gouvernement libéral en grande partie. Un contexte que certains ont parfois vu comme des préférences politiques.

« J’ai toujours été apolitique, et je n’ai jamais été membre d’un parti politique », s’est défendu Me Boileau.

François Boileau lors du Facebook Live ce mardi. Capture écran ONFR+

Le commissaire aux services en français a par ailleurs exclu de se lancer dans l’arène politique.

« Je n’ai pas ce courage (…) Si j’annonçais des couleurs politiques, ça viendrait teinter tout ce que j’ai fait au niveau de l’indépendance. Quand un ombudsman ou un commissaire se lance en politique, ça jette un discrédit sur l’ensemble de son œuvre. »

Et maintenant quel avenir pour lui? « J’ai l’intention de faire quelque chose que peu de gens ont la possibilité de faire dans leur vie, c’est-à-dire de prendre un peu de recul, et de prendre quelques semaines, voire quelques mois, pour savoir ce que je vais faire quand je vais être grand. »

Interventions de Lalonde et Carrier-Fraser

Dans ce troisième Facebook Live de l’année proposé par ONFR+, deux intervenantes de choix par téléphone : l’ex-ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, et l’ancienne présidente de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Mariette Carrier-Fraser.

Reconnaissant parfois leurs désaccords avec Me Boileau, les deux francophones y sont tout de même allées de leur hommage.

« Il a sauvé notre peau bien des fois pour les Franco-Ontariens. Les gens ne se rendent pas compte (…) On n’en serait pas où on en est aujourd’hui sans lui », a fait part Mme Carrier-Fraser.

« Certaines fois, il y avait des échéanciers et des moyens que le commissaire nous recommandait, et parfois il fallait passer par plusieurs étapes en vue d’y arriver, mais ça a toujours été dans un climat de respect », a conclu Mme Lalonde.