« Je suis certaine de rétablir le Commissariat aux services en français » – Brenda Hollingsworth

L'avocate Brenda Hollingsworth. Gracieuseté

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Avocate spécialisée en litige, à Ottawa, Brenda Hollingsworth, 51 ans,  est la seule candidate bilingue à la chefferie libérale de l’Ontario. Sa candidature vient tout juste d’être validée.

LE CONTEXTE :

Six candidats se disputent le fauteuil de chef du parti. Mitzie Hunter, Michael Coteau, Steven Del Duca, Kate Graham, Alvin Tedjo et Brenda Hollingsworth seront départagés en mars prochain, à Mississauga.

L’ENJEU :

Le successeur de Kathleen Wynne devra relever un parti laminé lors des dernières élections provinciales et le mettre en ordre de bataille pour les échéances de 2022.

« Pourquoi vous présentez-vous?

Je pense que j’ai quelque chose à offrir qui est différent des autres candidats. J’ai 15 ans d’expérience en affaires. Le parti libéral a besoin de voix de l’extérieur pour changer ce qui s’est passé en 2018. Je me présente comme une voix alternative aux personnes qui sont toujours à Queen’s Park.

Pourquoi avoir attendu le dernier moment?

Ma décision était prise depuis un moment. J’avais l’intention de rentrer dans la course plus tôt mais j’avais une cause à défendre en cour. Je ne pouvais pas reporter. J’ai hâte de partager mes idées lors du prochain débat, dimanche, à Guelph.

Vous faite face à trois anciens ministres qui ont l’expérience du pouvoir. N’est-ce pas un handicap pour vous?

C’est vrai que je ne suis pas une candidate de l’establishment. Ceux qui ont été dans le gouvernement portent des bagages que je n’ai pas. Les électeurs ont envoyé un grand message aux dernières élections en disant qu’il faut que quelque chose change. Je doute que ceux qui votent seront très contents de les revoir. Ils exigent du parti quelque chose de différent.

Alvin Tedjo et Kate Graham occupent déjà ce créneau du changement. En quoi vous démarquez-vous?

Ce sont des gens qui sont dans la fonction publique. Personne d’autre n’est dans le privé. C’est un secteur qui connaît toutes les difficultés. Je comprends les entrepreneurs. Je paye les salaires de mes employés, les taxes d’affaires et j’ai créé un cabinet à partir de rien avec mon mari. C’est une expérience que je partage avec les électeurs.

Connaissez-vous les enjeux franco-ontariens?

Le gouvernement Ford a mis fin au Commissariat aux services en français (indépendant). Les Franco-Ontariens en ont besoin. Je suis certaine de le rétablir. Sur la santé, c’est très difficile de trouver des services en français. On manque aussi d’officiers légaux dans les cours de justice. Moins à Ottawa, mais ailleurs les francophones ont des difficultés à trouver un juge qui pourrait entendre leur procédure.

Comptez-vous réaliser une plateforme électorale bilingue avec un programme pour les Franco-Ontariens?

J’aurai des idées, des sections pour les Franco-Ontariens. Peut-être pas toutes à la fois.

Où avez-vous appris le français?

Je l’ai appris à l’école. C’est plus facile à Ottawa. J’ai continué à le pratiquer à l’université comme guide touristique. Je faisais des visites en français. J’ai fait l’effort de ne pas le perdre. Je pense que c’est important.

Si vous êtes élue chef en mars, comment allez-vous redresser le parti?

Il y a deux priorités : lever des fonds puis choisir nos candidats pour les prochaines élections d’ici 18 mois et trouver des candidats de tous les secteurs, du privé, de l’enseignement, des scientifiques, des médecins, des jeunes, des gens du milieu de l’économie…. Mais il faut aussi des idées pour créer de l’excitation à propos de nos candidats! 

Quel enseignement tirez-vous de la défaite libérale de 2018?

Le précédent gouvernement libéral a failli dans sa communication pour expliquer ce qu’il faisait, comment et pourquoi. Les gens ne comprenaient pas le dessein du gouvernement. Une communication claire et transparente, souvent, sera très importante.

Que pensez-vous de la politique du gouvernement actuel?

Doug Ford est en train de défaire toutes sortes de progrès. On recule rapidement. Par exemple, ce qu’il fait dans l’énergie éolienne est un grand gaspillage. En éducation aussi, les écoles reculent avec trop d’élèves. Les travailleurs en éducation perdent leur emploi. C’est un problème pour les écoles élémentaires qui ont des gros besoins. Les travailleurs sont démoralisés.

Ces coupures ne sont-elles pas la conséquence du déficit laissé par le gouvernement Wynne?

Les chiffres donnés n’étaient pas corrects. C’était le double de ce qu’est la vérité. Il (Doug Ford) a créé des excuses.

Comment allez-vous corriger cette image d’un parti qui creuse le déficit?

Je suis libérale. Sur les questions sociales, je suis très rouge. Mais sur les questions fiscales, je suis un peu plus bleue. C’est important de dépenser de façon responsable et prudente. Quand on lance un programme, il faut être capable de vérifier si les résultats sont là. Il faut mesurer ce qu’on fait et, si ça ne fonctionne pas, il faut changer. On a souvent eu de bonnes idées, mais l’application n’était pas efficace. »