Journée de manifestations contre le gouvernement Ford

Gacieuseté

À l’occasion du premier anniversaire de l’élection du gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford, plusieurs syndicats appelaient à une journée d’action à travers la province, ce vendredi, pour dénoncer les compressions dans les services publics.

De London à Sault-Sainte-Marie, en passant par Toronto, Ottawa, North Bay ou encore Cornwall, des rassemblements étaient prévus toute la journée dans plus de 25 collectivités de l’Ontario pour exiger du gouvernement qu’il cesse « de sabrer dans l’éducation publique et les soins de santé, de vider les poches des contribuables et de supprimer les services aux plus vulnérables, et pour qu’il respecte le droit à la négociation collective et réagisse devant l’urgence climatique ».

La Fédération du travail de l’Ontario (FTO), qui représente 54 syndicats à travers la province, espérait profiter de l’impopularité actuelle du premier ministre pour rallier la population et faire reculer le gouvernement. Selon un sondage Mainstreet Media, du 23 mai 2019, Doug Ford avait un taux d’approbation net de -53 % en mai 2019.

« Le 7 juin marque un an de coupes dévastatrices et de priorités malavisées de la part du gouvernement conservateur. La majorité des Ontariennes et Ontariens n’ont pas voté pour ce gouvernement, qui doit changer de cap et écouter la population », expliquait Chris Buckley, président de la FTO, par voie de communiqué.

Un peu plus tôt cette semaine, le gouvernement s’est de nouveau attiré les foudres des syndicats du secteur public en déposant un projet de loi pour limiter à 1 % les hausses salariales des employés publics.

Ford à Mississauga 

Mais pour cette journée anniversaire, le premier ministre était à Mississauga prêt à répéter son leitmotiv : « Promesses faites, promesses tenues ».

 


 

« En un an, nous avons fait plus que n’importe quel gouvernement » – Doug Ford, premier ministre

 


 

« 85 % de nos engagements ont été respectés ou mis en œuvre », a déclaré le premier ministre. 

Le premier ministre Doug Ford, ce vendredi à Mississauga. Crédit image : Rudy Chabannes

Se positionnant comme le chantre d’une province ouverte aux affaires, M. Ford a mis en avant les progrès réalisés en matière d’emploi.

« Depuis notre arrivée au pouvoir, plus de 190 000 emplois ont été créés et nous avons un plan raisonnable pour équilibrer notre budget tout en protégeant les services essentiels comme les soins de santé et d’éducation. »

Objectif numéro un du gouvernement progressiste-conservateur, le redressement des finances publiques qui a été utilisé pour justifier les nombreuses décisions impopulaires depuis un an.

Des centaines de personnes à Ottawa

À Ottawa, son message ne semblait pas être bien reçu par les centaines de personnes réunies devant la cour de justice de l’Ontario, en fin d’après-midi. Parmi eux, le député néo-démocrate d’Ottawa-Centre Joel Harden, mais aussi plusieurs Franco-Ontariens, dont la présidente de l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa), Soukaina Boutiyeb. Devant la foule, celle-ci a rappelé l’année difficile vécue par les Franco-Ontariens.

« Votre appui est plus qu’apprécié. Il est inestimable pour notre cause! », a-t-elle lancé. « Malheureusement, encore aujourd’hui, nous réalisons que nos acquis comme communauté sont fragiles. Force est de constater que nos droits sont encore menacés, cette fois au profit de l’argument budgétaire. »

Venue avec son fils, Julie Melancon, enseignante franco-ontarienne, dénonce les décisions du gouvernement en éducation.

« Je suis ici, car je veux défendre le droit des élèves à une éducation de qualité. En tant qu’enseignante, on a déjà des classes de 28-30 élèves, c’est beaucoup de travail et d’effort au quotidien. Là, on nous dit qu’on en aura peut-être 35. Je trouve ça inconcevable! Il y a toute sorte de besoins dans mes classes. J’essaie d’aider mes élèves, mais je manque de temps. Comment on va faire avec six ou sept élèves de plus? Je ne crois pas non plus à l’éducation en ligne, alors qu’on a des élèves qui ont déjà du mal à faire leurs travaux avec un enseignant à côté. »

Julie Melancon accompagnée de son fils. Crédit image : Benjamin Vachet

Employés d’une clinique juridique, Éric Cabana et Andréanne Charron se sont joints au mouvement pour dénoncer les coupures annoncées en matière d’aide juridique.

« Le travail qu’on fait, c’est de venir en aide aux gens. Ce sont des éléments de base pour aider les gens à garder un toit sur la tête, de la nourriture pour eux et leur famille… Il y a des études qui démontrent que chaque dollar dépensé pour l’aide juridique permet au gouvernement d’économiser de trois à six dollars dans d’autres domaines, comme celui de la justice pénale ou dans les hôpitaux », explique M. Cabana.

Sa collègue réfute l’argument de lutte contre le déficit, avancé par le gouvernement.

« Ce sont des coûts à long terme qu’on est en train de faire en ce moment. On fait des coupures maintenant, mais dans cinq-dix ans, on va payer un coût tellement lourd. »

 


 

« On est en train de défaire le tissu social » – Andréanne Charron, manifestante

 


 

Un peu plus loin, parmi les nombreuses pancartes déployées pour l’occasion, Pierre Levac, qui se décrit comme un « syndicaliste actif pour le Syndicat canadien de la fonction publique » est venu défendre le système de santé menacé, selon lui.

« Les décisions de M. Ford ne font aucun sens! », lance-t-il. « Il faut se serrer les coudes et foncer tête première pour le faire reculer. »

Pierre Levac et Sophie Arcade. Crédit image : Benjamin Vachet

Sa voisine, Sophie Arcade enfonce le clou.

« Il s’attaque aux personnes les plus vulnérables : les pauvres, les immigrants, les personnes qui en ont le plus besoin… Il y a beaucoup de menaces, tant dans le système de santé qu’en éducation, en environnement. Il faut que les gens prennent action, c’est crucial! »

D’autres activités doivent également avoir lieu ce samedi. À travers la province, les syndicats promettent des séances d’information, des visites aux bureaux des députés provinciaux et des rassemblements.

Article écrit avec la collaboration de Rudy Chabannes