Plongez dans l’univers mystérieux et envoûtant de Karim Hussain.
Né à Ottawa, Karim Hussain est directeur de la photographie de cinéma. Habité dès son plus jeune âge par une passion dévorante pour le cinéma de genre et expérimental, son parcours singulier autodidacte et ses collaborations avec de jeunes cinéastes audacieux comme Jay Baruchel et Brandon Cronenberg font de lui le fier représentant de la vitalité d’un cinéma de genre ontarien percutant et sans concession.
KARIM HUSSAIN :
Le cinéma de genre permet
de l’expérimentation radicale.
Coûte que coûte.
Parce qu’on a une liberté
de l’imagination. C’est plus
accepté dans le cinéma de genre
de voir des choses, entre
guillemets, hors de la norme.
Alors, pour nous, c’est vraiment
une espèce de toile à peindre
dessus, où on commence
notre peinture au niveau
que tout le monde d’autre
arrêtera leur toile.
ONFR+ Culture
Des extraits de « Anatomy of a Virus – The Making of Antiviral » sont présentés. Les membres de l’équipe technique tourne une scène.
BRANDON CRONENBERG :
Propos traduits de l’anglais
On a besoin de films radicaux, peut-être encore plus
aujourd’hui, parce qu’il est très facile pour nous de stagner
et de s’endormir dans une culture très
polarisée et rigide.
Des extraits d’un film de jeunesse de Karim Hussain sont présentés.
BRANDON CRONENBERG :
Propos traduits de l’anglais
Je pense qu’une des façons de bousculer ça c’est
à travers l’art en réalisant des films
qui mettent les gens inconfortables et remettent
en question leur perception des choses.
JAY BARUCHEL :
Dans les films d’horreur, on a
une chance d’explorer toutes
nos peurs, tous nos cauchemars,
et ça peut être une thérapie
pour beaucoup de monde.
Un extrait du film de 2019 « Please Speak Continuously and Describe Your Experiences as They Come to You » de BRANDON CRONENBERG apparaît, montrant une femme qui se fait enregistrer pour une expérimentation scientifique.
VOIX MASCULINE :
Propos traduits de l’anglais
Un…
Deux…
Trois…
Que voyez-vous ?
KARIM HUSSAIN :
Moi, j’ai grandi dans une
place un petit peu surréaliste
qui s’appelle Ottawa, Ontario,
Canada. J’ai fait aucune étude.
En effet, j’ai même pas fini
l’école secondaire. J’étais
vraiment dans le cinéma de
genre, art et essai. Je faisais
tous mes courts-métrages là
et j’étais très rebelle.
Je détestais l’autorité.
J’aimais pas que les gens
me disent quoi faire.
Alors, moi, j’ai tout appris
moi-même avec des livres.
J’avais les bibliothèques. J’ai
sorti des livres sur comment
tourner des films. Je tournais
en Super 8. On est dans
une société très conservatrice.
On lutte contre ça. Ça inspire
l’art. Surtout mon premier
long-métrage que j’ai commencé
très jeune. Il était
très, très, très inspiré
de mon expérience de grandir
dans un environnement
si conservateur.
Des extraits d’un film de jeunesse de KARIM HUSSAIN sont diffusés. L’un d’eux montre notamment un homme au visage couvert de sang qui crie dans un cimetière.
KARIM HUSSAIN :
Le fait que j’étais, de base,
différent par mon nom a fait
déjà qu’il y avait
une rébellion, il y avait une
différence qui était là.
J’étais
pas comme les autres enfants.
Parce que j’avais la mère
catholique blanche francophone
et de l’autre côté, j’avais
le père musulman, très foncé
de peau, conservateur,
pakistanais. Donc, déjà,
ça a créé un
clash culturel.
Aussi, à Ottawa, à l’époque,
il y avait pas trop de lumière.
C’était quand même pas une ville
si développée comme ça l’est
maintenant. Tout se gentrifie.
La nuit, à cette époque, était
vraiment sombre. Le noir du ciel
était sombre parce qu’il y
avait pas trop de lumière
dans la ville pour rebondir
contre les nuages.
Alors, aller dans les petites
forêts de banlieue la nuit…
J’ai appris vraiment c’était
quoi comprendre la nuit.
Euh… Et qu’en arrière avec,
chaque, disons, luminescence
de maison, tu pouvais voir
quand même des secrets cachés.
Dans le salon de KARIM HUSSAIN, celui-ci montre un objectif de caméra à BRANDON CRONENBERG.
KARIM HUSSAIN :
Des champignons… Alors,
il a une diffusion unique.
BRANDON poursuit son entrevue.
BRANDON CRONENBERG :
Propos traduits de l’anglais
De nombreuses collaborations avec Karim commencent
dans ce salon où nous sommes en ce moment.
Je viens souvent chez lui et on utiliser des choses bizarres
pour expérimenter des effets visuels à la caméra.
On aime tous les deux les effets spéciaux
réalisés directement avec la caméra.
On arrive avec des idées et on tourne des centaines d’heures
de tests et on réfléchit à comment les intégrer dans un film.
KARIM HUSSAIN :
Alors, le métier
de chef opérateur
ou de directeur photo,
c’est essentiellement
la personne qui est en charge
du look général du film.
Donc, on choisit
les objectifs, on choisit
la lumière, on travaille
avec bien sûr des équipes.
Un extrait de « Anatomy of a Virus – The Making of Antiviral » est présenté. L’équipe de tournage assiste au tournage d’une scène.
KARIM HUSSAIN :
On parle avec le réalisateur
pour discuter un petit peu
au sujet de tous les concepts
visuels, la mise en scène
aussi. Et essentiellement,
l’image du film généralisée,
c’est la responsabilité
du directeur photo.
JAY BARUCHEL :
Le look de
« Random Acts
of Violence » s’était créé
dans notre… dans quelques-unes
des discussions entre Karim
et moi. Et puis Karim est venu
avec un grand… des vrais instincts.
Et il était convaincu qu’il
fallait faire ce film avec
une
steadicam. Beaucoup de
steadicam. Il veut que notre
écran soit toujours en train
de bouger comme un fantôme.
Un extrait de « Anatomy of a Virus – The Making of Antiviral » est présenté. Les membres de l’équipe technique sont au travail.
KARIM HUSSAIN :
Travailler avec le
réalisateur, c’est la chose
la plus importante, le métier
du directeur photo, travailler
la mise en scène, travailler le
look. On regarde plein de films,
on regarde plein de photos,
plein de concepts de lumière
ensemble. C’est vraiment une
complicité et il faut être
toujours du côté du metteur
en scène, il faut les aider.
Et ils peuvent se fier sur
toi d’être fidèle à leur vision.
Alors, c’est vraiment important
de connaître son metteur en
scène et de vraiment être
deux mains qui sculptent
le même matériel.
BRANDON CRONENBERG :
Propos traduits de l’anglais
Notre collaboration sur le tournage est assez simple,
Karim a beaucoup d’énergie, ce qui est parfait
parce que je suis beaucoup plus introverti.
Un extrait de « Anatomy of a Virus – The Making of Antiviral » est présenté. KARIM et BRANDON sont tous les deux au travail, KARIM travaillant plus avec les acteurs et BRANDON derrière la caméra.
BRANDON CRONENBERG :
Propos traduits de l’anglais
Il peut compenser quand je suis
concentré sur quelque chose.
Il peut lire dans mes pensées
et comprendre la scène.
En général, quand arrive le tournage nous
avons fait beaucoup de préparation.
Nous avons un langage visuel, nous
connaissons les règles, les plans…
Un extrait de « Anatomy of a Virus – The Making of Antiviral » est présenté. KARIM et BRANDON sont tous les deux au travail. KARIM s’adresse à BRANDON.
KARIM HUSSAIN :
Propos traduits de l’anglais
Qu’est-ce que tu en penses Brandon ?
BRANDON CRONENBERG :
Propos traduits de l’anglais
Oui, c’est bon.
KARIM HUSSAIN :
Propos traduits de l’anglais
OK, allons-y !
BRANDON poursuit l’entrevue.
BRANDON CRONENBERG :
Propos traduits de l’anglais
Et donc nous pouvons nous adapter assez
rapidement à partir de ces principes.
JAY BARUCHEL :
Le style de Karim va changer
de chaque projet à chaque projet,
parce que c’est un gardien
de l’histoire, lui.
Et toutes ses idées
esthétiques viennent de ça.
KARIM HUSSAIN :
J’essaie de donner
quand même une empreinte
unique à chaque film.
Un extrait du film de 2012 « Antiviral » de BRANDON CRONENBERG est diffusé, montrant un homme de dos, assis sur une chaise, avec des tubes métalliques qui lui rentrent dans les bras. Une musique angoissante accompagne l’extrait.
KARIM HUSSAIN :
Une des choses, c’est sûr,
qui m’inspire, c’est d’aider
à semer une mouvance pour
le cinéma de genre au Canada.
JAY BARUCHEL :
Quand j’étais jeune, j’avais
un cauchemar avec une araignée
géante. J’avais tellement,
tellement peur. Puis ma mère
m’avait dit de faire un dessin
de ce monstre et on va le mettre
dans la poste à ta grand-mère.
Et puis…
Propos traduits de l’anglais
Après ça, tes cauchemars ne peuvent plus t’atteindre.
L’horreur nous donne ce pouvoir parce que
quand tu peux nommer un monstre,
il fait moins peur et tu peux
le combattre rien qu’en le nommant.
Un extrait d’un film de jeunesse de KARIM HUSSAIN est diffusé, montrant un homme qui marche dans les bois avec un masque effrayant sur le visage.
Générique de fermeture