La crise franco-ontarienne teinte légèrement les prix Grandmaître

La ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, au Gala des prix Bernard Grandmaître, à Ottawa. Crédit image: Stéphane Bédard

OTTAWA – La situation franco-ontarienne provinciale a occupé une place au 19ème Gala des prix Bernard Grandmaître, ce jeudi soir, à Ottawa, qui a vu Lise Bourgeois remporter le prestigieux prix de reconnaissance franco-ottavien.

En confiant le classique toast à la francophonie à la ministre fédérale du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, il semblait difficile d’imaginer que la crise linguistique en Ontario français ne s’inviterait pas au Gala des prix Bernard Grandmaître, organisé par l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa).

« Nos langues officielles, elles sont importantes. Mais la vérité, c’est qu’on doit rester vigilant. On a un bon bout de chemin qui a été franchi (…) mais on le sait que ça arrive trop souvent qu’il y ait des embûches et on l’a vu avec les coupures du Commissariat aux services en français et de l’Université de l’Ontario français », a-t-elle lancé aux quelque 270 convives réunis pour l’événement, concluant son message d’un « Nous sommes, nous serons », le slogan de la résistance franco-ontarienne.

En entrevue avec #ONfr, Mme Joly, que le bureau de la ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Caroline Mulroney avait accusé de jouer des jeux politiques un peu plus tôt dans la journée, a enfoncé le clou.

« On est prêt à travailler avec toutes les provinces au pays, mais on ne se leurre pas. Et lorsque les provinces ne sont pas de bonne foi et attaquent directement les droits linguistiques de leurs citoyens, on vient à leur rescousse pour les défendre. (…) Les conservateurs ont pris ces décisions de faire des coupures, ce sont eux qui nous ont mis dans cette situation-là. »

Un objectif commun

Son appel à la résistance et à poursuivre la lutte pour obtenir le rétablissement des services en français, le conseiller municipal de Rideau-Vanier, Mathieu Fleury, l’a également proféré.

« Nous avons eu une fin d’année difficile, mais je sens un élan, une énergie. Ça a réveillé un groupe, une génération, qui a un objectif commun : rétablir nos services en français. »

Quelques lauréats ont eux aussi saisi l’opportunité, comme l’un des deux lauréats du Laurier du jeune leader, Diego Elizondo, cofondateur de la Société franco-ontarienne du patrimoine et de l’histoire d’Orléans et militant depuis plusieurs années au sein de la communauté.

« Je voulais absolument passer un message, profiter de la tribune qui m’était offerte, dire que les Franco-Ontariens vont continuer à résister jusqu’à ce que les acquis qui leur ont été coupés, en novembre dernier, soient rétablis de façon pleine et entière », a-t-il expliqué à #ONfr.

La lauréate du Laurier jeunesse, Lydia Philippe, présidente de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), qui a porté la voix des jeunes lors des manifestations du 1er décembre, voulait elle aussi faire passer un message.

« La lutte n’est jamais terminée, on l’a vu avec SOS Montfort et l’avenir appartient à ceux qui lutte, j’aime bien dire. J’ai beaucoup d’espoir qu’avec les liens qu’on bâtit au niveau national, on arrivera à faire un changement. »

Lise Bourgeois honorée et discrète

En revanche, d’autres ont préféré insister sur ce moment de célébration, dont la lauréate du Prix Bernard Grandmaître, la présidente-directrice générale du collège La Cité, Lise Bourgeois.

« Pour moi, ce prix, c’est la reconnaissance de nombreuses années de travail dans la communauté francophone. C’est le fruit de beaucoup d’efforts et d’avoir cru que tout est possible. Ça fait du bien! », a-t-elle commenté à #ONfr. Et d’expliquer : « Étant donné que c’est une soirée de reconnaissance, une soirée où la communauté veut célébrer, je voulais davantage mettre l’accent sur les belles choses que l’on a faites ensemble, les belles choses que j’ai pu apporter à la communauté… On continuera avec la politique plus tard! »

Elle s’est toutefois permis quelques petits messages subliminaux dans son discours de victoire.

« Il faut toujours viser plus haut et croire que tout est possible! Quand on est francophone en Ontario, on est destiné à être plus fort! »

Originaire d’Embrun, Mme Bourgeois voit ainsi récompensée son implication de plus de 30 ans en éducation. Avant de prendre les rênes de La Cité, elle avait notamment occupé le poste de directrice de l’éducation au sein du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est. En remportant ce prix, elle imite sa prédécesseure à la tête de l’institution postsecondaire ottavienne, Andrée Lortie, qui avait reçu le Prix Bernard Grandmaître lors de la 10e édition.

Les lauréats 2019

LAURIER ORGANISME : Regroupement affaires femmes

LAURIER INTERVENANT EN ÉDUCATION : Pierre Labelle

LAURIER INTERVENANTE EN SANTÉ : Manon Denis-LeBlanc

LAURIER ALLIÉ DE LA FRANCOPHONIE : Tyler Cox

LAURIER NOUVELLE ARRIVANTE : Khatima Louaya

LAURIER JEUNESSE : Lydia Philippe

LAURIER JEUNE LEADER : Diego Elizondo et Grace Busanga

LAURIER CLAUDETTE BOYER – CITOYENNE : Johanne Leroux

PRIX BERNARD GRANDMAÎTRE : Lise Bourgeois


POUR EN SAVOIR PLUS :

Cinq choses à savoir sur le Gala des prix Bernard Grandmaître