La doyenne de la littérature franco-ontarienne Marguerite Andersen s’est éteinte

L'écrivaine Marguerite Andersen. Crédit image: TFO
L'écrivaine Marguerite Andersen. Crédit image: TFO

TORONTO – La romancière, nouvelliste, poète et essayiste Marguerite Andersen est décédée à l’âge de 97 ans. Autrice d’une vingtaine d’ouvrages et double lauréate du prix Trillium, cette Franco-Ontarienne d’origine allemande s’est largement inspirée de son parcours d’immigrante pour nourrir une écriture moderne et féministe.

Sa maison d’édition, Prise de parole, la qualifie de « doyenne des lettres franco-ontariennes » et de « précurseure de l’autofiction » qui s’est « donné comme projet littéraire de témoigner, en puisant dans les matériaux de son existence hors de l’ordinaire, de la condition des femmes, et d’en aborder sans détour toutes les dimensions.

L’un de ses romans les plus populaires, De mémoire de femme (1982) est une ode au féminisme, dans laquelle elle retrace son parcours de vie et qui lui a valu le prix du Journal de Montréal pour les jeunes écrivains.

Elle est aussi l’autrice du récit traduit en plusieurs langues La Mauvaise mère, prix littéraire Trillium et prix Émile-Ollivier en 2014. Le figuier sur le toit, qui mêle fiction et autobiographie, a quant a lui raflé le prix littéraire Trillium et le prix des Lecteurs Radio-Canada en 2009. La soupe s’est adjugé de son côté le grand prix du Salon du livre de Toronto. Elle a été finaliste du Prix du Gouverneur général en 2004 pour Parallèles.

Mme Andersen invitée de l’émission Carte de visite. Crédit image : TFO

Membre de l’Ordre du Canada depuis 2016, Mme Andersen a enseigné la littérature française et les études féministes en Europe, en Afrique et en Amérique du Nord. De 1973 à 1980, elle a été directrice du Département d’études françaises de l’Université de Guelph. Puis, de 1987 à 1988, elle a occupé la Chaire d’Études sur les femmes à l’Université Mount Saint Vincent.

« C’est avec une infinie tristesse que les membres, le conseil d’administration et l’équipe ont appris le décès de l’autrice, Marguerite Andersen. Nous présentons à sa famille et à ses proches nos plus sincères condoléances », a déclaré l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français (AAOF).

« Une grande perte » pour la francophonie

« Marguerite Andersen était une autrice accomplie qui livrait des manuscrits toujours minutieusement travaillés… J’ai eu le bonheur de la rencontrer à mes débuts à Prise de parole, en 1990. Le premier ouvrage qu’elle nous a confié, le recueil de nouvelles Courts métrages et instantanés, m’a révélé la générosité et l’intelligence du regard que portait cette femme sur ceux et celles qu’elle observait dans la vie de tous les jours », a réagi Denise Truax, codirectrice générale et directrice de l’édition, à Prise de parole.

« C’est une grande perte », affirme Kim Thuy, présidente du jury du prix Radio-Canada. « Elle m’a touchée. Je ne la connaissais pas du tout avant ce concours. Son livre était marquant et remarquable. Le jury était conquis dès la première lecture. J’étais très heureuse de découvrir son écriture, son point de vue et surtout sa langue, sa vision, son interprétation du monde. Je trouvais que c’était une femme courageuse et déterminée. Au-delà de l’écriture, j’ai aimé la personne. »

« Elle a marqué la littérature franco-ontarienne », estime l’écrivain nord-ontarien Doric Germain, frappé par le parcours singulier de Mme Andersen. « Une Allemande qui adopte le Canada et le français comme sa langue principale, c’est quand même particulier. »

La ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, a rendu hommage à « une icône de la littérature franco-ontarienne ».

Marguerite Andersen en dix œuvres

Romans
De mémoire de femme (1982) – Quinze – Prix du Journal de Montréal (Jeunes écrivains)
La Soupe (1995) – Prise de Parole – Grand Prix du Salon du livre de Toronto,
Parallèles (2004) – Prise de Parole – Finaliste au Prix du Gouverneur général et au Prix Trillium
Doucement le bonheur (2006) – Prise de Parole – Finaliste au prix Trillium
Le Figuier sur le toit (2009) – L’Interligne – Prix des lecteurs Radio-Canada et prix Trillium
La mauvaise mère (2014) – Prise de Parole- Prix Trillium
Récits poétiques
L’Autrement pareille (1984) – Prise de Parole
Bleu sur blanc (2000) – Prise de Parole – finaliste du Prix Trillium et du Prix du Consulat général de France à Toronto
Nouvelles
Courts métrages et instantanés (1991) – Prise de Parole
Les Crus de l’Esplanade (1998) – Prise de Parole- finaliste prix Trillium