La FCFA appelle les partis fédéraux à s’unir pour les Franco-Ontariens

Le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Jean Johnson. Crédit image: Étienne Ranger

OTTAWA – La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada et ses membres ont profité de leur journée de rencontres sur la colline parlementaire, jeudi, pour demander aux députés fédéraux d’éviter la partisanerie sur les langues officielles.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« On ne veut pas que cela devienne un débat partisan sur les langues officielles, car sinon, il y a un risque de débordements et au final, ce seront nos communautés francophones qui seront pénalisées », a expliqué le président de la FCFA, Jean Johnson, à l’issue de la tournée de plus de 40 rencontres avec des députés et des sénateurs.

À l’origine, cette journée devait permettre de militer pour la modernisation de la Loi sur les langues officielles, le projet prioritaire de l’organisme porte-parole des francophones en milieu minoritaire. Mais actualité oblige, la situation en Ontario a occupé une bonne partie des échanges.

« Les attaques entre partis n’aident personne et il ne devrait jamais y avoir de partisanerie sur une question de droits », insiste M. Johnson.

Il appelle tous les partis à la Chambre des communes à travailler ensemble pour faire reculer le gouvernement ontarien. Par solidarité avec l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, le président de la FCFA indique par ailleurs qu’il sera présent pour les manifestations du 1er décembre.

La solution : moderniser la Loi

Selon M. Johnson, l’objectif initial de cette journée sur la colline parlementaire peut répondre à la crise que traverse l’Ontario français.

« En modernisant la Loi sur les langues officielles, on pourrait lui donner plus de mordant, notamment en ce qui concerne les règles entourant les transferts de fonds du gouvernement fédéral vers les provinces. »

L’accueil des élus a été plutôt positif quant à la modernisation d’une Loi qui fêtera les 50 ans de sa première version en 2019, dit-il.

« Ce que nous voulons, c’est que ça devienne une priorité de chaque parti pendant la campagne électorale et qu’on puisse ensuite travailler avec le prochain gouvernement là-dessus. »

La FCFA présentera en janvier un projet de Loi sur les langues officielles pour amorcer la discussion.

Climat tendu

L’appel au calme de l’organisme porte-parole des francophones en contexte minoritaire n’a toutefois pas eu beaucoup d’effet à la Chambre des communes.

La ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly a réitéré ses attaques contre le Parti conservateur du Canada (PCC) et son chef qu’elle accuse de ne pas avoir dénoncé les décisions du gouvernement ontarien.

Député conservateur et membre du comité permanent des langues officielles, Alupa Clarke a vivement réagi à ses attaques.

« Les libéraux sont hyper partisans sur cet enjeu-là et M. Trudeau devrait prendre ses responsabilités au lieu de critique notre chef Andrew Scheer! On a fait le maximum de ce qu’on peut faire comme opposition officielle. On ne veut pas s’ingérer dans les compétences provinciales, mais M. Scheer a dit à M. Ford qu’il n’était pas d’accord et moi, je l’ai fait avec Mme Mulroney [ministre déléguée aux Affaires francophones]… Ce sont les libéraux qui n’agissent pas au niveau des langues officielles! Ça fait une semaine, je suis écœuré de me faire attaquer sans fondement! »


« On a besoin que le gouvernement prenne ses responsabilités et propose des solutions » – Alupa Clarke, député conservateur


La fin de semaine dernière, M. Scheer avait rencontré le premier ministre Doug Ford pour lui faire part de ses préoccupations, sans toutefois lui demander de revenir sur l’abolition du Commissariat aux services en français et l’abandon du projet d’Université de l’Ontario français.

De son côté, Justin Trudeau continue d’éviter de dire s’il contactera son homologue provincial. À quelques reprises, le premier ministre s’est toutefois dit déçu et préoccupé par la situation, mandatant Mme Joly pour s’occuper de ce dossier. La ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie doit d’ailleurs s’entretenir avec la ministre Mulroney, ce vendredi.

Réunion houleuse

Même le comité permanent des langues officielles, décrit par ses membres comme non partisan, semble se fissurer autour de la crise ontarienne. En huis clos, jeudi matin, les échanges avaient même été houleux, selon plusieurs sources, les partis s’accusant mutuellement de partisanerie.

Le président du comité, le libéral Denis Paradis a toutefois assuré lors d’un point presse, jeudi, de l’unité de ses membres dans l’intérêt de la francophonie.

« C’est un comité apolitique et ça fonctionne très bien. »

Une évaluation qu’a relativisée le vice-président du comité, le député conservateur Alupa Clarke, lorsqu’interrogé sur l’absence de partisanerie du comité.

« En règle générale, en public, oui! »

Signe de cette tension, M. Clarke était le seul conservateur à se présenter pour au point presse sur le dépôt d’un rapport unanime du comité sur l’examen d’accréditation en français des étudiants en sciences infirmières. Un fait plutôt rare.

M. Paradis a toutefois tenté de calmer le jeu, insistant sur les objectifs communs.

« On va continuer la pression et voir ce qu’on peut faire de plus pour agir. Il est important de régler le problème en Ontario pour que ça ne déboule pas dans d’autres provinces. »


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