La FCFA insiste pour rencontrer Trudeau

Sylviane Lanthier a été réélue à la tête de la FCFA, le samedi 10 juin. Archives #ONfr

OTTAWA – La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada a rencontré la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, le mardi 30 mai, afin de lui faire part de ses inquiétudes quant au processus de nomination de Madeleine Meilleur au poste de commissaire aux langues officielles du Canada.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Bien que l’organisme porte-parole des francophones de l’extérieur du Québec souligne une conversation « franche et honnête » avec la ministre, qui lui a permis « de mettre sur la table toutes les inquiétudes et les positions diverses qui existent au sein des communautés par rapport à ce dossier », la FCFA souligne avoir constaté la ferme intention du gouvernement de poursuivre le processus de nomination, lors de sa rencontre avec Mme Joly.

Interrogée à la sortie de la Chambre des communes, la ministre du Patrimoine canadien disait qu’elle espérait avoir rassuré la FCFA.

« J’espère les avoir rassurés sur l’impartialité du processus, le fait que nous avons une excellente candidate en Madeleine Meilleur. Et puis bien entendu, on a discuté de l’importance de pouvoir travailler ensemble dans le contexte de défendre et promouvoir les droits linguistiques au pays. »

Mais visiblement, elle n’a pas complètement réussi puisque l’organisme souligne « que les inquiétudes au sein des communautés demeurent bien réelles et que ces inquiétudes ne seront pas résolues par la rencontre d’aujourd’hui ».

Dans sa déclaration, la FCFA insiste donc pour rencontrer le premier ministre, Justin Trudeau, « l’ultime responsable de la politique des langues officielles au pays », à son retour d’Europe, pour le saisir de ces questions. Le premier ministre doit revenir d’Italie mercredi 31 mai.

 

Trois plaintes

Déjà trois plaintes ont été déposées auprès du commissariat aux langues officielles (CLO) du Canada concernant le processus de nomination de Mme Meilleur, dont une par l’ancien député et critique aux langues officielles du Nouveau Parti démocratique (NPD), Yvon Godin.

Le CLO n’a toutefois pas encore déterminé s’il allait enquêter sur ces plaintes.

 

Motion au comité

Un peu plus tôt dans la journée, la nomination de Madeleine Meilleur avait également occupé une partie des échanges au comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes.

Le porte-parole aux langues officielles pour le NPD, François Choquette, a présenté un avis de motion pour que les élus du comité, avant de présenter leur rapport à la Chambre des communes sur la nomination de la nouvelle commissaire aux langues officielles, invitent plusieurs personnes « afin de mieux comprendre le processus de nomination ».

Parmi ces personnes figurent notamment le conseiller principal du bureau du premier ministre, Matthieu Bouchard et son secrétaire principal, Gerry Butts, qui auraient rencontré Mme Meilleur avant sa nomination.

Dans un échange de courriels avec #ONfr, le bureau du premier ministre assure que Mme Meilleur n’a à aucun moment parlé du poste de commissaire aux langues officielles avec les membres du bureau du premier ministre lors de ses rencontres.

« Nous tenons à rectifier les faits sur certaines informations erronées publiées récemment. Contrairement à ce qui a été publié, à aucun moment la question du poste de commissaire aux langues officielles n’a été discutée lors des rencontres avec des membres du bureau du premier ministre dont a fait état Mme Meilleur. Deux de ces rencontres ont eu lieu bien avant que le processus visant la sélection d’un nouveau commissaire aux langues officielles soit enclenché. Ces rencontres étaient de nature informelle et ont eu lieu dans le contexte où Mme Meilleur connaissait des gens de l’équipe du premier ministre de l’époque où elle était ministre. Une autre rencontre a eu lieu à la demande de notre bureau mais uniquement pour parler d’un dossier bien précis, soit celui d’Ottawa ville bilingue. Le comité a procédé à l’analyse des dossiers sur la base du mérite et du mérite seulement. Si madame Meilleur est ressortie en tête, c’est en raison de son expérience, de sa feuille de route et de sa longue carrière à la défense des minorités de langues officielles. »

L’avis de motion du député Choquette, ajourné par les députés libéraux, devrait de nouveau être discuté lors de la prochaine réunion du comité le jeudi 1er juin.