La FCFA veut une place avec les ministres de la francophonie

Le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne, Jean Johnson. Crédit image: Benjamin Vachet.

WHITEHORSE – Alors que se concluait, ce vendredi, la 23e conférence ministérielle sur la francophonie canadienne, à Whitehorse, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada souhaite obtenir une place à la table lors de telles discussions entre les provinces, les territoires et le gouvernement fédéral.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Actuellement, nous avons un rôle d’observateur. On participe de manière informelle à la soirée de réseautage. Ça nous permet de livrer quelques messages, mais dans un monde idéal, nous voudrions être présents autour de la table pour donner la perspective de la communauté francophone et aider les gouvernements à comprendre la réalité de nos communautés », explique le président de la FCFA, Jean Johnson, en entrevue avec #ONfr.

Car plusieurs thèmes abordés lors de cette 23e édition font partie des priorités de la FCFA, comme notamment celui de l’immigration francophone.

« Nous avons fait évoluer le dossier ces deux dernières années avec deux conférences interministérielles sur l’immigration francophone et un symposium avec les organismes communautaires. Avec l’investissement annoncé dans le Plan d’action pour les langues officielles, nous sommes bien outillés pour obtenir des résultats concrets », avance la ministre responsable de la francophonie du Nouveau-Brunswick, Francine Landry.

Joly ferme la porte

Car c’est le reproche qui revient année après année au sujet de la conférence ministérielle sur la francophonie : les résultats concrets manquent à l’appel, malgré les déclarations enthousiastes des ministres responsables de la francophonie à travers le pays.

« La francophonie reste un enjeu central et on veut améliorer les services en français. Ils sont à la hausse au pays et nous allons poursuivre et renforcer le partenariat avec le gouvernement fédéral », a ainsi déclaré le ministre Yukonais, John Streicker.

Même son de cloche du côté de la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, qui comme l’an dernier a insisté sur la bonne santé de la francophonie canadienne.

« Il y a une volonté politique de soutenir la francophonie qui compte plus d’alliés. On le voit avec l’adoption de la Loi sur les services en français au Manitoba et d’une politique sur les services en français en Alberta, ces deux dernières années. »

Mais pour le président de la FCFA, ces bons résultats restent à nuancer.

« Tant que la francophonie ne sera pas autour de la table, on répètera les mêmes choses et les dossiers n’avanceront pas. »


« On parle de nous sans nous! Il faut évoluer. » – Jean Johnson, président de la FCFA


Mais la ministre Joly semble peu enthousiaste à cette idée.

« Nous valorisons l’importance de la FCFA. Nous les avons d’ailleurs consultés lors de l’élaboration du Plan d’action pour les langues officielles et sur plusieurs autres décisions. Mais les provinces et les territoires sont en contact avec leurs communautés francophones et les connaissent bien. »

Frustration des provinces et territoires?

Outre le dossier de l’immigration francophone, cette nouvelle édition a également permis d’aborder les thèmes de l’accès à la justice familiale, et de services gouvernementaux en français, que le groupe de ministres s’est engagé à augmenter d’ici au 31 décembre 2021, lors de la conférence de 2017.

« Nous avons eu une conférence fructueuse, abordé des sujets importants et eu des discussions positives et ouvertes », a souligné Mme Joly.

Malgré les messages d’unité affichés se cacherait une certaine frustration de la part des provinces et territoires envers le gouvernement fédéral. Selon plusieurs sources, la volonté d’investir directement dans les communautés francophones sans passer par les provinces, tel que décidée par le gouvernement fédéral dans son dernier Plan d’action pour les langues officielles, serait mal perçue.

Interrogée par #ONfr, la ministre Landry a préféré esquiver la question.

« Si on a des communautés vivantes à travers le pays, la francophonie ne s’en portera que mieux! »

Le président de la FCFA comprend mal la réticence des provinces et territoires.

« Les provinces et territoires doivent faire confiance aux communautés et doivent reconnaître l’importance du rôle de celles-ci. On doit travailler ensemble. Il faut faire comprendre que les investissements directs dans les communautés vont avoir un impact sur l’économie des provinces et territoires. »

À noter qu’en raison de l’élection récente d’un nouveau gouvernement en Ontario, la province n’avait qu’un rôle d’observateur à Whitehorse et était représentée par un fonctionnaire provincial.

La ministre déléguée aux Affaires francophones, Caroline Mulroney aura l’occasion d’y faire ses premiers pas l’an prochainà Iqaluit, au Nunavut, pour la 24e édition, les 27 et 28 juin.