La gouvernance validée, l’heure est aux études et à la mobilisation

TORONTO – L’idéal d’une gouvernance universitaire « par et pour » les francophones étant bel et bien validé, à la suite du Sommet provincial des États généraux sur l’avenir du postsecondaire de l’Ontario français, l’heure est maintenant aux études de faisabilité et à la mobilisation communautaire.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Une volonté de porter ce projet d’université franco-ontarienne « jusqu’au bout », c’est ce qui est ressorti de la consultation qui a réuni environ 150 participants à Toronto, du vendredi 3 au dimanche 5 octobre.

« Ce Sommet nous a permis d’obtenir un mandat clair pour la création d’une université franco-ontarienne », a expliqué Geneviève Latour, co-présidente du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), à #ONfr.

Le RÉFO est l’instigateur des États généraux avec l’Assemblée de la francophonie en Ontario (AFO) et la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO).

Quatre modèles à l’étude

Les trois organismes parrains de la vaste consultation sur l’avenir du postsecondaire de l’Ontario français entendent faire appel « très prochainement » à des experts pour étudier quatre modèles de gouvernance universitaire et les éclairer dans leurs choix.

« C’est certain que les commentaires reçus (lors du Sommet) vont nous guider dans cette étude », a indiqué Mme Latour.

Les modèles de gouvernance sous la loupe des États généraux

– » La création de toutes pièces d’une nouvelle université de langue française, avec des campus dans toutes les régions de l’Ontario;

– » La scission d’une université bilingue existante dans deux établissements distincts, un anglophone et un francophone, avec chacun sa charte et son sénat;

– » La création d’un réseau provincial qui prendrait en charge tous les programmes d’études universitaires en français dans les universités existantes et verrait à la création de nouveaux programmes, selon les besoins;

– » La création d’une université francophone d’envergure provinciale affiliée à une université bilingue existante, inspirée du modèle de l’Université de Hearst.

Le modèle retenu au terme d’une étude de faisabilité sera ensuite présenté à Queen’s Park.

À l’heure actuelle dans la province, sept universités dispensent des programmes d’études en français. Deux d’entre elles, l’Université Laurentienne et l’Université d’Ottawa, sont complètement bilingues. Mais la prise de décisions s’y fait toujours dans la langue de la majorité.

Les participants au Sommet ont aussi mis l’accent sur un besoin « d’augmenter rapidement l’accessibilité » aux programmes d’études postsecondaires en français dans le centre et le sud-ouest de l’Ontario, là où les besoins sont les plus criants.

« Moment historique »

« Nous venons de vivre un moment historique cette fin de semaine, à Toronto. Le processus des États généraux nous a confirmé que nous avons une communauté prête à bâtir ce nouveau projet de société, notre université de langue française », s’est réjouie Marie-Ève Chartrand, présidente de la FESFO, par le biais d’un communiqué.

Mais il y a un hic.

Les deux universités bilingues de l’Ontario, bien représentées au Sommet, ne sont pas très chaudes à l’idée d’une gouvernance francophone qui pourrait les dépouiller de certains programmes et, peut-être, d’une bonne partie de leur clientèle étudiante.

« On ne pouvait pas s’attendre à autre chose (de la part des universités bilingues) », a fait remarquer Mme Latour. « On comprend une telle prise de position de leur part. Mais en même temps, le Sommet a réuni des étudiants et même des professeurs de ces universités qui nous ont dit très clairement que le statu quo ne leur plaisait pas ».

« Il y a aussi un fort désir de collaboration avec les universités existantes », a précisé la co-présidente du RÉFO.

Pour l’AFO, le temps est venu d’assembler la dernière pièce du puzzle de l’éducation de langue français en Ontario, un peu plus de 15 ans après la gouvernance à l’élémentaire et au secondaire, et près de 25 ans après la création des collèges francophones.

L’organisme porte-parole des quelque 611 500 francophones de l’Ontario s’est engagé à « porter ce projet (d’université) dans un esprit de construction et de collaboration avec tous les secteurs de notre communauté », a exprimé son président, Denis Vaillancourt.