Une loi spéciale pour mettre fin à la grève dans les collèges

Des manifestants devant le collège Boréal. Crédit image: Étienne Fortin-Gauthier

TORONTO – Le gouvernement de l’Ontario a finalement tranché et décide de mettre fin au conflit entre les dirigeants des collèges de l’Ontario et ses enseignants par l’entremise d’un projet de loi spécial. Le différend entre les deux parties devra donc être réglé en arbitrage ultérieurement. 

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

La première ministre, Kathleen Wynne, avait donné aux collèges et au syndicat jusqu’à 17 heures pour s’entendre. Un peu avant 18 heures, le gouvernement a fait savoir qu’une impasse subsistait le forçant à agir de la manière forte.

« Nous avons répété à maintes reprises qu’il était injuste pour les étudiants d’être au milieu de ce conflit qui a duré trop longtemps. Nous voulons que les étudiants retournent en classe », a-t-elle déclaré. L’objectif est de ramener les étudiants sur les bancs d’école, dès lundi matin.


« Malheureusement, les deux parties sont arrivées dans une impasse, c’est pourquoi nous déposons un projet de loi pour mettre fin à la dispute et permettre le retour en classe des étudiants » – Kathleen Wynne


En vertu de ce projet de loi, le différend entre les deux parties sera résolu en médiation.

Le Parti progressiste-conservateur de l’Ontario (Parti PC) a choisi d’appuyer le projet de loi de retour au travail. Pour sa part, le Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario a préféré s’opposer à la motion du gouvernement qui voulait accélérer le débat autour de ce projet de loi, bloquant ainsi les procédures législatives.

Queen’s Park devait ajourner ses travaux jusqu’à lundi, mais le gouvernement a indiqué son intention de faire revenir les parlementaires le vendredi 17 novembre afin de débattre du projet de loi. Le gouvernement Wynne a assuré que les députés allaient siéger tout le weekend avec l’objectif d’un retour en classe dès lundi.

Patrick Brown, le chef du Parti PC, a fustigé le gouvernement pour avoir laissé la grève perdurer pendant cinq semaines. Par communiqué, il a également décoché une flèche au NPD en indiquant qu’il espérait que ce projet de loi du gouvernement transcende les lignes de parti.

Par communiqué, la chef du NPD de l’Ontario, Andrea Horwath a assuré être contre une loi forçant les travailleurs à retourner au travail sans une entente négociée.


« La raison pour laquelle nous sommes dans ce conflit est par ce que le gouvernement de Kathleen Wynne n’a pas assez financé les collèges ontariens pendant des années » – Andrea Horwath


Mme Horwath a aussi assuré que le NPD était prêt à siéger tout le weekend pour débattre de cette motion.

En matinée, quelques minutes après le dévoilement des résultats du vote des syndiqués du Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO), Mme Wynne avait annoncé qu’une rencontre aurait lieu avec les deux parties pour discuter de « toutes (les) options ».

Après la rencontre, Warren Thomas, président du syndicat SEFPO, avait pourtant indiqué que les négociations allaient reprendre avec le médiateur provincial afin de trouver une solution. Il a également révélé que le gouvernement ontarien avait demandé aux deux parties de ne pas discuter de la négociation avec les médias.

Rejet en bloc de la dernière offre

En matinée, les membres du personnel scolaire des collèges en grève de l’Ontario avaient rejeté en bloc l’offre patronale qui leur avait été faite. Le message ne pouvait alors pas être plus clair, selon le syndicat : la proposition patronale a été rejetée à hauteur de 86 % par ses membres. Et le taux de participation de 95 % confirme la mobilisation et l’unité des troupes, dit le SEFPO.

L’atmosphère toxique à la table des négociations avait alors été dénoncée.

« Quand on lance du sable à notre visage, les syndiqués se mobilisent encore davantage. Ma proposition aux mauvais patrons : traitez bien vos employés. Ils se croient plus intelligents que les autres », a lancé Warren Thomas du syndicat SEFPO, lors d’une conférence de presse suivant l’annonce des résultats du vote.

Les représentants du syndicat ont salué l’implication de la première ministre. « Nous rencontrons la première ministre et nous espérons qu’elle va mettre de la pression sur les dirigeants des collèges », a indiqué M. Thomas. « Je veux remercier Kathleen Wynne et Deb Matthews. Rare de dire ça, mais elles respectent le processus de négociation », a-t-il complété.

Le syndicat affirme que les patrons des collèges n’ont rien compris et proposent actuellement d’augmenter le nombre d’employés à temps partiel, ce qui est le nœud du conflit, selon le syndicat SEFPO. « Ce n’est pas une bataille, c’est une guerre contre le travail précaire », lance Warren Thomas.

Qu’en est-il des étudiants? Le syndicat renvoie purement et simplement la balle aux présidents des collèges. « Appelez votre président de collège et demandez-lui de régler tout ça. S’ils reviennent à la table de négociation, vous serez de retour en classe la semaine prochaine », a lancé M. Thomas. « On peut sauver la session. Mais il faut retourner à la table aujourd’hui. On est dans la zone rouge », a poursuivi JP Hornick, autre représentante du syndicat.

Les collèges ont déploré le rejet de l’offre

Après l’annonce du rejet de l’offre patronale, en matinée, le Conseil des employeurs des collèges (CEC) a dit respecter le processus démocratique qui avait mené à ce vote. 

« Ce sont des résultats terribles pour les 500 000 étudiants qui ne peuvent pas retourner dans les salles de classe. Je compatis entièrement avec eux », a indiqué Sonia Del Missier, représentante du CEC.

« La grève a duré trop longtemps et nous devons résoudre ce conflit », a-t-elle ajouté.

Le CEC dit être entré en contact avec le médiateur provincial pour évaluer la suite des choses.