Marc Bissonnette : la haute couture sous toutes ses coutures

La haute couture est la passion de Marc Bissonnette
Marc Bissonnette, collectionne plus de 250 livres sur la mode et la haute couture. Crédit image: Lila Mouch.

[UN FRANCO, UNE PASSION]

OTTAWA ­– Chaque semaine durant l’été, ONFR+ vous présente un nouvel épisode d’Un Franco, une passion. Que ce soit une collection ou un véritable engouement, découvrez la passion hors du commun qui habite un Franco-Ontarien ou une Franco-Ontarienne, du Nord au Sud et d’Est en Ouest. Cap sur Ottawa avec Marc Bissonnette.

La semaine dernière, nous vous faisions découvrir la passion de Roxana Babinska. Cette semaine c’est un passionné de mode et de haute couture, Marc Bissonnette, qui nous invite sous son toit dans le quartier d’Overbrook à Ottawa. Chez lui, c’est en haut d’un escalier que nous pénétrons dans un salon blanc et lumineux, où tout ce qui s’y trouve est mis en valeur. Un véritable boudoir aux allures de salon classique, sobre et poudrée.

Dans ce salon – on vous le donne en mille – deux grandes bibliothèques encadrent une imposante cheminée. En s’approchant, les grands noms de la haute couture nous sautent aux yeux : Jean-Paul Gauthier, Thierry Mugler, Christian Dior, Chanel, Louboutin… et d’autres qu’on connaît moins, Manolo Blahník ou Oleg Cassini.

Des livres, des bibles, des manuscrits, des albums photos sur la mode, rien que la mode. Tous ses livres, M. Bissonnette les a un jour lus, d’autres feuilletés.

Il est aujourd’hui enseignant dans un cours sur la mode à l’école secondaire publique l’Alternative du CEPEO. Il fut auparavant directeur de l’école des médias, des arts et de la communication à La Cité.  

Une passion qui se pratique

Marc Bissonnette aime la haute couture sous toutes ses coutures. Née vers la fin du 19e siècle à Paris, la haute couture désigne la mode d’excellence et de la plus haute qualité. M. Bissonnette collectionne de nombreux livres sur la mode, mais sa passion va au-delà de sa collection.

Passion, collection mode et haute couture
Une partie de la collection de livres de M. Bissonnette. Crédit image : Lila Mouch

Il nous parle d’admiration, de création, d’histoire et d’art. Marc Bissonnette est passionné de mode depuis l’âge de 10 ans, aussi loin qu’il s’en souvient. « Lorsque j’étais enfant, ma mère me trainait partout avec elle et sa grande passion a toujours été les vêtements. »

« Le samedi ma mère avait un rituel, elle allait chez le coiffeur, puis faire sa manucure et enfin, elle allait à la Boutique Anik qui était sur Gatineau, maintenant à Ottawa », raconte-t-il. « J’étais assez jeune, mais je me souviens être assis sur un fauteuil de cuir blanc dans cette boutique et de regarder ma mère essayer des vêtements. Elle me demandait toujours mon avis », dit-il, un sourire aux lèvres en évoquant ce souvenir.

Là est, le point de départ, la Boutique Anik et sa propriétaire Marie Desmarais. Pour Marc Bissonnette, cette dernière était son mentor, il en parle comme d’un personnage haut en couleur et comme une deuxième mère. « Quand Marie revenait d’Europe, elle m’appelait pour me dire de venir voir ses nouvelles collections. »

« J’allais mettre de côté des vêtements pour ma mère », poursuit-il. J’adorais ça et pour moi, c’était ma deuxième maison. J’y ai même travaillé bénévolement à l’adolescence. »

Pendant ces nombreuses années auprès de Marie Desmarais, l’amateur d’art a peaufiné son don pour la mode.« Je connaissais toutes les pièces de la garde-robe de ma mère, puis j’ai très vite développé l’œil pour reconnaître le couturier derrière un vêtement. »

« Je partage ma passion, j’ai hâte, j’ai du plaisir, j’aime me lever le matin » — Marc Bissonnette

Ce passionné a eu droit à une réelle initiation à la mode, explique-t-il. En passant le plus clair de son temps dans la Boutique Anik en compagnie de Mme Desmarais, de tous ces vêtements de créateurs et de cette clientèle fortunée.

« C’est comme ça que c’est devenu une véritable passion », résume-t-il.

La mode, l’histoire d’une vie 

Par la suite, M. Bissonnette fera des études en sociologie de la mode à l’université, « mes travaux ont été dirigés par l’éminente sociologue Diane Pacom » puis, il s’inscrira à l’Académie de design de mode et de haute couture, Richard Robinson à Ottawa.

« Au début, je faisais un cours du soir sur l’histoire du costume. Je me souviens d’une fois où je regardais les élèves qui préparaient le défilé annuel et Mme Robinson est venue me voir en me disant : « vous avez des étoiles dans les yeux, vous devez peut-être vous inscrire dans ce cours“ ».

« J’ai beau aimer la mode », reprend-il, « je ne savais absolument pas poser un bouton. Mais finalement j’ai fait un cours d’introduction à la couture, puis de haute couture de niveau un, haute-couture deux, haute couture trois et quatre ».

création haute couture
Créations de M. Bissonnette. Crédit image : Lila Mouch. Au milieu, Katheryn Humble qui porte les créations. Gracieuseté.

Avide d’apprendre, M. Bissonnette a assisté à de nombreux cours sur les accessoires et chapeaux. Mais au final, il avouera préférer les défilés à la confection.

Après avoir terminé de telles études et pouvant être considéré comme un expert dans le domaine, Marc Bissonnette est devenu le propriétaire de deux boutiques. Un retour à ses débuts, là où il avait tout appris. Il explique à quel point, il avait aimé habiller sa mère.

Pourtant, en même temps, il était directeur de l’école des médias, des arts et de la communication à La Cité. « Je n’avais pas le temps pour mes boutiques, je travaillais en moyenne 57 heures par semaine comme directeur. Alors, j’ai fermé les boutiques et peu à peu, à cause des exigences de mon poste, ma passion s’est éteinte », constate-t-il.

Passion un jour, passion toujours

Avant ça, avant de perdre ce qui l’anime, avant d’être un administrateur en chef, M. Bissonnette raconte qu’il passait des heures devant ses émissions préférées. « Je m’achetais les revues de mode dès leur sortie, je regardais tous les défilés ». Pourtant, il nous dit avoir eu un moment à vide, « je ne le faisais plus, je voyais la passion s’essouffler ».

« La mise en valeur par la haute couture, c’est quelque chose d’incroyable. » – Marc Bissonnette

Plein d’assurance, il a cru qu’il était rendu ailleurs dans sa vie.

« Mais vous savez quoi, une passion, ça ne s’éteint pas comme ça », s’exclame-t-il, des fois, la vie met en pause ce qui nous allume, simplement. »

Mode et Haute couture, la passion de Marc Bissonnette
Une partie de la collection de livre de mode. Crédit image : Lila Mouch

À présent, il se dit heureux et à l’écoute de sa passion. « J’ai eu carte blanche pour offrir mon cours sur la mode, c’est un projet pilote, et mes élèves sont très bons. »

C’est des étoiles plein les yeux et avec beaucoup d’humilité qu’il nous dit : « Je partage ma passion, j’ai hâte, j’ai du plaisir, j’aime me lever le matin. Ma direction voit que les élèves ont du plaisir (… ) Il faut être authentique et aimer les jeunes, puis moi j’aime les jeunes », renchérit-il.

Une passion inévitable

« On vient d’une famille, où cela compte beaucoup le style », admet-il. « Ma mère, sa sœur, ses amies faisaient partie d’un cercle un peu huppé. À l’époque, leurs sorties, c’était d’aller à des ballets et à l’Orchestre symphonique. »

Marc Bissonnette se rappelle que lorsqu’il était enfant, il était fasciné par les vêtements que portaient sa mère et ses amies. « Parfois, elle me disait, « je n’aime pas qu’on me regarde« mais moi, c’était tout le contraire, dès qu’on se retournait pour regarder ma mère, j’étais fier. »

Les grands couturiers qui l’ont passionné et inspiré sont les grands classiques comme Chanel, Dior, Valentino, Givenchy et Yves Saint-Laurent. Plus récemment, Alexander McQueen et Versace. « Si vous regardez Breakfast at Tiffany’s (Diamants sur Canapé), c’est ce genre-là que j’aime », décrit-il. « La robe noire de Givenchy, j’aime le classique et le chic, les choses indémodables. Le chic aura toujours sa place. »

Ce qui plaît à cet épicurien, c’est l’élégance. « La mise en valeur par la haute couture, c’est quelque chose d’incroyable, même si c’est très dispendieux », déclare-t-il.

En effet, d’après le magazine Vogue, contrairement au prêt-à-porter, les pièces haute couture n’ont pas un prix fixe. Le prix se calcule en fonction du coût de chaque matière et du nombre d’heures passées à la création de la pièce. Il est possible de passer 1 000 heures sur un vêtement.

Dans sa bibliothèque, en plus de Chanel, Schiaparelli, Balenciaga ou encore Bottega Veneta, on trouve même le styliste québécois Michel Robichaud.   

On y trouve l’histoire de la grande maison Louis Vuitton, ainsi que plusieurs livres sur Yves Saint-Laurent. Des livres sur les couturiers eux-mêmes, sur la mode en général, on y apprend la confection de chaussures où l’art des accessoires.  

250 livres tous différents, retraçant l’histoire de la mode et de la haute couture depuis ses débuts.  

La mode est une énorme machine et l’influence de la haute couture est mondiale. Pour M. Bissonnette, c’est une culture, mais c’est aussi de l’art. La haute couture, c’est un laboratoire d’idées et de techniques. « Je suis allé chez Yves Saint-Laurent à Paris, trois semaines avant son décès. C’était impressionnant, les détails, le travail, c’est du génie –  le nombre d’heures, en moyenne, nécessaires pour créer une robe simple ou un costume de haute couture simple est de 150 heures – ce sont des vêtements exclusifs. »

Une passion pour la haute couture qui s’est transformée dans une autre collection : les objets de luxe. « J’ai une carafe Gucci, Baccarat aussi et une trentaine de pièces de René Lalique. Que voulez-vous, j’aime le beau et les choses raffinées. »