La juge en chef de la Cour suprême du Canada en retraite en décembre

La juge en chef de la Cour suprême du Canada, Beverley McLachlin. Crédit image: #ONfr

OTTAWA – La juge en chef de la Cour suprême du Canada, Beverley McLachlin, a annoncé ce lundi qu’elle prendrait sa retraite à compter du 15 décembre 2017.

SÉBASTIEN PIERROZ
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« Ce fut un grand privilège de servir la Cour suprême du Canada pendant autant d’années, d’abord en tant que juge, puis en tant que juge en chef. J’ai eu la chance de travailler avec plusieurs générations de juges et d’avocats parmi les plus émérites au Canada. J’ai apprécié énormément mon travail et les gens avec qui j’ai eu la chance de l’accomplir », a fait part l’actuelle juge en chef, par voie de communiqué de presse.

La juge en chef McLachlin était entrée en fonction le 7 janvier 2000, devenant ainsi la première femme à occuper ce poste. Elle est également la personne qui a occupé la charge de juge en chef du Canada pendant la plus longue période, soit près de 18 ans.

Le premier ministre, Justin Trudeau, a réagi à l’annonce : « Les réalisations de la Juge en chef McLachlin dans le domaine judiciaire sont inégalées dans l’histoire du Canada. Elle est une pionnière et une chef de file du monde judiciaire depuis près de 40 ans. Elle est l’une des plus fines juristes au Canada. »

Le directeur de l’Observatoire international des droits linguistiques et professeur à l’Université de Moncton, Michel Doucet, parle d’une présence « significative » de la juge en chef de la Cour suprême, depuis 17 ans. « Elle a donné à la Cour une certaine stabilité, son bilan est positif. »

En revanche, l’universitaire reste plus mesuré sur le bilan francophone de Mme McLachlin. « Elle n’a pas eu une contribution énorme pour les causes francophones, à l’inverse par exemple de Brian Dickson (juge en chef de 1984 à 1990) qui avait œuvré pour l’arrêt Mahé (1990). Cependant, son niveau de français s’est beaucoup amélioré depuis 2000. »

Pour Daniel Boivin, le président de la Fédération des associations de juristes d’expression française de common law (FAJEF), le rôle de l’actuelle juge en chef n’est pas négligeable. « Elle a participé à plusieurs bons jugements pour les francophones, comme l’arrêt Beaulac en 1999. »

M. Boivin se souviendra avant tout du rôle de Mme McLachlin en tant que garante du pouvoir judiciaire. « À plusieurs reprises, elle a rappelé au gouvernement que ce pouvoir est un vrai filet de sécurité. »

Une nomination attendue dans les six mois

M. Trudeau a maintenant six mois pour nommer le ou la prochain(e) juge en chef du plus haut tribunal du pays. « Ça devrait normalement être un francophone, l’actuelle juge en chef étant anglophone, et il y a toujours une alternance », précise M. Doucet, même si « rien n’est coulé dans le béton » selon lui.

Originaire de l’Alberta, Mme McLachlin était devenue juge en chef de la Cour suprême de la Colombie-Briannique, en septembre 1988. L’année suivante, elle prêtait serment à la Cour suprême du Canada.