La Laurentienne : la programmation en français n’ira pas à l’Université de Sudbury, dit le recteur

L'Université Laurentienne à Sudbury
L'Université Laurentienne à Sudbury. Source: Facebook

SUDBURY – La programmation en français est là pour rester à l’Université Laurentienne, si l’on en croit le recteur Robert Haché. Quelques jours après que l’Université de Sudbury ait annoncé qu’elle deviendrait francophone à 100 %, M. Haché a affirmé que l’institution maintient « son engagement envers l’éducation en français en Ontario ».

Dans une lettre publiée mardi matin, Robert Haché indique que le fait français est une fierté pour l’établissement, qui « est un flambeau de l’éducation en français, au service des étudiants francophones d’ici, de partout en Ontario et d’ailleurs ».

« Soyons clairs, l’engagement envers la communauté francophone de l’Ontario est l’un de nos principaux objectifs à La Laurentienne et continuera de faire partie intégrante de notre mission lorsque l’Université restructurée va de l’avant. »

Cette missive fait suite aux nombreuses voix francophones qui se sont élevées dans les deux derniers mois pour demander des comptes à l’établissement sudburois concernant la possibilité de couper dans les programmes en français.

« Nous nous engageons à assurer l’avenir de La Laurentienne en qualité d’université où la programmation et l’enseignement de langue française sont valorisés et notre caractère bilingue est célébré et continuerons à concrétiser cet objectif tout au long de notre restructuration en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC). »

Robert Haché, recteur et vice-chancelier de l’Université Laurentienne. Source : Université Laurentienne, webdiffusion

Il faut aussi rappeler que l’Université Laurentienne est assujettie à la Loi sur les services en français (LSF) depuis 2014. Il serait alors très difficile pour l’institution du Nord de l’Ontario de se souscrire à cette désignation.

« La Laurentienne a été le berceau de l’histoire franco-ontarienne et l’incubateur de la renaissance franco-ontarienne, et reconnue en premier lieu parmi les universités bilingues de l’Ontario en vertu de la Loi sur les services en français. Ce récit continue d’être au cœur de l’avenir de La Laurentienne. »

Robert Haché poursuit en vantant notamment l’approche triculturelle de la Laurentienne et assure vouloir continuer à « servir la population francophone pendant de nombreuses années à venir ».

« Nous sommes fiers de l’histoire francophone et du service à la communauté de la Laurentienne. Nous sommes fiers que nos étudiants, notre personnel et notre corps professoral aient revendiqué à la Laurentienne le droit d’apprendre et de travailler en français et de contribuer aux communautés ontariennes en français. Nous sommes également fiers que les programmes que nous offrons représentent ce que recherchent les futurs chefs de file francophones en accomplissant leurs études. »

Rien de « rassurant » pour les professeurs

Pour les professeurs francophones, la lettre de M. Haché n’est « que des mots » qui ne rassure pas la centaine d’enseignants et plus francophones.

« C’est une coquille vide, il fait juste répéter que le bilinguisme et le français sont importants, mais il n’y a aucune mesure qui a été prise depuis 2019. (…) Ça suscite un espoir, mais sans aucune garantie. Est-ce que c’est pour apaiser le climat? Mais c’est un chèque en blanc qu’on nous demande et on peut difficilement avoir confiance (…) Ça fait 50 000 fois qu’on se fait dire qu’on est important, ça fait trois ans qu’on demande des changements concrets », lance Thierry Bissonnette, du Regroupement des professeurs francophones (RPF).

Le RPF comprend mal l’importance qu’accorde le recteur au bilinguisme alors qu’aucun vice-recteur aux affaires francophones n’a pas été embauché depuis le départ de Yves Pelletier à la mi-mars.

« Il n’y a absolument rien de tangible. On a demandé une stratégie et des rapports sur les programmes francophones et c’est en cours, mais ç’a été fait par le vice-recteur qui est parti. Et encore là, aucune réponse à nos questions depuis trois ans, on fait juste acheter du temps et on est très frustré », soutient M. Bissonnette.

Pour ce dernier, il ne fait aucun doute que cette missive de mardi est une réponse directe à l’annonce de l’Université de Sudbury.

« C’est habilement formulé, ce n’est pas dit, mais implicitement, c’est difficile de conclure autrement. Ça montre qu’il n’y a pas eu de consultations très fortes entre l’Université de Sudbury et La Laurentienne. Ça donne l’impression que c’est conflictuel en ce moment et il faudrait que ces deux entités-là se parlent au plus vite. »