La nomination d’un commissaire aux langues officielles se fait attendre

L'ancien commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser. Archives

OTTAWA – Qui succèdera à Graham Fraser à la tête du Commissariat aux langues officielles (CLO) du Canada? Quasiment trois mois jour pour jour après avoir relancé le processus à la suite de la nomination avortée de Madeleine Meilleur, le gouvernement n’a toujours pas annoncé le nom d’un nouveau commissaire aux langues officielles.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Le processus de sélection est en cours et le gouvernement est résolu à le mener dans les meilleurs délais. Cela dit, le gouvernement s’est engagé à trouver le ou la candidate la plus qualifiée au moyen d’un processus de sélection ouvert, transparent et fondé sur le mérite, et il prendra le temps qu’il faudra pour trouver la bonne personne pour ce poste important », explique le directeur des Affaires médiatiques au Bureau du Conseil privé, Paul Duchesne.

Une source d’interrogation pour le porte-parole aux langues officielles du Parti conservateur du Canada (PCC), Alupa Clarke.

« Il y a plusieurs commissaires qui doivent être nommés et les délais me semblent anormaux. Peut-être est-ce plus facile pour le gouvernement de maintenir, autant que possible, des commissaires intérimaires qui ont moins de pouvoir d’actions? J’ai tenté de poser la question en chambre à la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, pour savoir où on en est concernant la nomination du commissaire aux langues officielles et pour avoir plus de détails sur le nouveau processus de sélection, mais je n’ai pas eu de réponse. »

Le député conservateur dit espérer que le gouvernement consultera en bonne et due forme les chefs des deux partis d’opposition. Cette demande trouve également un écho chez son homologue du Nouveau Parti démocratique (NPD), François Choquette.


« Aujourd’hui, Mme Joly est dans le pétrin à cause de l’entente avec Netflix et j’ai l’impression que ce sont les langues officielles qui en pâtissent. » – François Choquette, député néo-démocrate


« Les délais m’inquiètent doublement : d’une part, le premier ministre n’a toujours pas rencontré la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) et le Quebec Community Groups Network (QCGN) pour parler du processus de sélection et d’autre part, nous n’avons toujours pas eu de clarifications sur la manière dont le gouvernement entend consulter les partis d’opposition pour choisir un ou une nouvelle commissaire. »

La FCFA prête à patienter

Le gouvernement a jusqu’au 16 décembre pour trouver le remplaçant de M. Fraser, soit un an après la première nomination par intérim de Mme Saikaley, dont le mandat a été prolongé en juin dernier.

Le président de la FCFA, Jean Johnson, reconnaît que le dossier est urgent, mais fait preuve de patience.

« Le processus est toujours en marche et je ne m’attends pas à ce qu’on ait de nouvelles avant le mois de décembre. La commissaire intérimaire fait un excellent travail, elle est très professionnelle et très investie, même si c’est sûr qu’on a hâte d’avoir une personne permanente à ce poste. Une fois nommée, celle-ci aura beaucoup de travail… »

Le président de l’organisme porte-parole des francophones en milieu minoritaire ne fixe aucune exigence quant à ce recrutement, si ce n’est d’éviter une nomination qui pourrait être perçue comme partisane.

Pour M. Choquette, l’absence d’une nomination rapide nuit au travail à long terme du CLO.

« La commissaire par intérim fait un excellent travail, mais quand on est nommé par intérim, c’est difficile de s’attaquer à des grands dossiers à long terme, comme M. Fraser avait pu le faire sur la petite enfance ou Air Canada. Le statut d’intérimaire empêche de développer une vision à long terme. »

Des candidats discrets

Joints par #ONfr, plusieurs candidats qui avaient participé à la première ronde de recrutement ont confirmé avoir décidé de maintenir leur candidature. Aucun n’a toutefois souhaité se prononcer davantage.

Parmi les noms plusieurs fois rapportés, l’Acadien et actuel directeur du Bureau des affaires francophones et francophiles (BAFF) de l’Université Simon Fraser (SFU), Gino LeBlanc, la commissaire aux langues officielles pour le Nouveau-Brunswick, Katherine d’Entremont, le commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau, la directrice générale de la Fédération acadienne de Nouvelle-Écosse (FANE), Marie-Claude Rioux, la politologue de l’Université d’Ottawa, Linda Cardinal, ou encore l’avocat spécialisé en droits linguistiques, Michel Doucet, ainsi que l’actuelle commissaire par intérim, Mme Saikaley, sont pressentis pour succéder à M. Fraser.

Après 10 ans à la tête du CLO, M. Fraser avait quitté son poste le 16 décembre dernier.