La paix syndicale s’effrite dans les écoles

Des enseignants de l'Ontario sur les lignes de piquetage.

TORONTO – La paix syndicale qui régnait depuis deux ans dans les écoles de l’Ontario serait en train de s’effriter.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Les enseignants des écoles secondaires publiques anglophones dans la région de Durham et à Sudbury étaient dans la rue, le jeudi 30 avril, pour dénoncer l’immobilisme de leurs négociations collectives. Leurs collègues de la région de Peel, à l’ouest de Toronto, se rapprochaient eux aussi des lignes de piquetage.

Au cœur du litige : le nouveau système de négociations collectives à deux niveaux que le gouvernement libéral à Queen’s Park a mis en place au cours de la dernière année. Un système qui oblige les syndicats à se battre sur deux fronts en même temps : au niveau local pour les conditions de travail de leurs membres, et au niveau provincial pour les grandes questions d’argent.

Pour l’instant, ce sont les négociations locales qui achoppent.

« L’employeur (…) n’a démontré aucune intention de négocier, d’échanger, d’étudier des contrepropositions ou de considérer sérieusement les priorités (…) de nos membres », a dénoncé Harvey Bischof, vice-président de la Fédération des enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEESO), au sujet du conflit de travail au Rainbow District School Board, à Sudbury.

 

Pas d’intervention

Pour le gouvernement libéral de Kathleen Wynne, qui a modifié le processus de négociation pour donner plus de pouvoirs de négociation aux syndicats vis-à-vis des conseils scolaires, il n’est pas question d’intervenir dans des conflits de travail tant qu’ils demeurent au niveau local.

« Les syndicats ont quitté la table pour faire la grève. C’est à eux, qui ont décidé de faire la grève, d’articuler quels sont les enjeux locaux qui justifient leur décision », a relancé Liz Sandals, ministre de l’Éducation, ajoutant toujours souhaiter une « solution négociée » aux grèves dans Durham et à Sudbury.

Rappelons que les libéraux à Queen’s Park ont dû allonger près de 470 millions $ aux enseignants anglophones pour se faire pardonner la loi spéciale 115 qui a gelé brièvement leurs salaires et provoqué des grèves rotatives dans bon nombre d’écoles, en 2012.

 

« Aucun leadership »

« La ministre de l’Éducation doit faire preuve de leadership. Elle ne démontre aucun leadership au niveau local. C’est pour cette raison que 29 000 élèves sont privés de cours », a fustigé Garfield Dunlop, critique du Parti progressiste-conservateur en matière d’Éducation. « Le gouvernement croyait que tout allait bien. Mais, en réalité, c’est aujourd’hui la pagaille dans le secteur de l’éducation. »

Les enseignants des écoles élémentaires publiques et ceux des écoles catholiques anglophones songeraient aussi à débrayer au cours des prochaines semaines. Les enseignants des écoles franco-ontariennes n’avaient pas encore signalé leur intention de rejoindre les lignes de piquetage, le 30 avril.

L’opposition dit tout de même craindre une grève à l’échelle de la province avant la fin de l’année scolaire.

« Cet enjeu traîne depuis un bout de temps. Il y a de la frustration. C’est pour cette raison que des grèves se produisent. Il y a un sentiment d’immobilisme à la table des négociations », a sympathisé la chef néo-démocrate Andrea Horwath.