La pénurie de main-d’œuvre persiste au sein des conseils scolaires

L'Ontario connait une pénurie d'enseignants francophones qui a atteint son paroxysme selon les acteurs du secteur. Source: Canva

OTTAWA – Bien que la rentrée scolaire et le retour physique dans les salles de classe suscitent l’engouement dans l’ensemble de la communauté, la rareté de la main-d’œuvre dans le secteur de l’éducation ne permet toujours pas aux écoles de fonctionner à leur plein potentiel. Une situation alarmante qui touche aussi bien les enseignants que le personnel de soutien.

La pénurie de personnel se fait toujours ressentir au sein des écoles francophones.

Au Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE), le nombre de postes à temps plein et temps partiel qui sont actuellement vacants au sein des 58 écoles du conseil réparties sur son grand territoire, en plus de l’Académie d’apprentissage virtuel et du consortium d’enseignement personnalisé (CEPV), est de 112 postes. Ce qui représente environ deux postes par école.

« Plus de 98,5 % des postes en enseignement au CECCE sont comblés, soit 1756 postes au total. Bien que presque tous les postes en enseignement soient actuellement pourvus, le CECCE invite toujours les candidates et candidats à consulter le site Web du Conseil, car de nouvelles occasions d’emploi y sont régulièrement affichées », affirme le conseil scolaire

Même si ces chiffres sont relativement stables, il faut noter que depuis plusieurs années, les conseils scolaires font face à une pénurie d’enseignants francophones au sein de la province.

En février 2020, l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), en partenariat avec l’association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO) et l’Association des conseils scolaires catholiques (AFOSC), avait produit un rapport sur la pénurie des enseignantes et enseignants dans le système d’éducation de langue française.

Dans ce rapport, le groupe de travail estime « qu’en prenant en considération la tendance annuelle de la hausse d’effectifs d’élèves qui se poursuit (2 000), le taux élevé d’attrition du personnel enseignant francophone (600) et la demande en suppléance (173), la demande en personnel enseignant dans les écoles de langue française s’élève annuellement à 940. Ce nombre ne tient pas compte du nombre potentiel d’enseignantes et enseignants additionnels pour assurer la mise en œuvre des plans pour contrer la propagation de la COVID-19 ».

Pour Johanne Lacombe, présidente de l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC), la pénurie d’enseignants a poussé les conseils scolaires à prendre des décisions radicales pour être en mesure de fournir des services aux élèves.

« Ils [les conseils scolaires] ont dû puiser ailleurs pour trouver des enseignants et des enseignantes. Ces derniers ont dû mettre certains enseignants sur des contrats de suppléances à long terme, embaucher parfois du personnel non qualifié pour l’instant ou encore puiser auprès des enseignants retraités pour qu’ils puissent donner un coup de main. Cette situation fait que nous ne sommes pas en mesure d’offrir tous les services nécessaires à nos élèves. Ce qui rend le problème encore plus inquiétant », déclare-t-elle.

Une situation qui s’enlise malgré l’appui gouvernemental

Pour faire face à ce manque de main-d’œuvre, le gouvernement avait mis en place en juin 2021 la stratégie ontarienne de recrutement et de rétention du personnel enseignant de langue française (2021-2025).

Cette stratégie prévoyait entre autres : la promotion du parcours d’enseignement et un recrutement massif du personnel enseignant ayant été formé, une élimination des obstacles aux programmes de formation à l’enseignement, un assouplissement des programmes ou encore la création d’un environnement qui soutiennent les enseignants.

Selon Anne Vinet-Roy, les effets sur le terrain de cette stratégie tardent à se faire ressentir. 

« D’après ce que l’on voit, le ministère de l’Éducation travaille sur la mise en œuvre du plan, mais concrètement, nous n’avons encore rien vu sur le terrain », explique-t-elle.

Cette opinion est partagée par Johanne Lacombe qui estime qu’il est encore trop tôt pour faire une évaluation du plan de recrutement proposé par la province.

« Également, le problème des enseignants francophones est encore plus criant dans les écoles de langue française comparativement aux conseils scolaires anglophones qui offrent des cours optionnels d’immersion. De notre côté, nous avons du mal à trouver le nombre d’enseignants et enseignantes nécessaire pour notre population estudiantine. Je peux vous dire qu’en ce moment, les efforts gouvernementaux, on ne voit pas le fruit de leurs actions sur le terrain. Cependant, il faut leur donner du temps », ajoute-t-elle.

Une pénurie qui ne touche pas que les enseignants

« En plus de la pénurie qui touche le domaine de l’éducation, l’administration doit aussi composer avec la pénurie de main-d’œuvre généralisée qui touche par exemple les domaines administratifs, de l’informatique et de la conciergerie. Des opportunités d’emploi intéressantes sont actuellement affichées sur le site Web du Conseil, alors certains postes sont encore à pourvoir. L’administration invite donc la communauté à consulter régulièrement les offres d’emploi et de postuler selon leurs champs d’intérêts et compétences  » a déclaré le CECCE.

Tout de même, le conseil scolaire se réjouit du fait que le consortium de transport scolaire d’Ottawa (CTSO) a pu réussir à pouvoir tous les postes de conducteurs et de conductrices d’autobus pour assurer le service.