La possibilité d’une grève se rapproche pour les enseignants francophones

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TORONTO – Les 11 800 enseignants franco-ontariens se prononceront, du 18 au 20 décembre, sur la possibilité d’une grève. La décision a été entérinée ce mercredi par le conseil d’administration de l’Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens (AEFO).

Cette annonce intervient alors que le syndicat est en négociation depuis fin août avec le gouvernement et le Conseil des associations d’employeurs (CAE) pour trouver un terrain d’entente sur une nouvelle convention collective.

Mais selon son président, ces discussions seraient au point mort. « Il y a déjà eu suffisamment de coupes en éducation », tranche Rémi Sabourin, évoquant des « retranchements inacceptables ».

Des négociations en panne

Au delà du « chaos des coupures de mars dernier », ce qui agace le plus le leader syndical, ce sont les nombreuses annonces et déclarations du ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, de nature à remettre en cause la sérénité des discussions collectives : « Le gouvernement négocie à l’extérieur de la négociation même », dénonce-t-il.

Rémi Sabourin, président de l’AEFO. Gracieuseté

Le plafonnement de la rémunération de la fonction publique à 1 % ne passe pas dans les rangs des enseignants. « Ce projet de loi vient ligoter les mains des parties pour arriver à une entente », s’insurge M. Sabourin, indiquant que sur d’autres dossiers aussi il y a « des retranchements ».

« Les discussions s’enlisent depuis les dernières rencontres. Il est temps que ça bouge » – Rémi Sabourin, président de l’AEFO

Et de surenchérir : « Le gouvernement et le CAE semblent vouloir en ajouter, notamment en exigeant un recul dans les conditions de travail de nos membres et dans les conditions gagnantes pour l’apprentissage des jeunes. »

Tenir un vote de grève ne signifie pas que l’AEFO veut déclencher une grève à tout prix, précise M. Sabourin.

« Mais les discussions s’enlisent depuis les dernières rencontres. Il est temps que ça bouge. »

Dernier syndicat à recourir au vote de grève

Unique fédération francophone à la table des négociations, l’AEFO est le quatrième et dernier syndicat à approuver la tenue d’un tel vote.

La Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEEO), l’Association des enseignantes et des enseignants catholiques anglo-ontariens (OECTA) et la Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEESO) ont toutes trois déjà obtenu un mandat pour la grève de la part de leurs membres.

La FEEO et la FEESO ont annoncé une grève de zèle dès la semaine prochaine.

Stephen Lecce, ministre de l’Éducation. Crédit image : Rudy Chabannes

Dans l’impasse, la tenue d’un vote de grève reste la meilleure solution de l’avis du conseil d’administration, alors que le gouvernement demeure inflexible, particulièrement sur la question des salaires.

« Notre gouvernement a toujours placé l’intérêt des élèves au premier plan » – Stephen Lecce, ministre de l’Éducation

« Mon objectif a toujours été de conclure des ententes négociées avec nos partenaires en éducation », a affirmé, à de multiples reprises ces derniers jours, Stephen Lecce.

Le ministre tient coûte que coûte à ce que les élèves restent en classe.

« Alors que notre gouvernement a été une force raisonnable à la table de négociation et a toujours placé l’intérêt des élèves au premier plan, les syndicats continuent de prendre des mesures qui les rapprochent de la grève – ce qui pourrait entraîner la fermeture d’écoles, une perturbation et de l’incertitude pour les élèves et leurs parents. »

La médiation écartée pour l’instant

À ce stade, l’AEFO écarte la piste de la médiation proposée par le ministre.

« On ne pense pas que ce soit une avenue à ce moment-ci », indique M. Sabourin, « car on ne voit pas encore le fil d’arrivée. On doit lever un certains nombre d’embûches avant cela. C’est trop prématuré de parler de ça. »

« Je suis convaincu que c’est la bonne marche à suivre, car une médiation permettra à un tiers indépendant d’aider les syndicats, les associations d’employeurs et le gouvernement à atteindre une entente », juge au contraire M. Lecce, invitant tous les partenaires à accepter cette offre pour ne « pas perturber l’année scolaire de nos enfants ».

En attendant, le marathon des négociations continue. Trois auront lieu en décembre et quatre en janvier dans un climat vraisemblablement différent après le vote de grève.

« Je ne sais pas si ça sera plus tendu », confie le président Sabourin, « mais je peux vous dire que les autres parties vont sentir l’appui de nos membres qui sont derrière nous. Ils ne pourront pas faire fi de ça. »