La résistance franco-ontarienne est lancée

Le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario (AFO) Carol Jolin et le directeur général de l'AFO (à gauche), Peter Hominuk. Source: Twitter FCFA

OTTAWA – L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a officiellement lancé, ce jeudi, une campagne de « résistance » aux coupures annoncées par le gouvernement progressiste-conservateur, dans son énoncé économique de jeudi dernier. Une vague de manifestations partout à travers la province aura lieu le samedi 1er décembre. 

SÉBASTIEN PIERROZ
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BENJAMIN VACHET
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« Nous ne reculerons pas », a fait entendre le président Carol Jolin dès le début de la conférence, affirmant du même coup ne pas avoir encore eu la réponse de Doug Ford quant à la rencontre demandée la semaine dernière.

L’AFO avait donné un premier indice, hier en après-midi. « Le samedi 1er décembre de 13h à 15h, c’est le temps de se mobiliser. Faisons entendre nos voix pour que le gouvernement annule sa décision d’abolir le Commissariat aux services en français et l’Université de l’Ontario français », avait écrit le président, Carol Jolin.

Au total, les manifestations se dérouleront devant une quarantaine de bureaux des députés progressistes-conservateurs. Quatre sont prévues à Ottawa, et quatre à Toronto.

« On pense avoir ainsi plus d’impact en frappant à plusieurs endroits en province, et une meilleure couverture médiatique », a expliqué Carol Jolin. « Ensuite, il faut mettre la pression sur les députés locaux, afin que lorsqu’ils retournent à Queen’s Park, qu’ils aillent parler de leur expérience avec la communauté francophone. »

Ce jeudi, l’AFO a invité tous les francophones et les francophiles, ainsi que tous les Canadiens, à appuyer le mouvement de résistance franco-ontarien, notamment en se joignant aux manifestations du 1er décembre et en contribuant financièrement à la cause franco-ontarienne.

La campagne de soutien financier avait déjà rassemblé 32 000 $ ce jeudi.

Une semaine, jour pour jour, après le dévoilement de l’énoncé économique, les militants ne digèrent toujours pas l’annulation de l’Université de l’Ontario français et l’abolition du poste de commissaire aux services en français occupé par François Boileau. L’organisme demande au gouvernement de revenir sur sa décision.

« L’Assemblée rappelle que la concrétisation de l’Université de l’Ontario français était une promesse du premier ministre lors de la campagne électorale qui a été réitérée par Caroline Mulroney, ministre déléguée aux Affaires francophones. Promesse faite. Promesse non tenue », a dénoncé l’AFO, lors de son point presse, ce jeudi.

Pour autant Carol Jolin refuse de fermer la porte au gouvernement, et pense que la solution est encore politique. Pas question dans ces conditions d’appeler à la démission de Caroline Mulroney. « Pour la remplacer par qui? », s’est interrogé le président de l’AFO lorsque questionné sur le cas de la ministre déléguée aux Affaires francophones.

« Elle est la personne sur qui il faut compter », a ajouté du même souffle M. Jolin, reconnaissant tout de même « ne pas vouloir être à sa place » en ce moment.

Main tendue ou recours judiciaire

Depuis plusieurs jours, les différents acteurs du mouvement Résistance sont sur le pied de guerre. Une stratégie a été peaufinée depuis jeudi dernier, avec une première réunion à huis clos tenue par les différents acteurs, dimanche dernier.

« Il n’est pas trop tard pour la province de renverser la vapeur. Il n’est pas trop tard pour écouter la population franco-ontarienne. Il n’est pas trop tard pour que le gouvernement de l’Ontario redevienne un partenaire et un leader en matière de francophonie », a martelé M. Jolin.

L’organisme n’écarte toutefois pas un recours judiciaire, si le gouvernement ne revient pas sur ses deux décisions.

Pour beaucoup, ce mouvement de résistance au gouvernement ontarien est de loin le plus fort qu’a connu l’Ontario français depuis la crise de l’Hôpital Montfort en 1997.

« Attaque envers la francophonie »

« Si je regarde tout ce qui a été fait depuis que le gouvernement a pris le pouvoir, ça commence à ressembler à une attaque envers la francophonie. C’est un manque de respect envers la francophonie pour des économies de bout de chandelle », dit le président de l’AFO.

Avant les annonces de la semaine dernière, le gouvernement Ford avait soufflé le chaud et le froid vis à vis des francophones. La fin de l’autonomie du ministère aux Affaires francophones avait précédé des discours encourageants de Caroline Mulroney, et la motion sur l’identité linguistique sur la carte santé déposée par la députée Amanda Simard au mois d’octobre.

« Je crains qu’il y ait d’autres dossiers qui s’ajoutent », a déploré M. Jolin.


POUR EN SAVOIR PLUS :

Première manifestation le 1er décembre pour le mouvement « Résistance »