L’AEFO a choisi la continuité

Le président de l'AEFO, Rémi Sabourin. Gracieuseté AEFO

[ANALYSE]

MISSISSAUGA – L’assemblée annuelle de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) n’a pas livré de surprises majeures ce dimanche. Rémi Sabourin a obtenu un second mandat à la tête du syndicat.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

La prise de fonction intervenant en septembre, le président réélu sera techniquement en poste jusqu’à l’été 2020. Un mandat important, eu égard aux 10 600 enseignants que constituent le syndicat représentant les 12 conseils scolaires francophones.

Toujours est-il que ces deux ans et demi seront pour M. Sabourin moins tranquilles que le premier mandat. Le premier défi sera somme toute de renégocier l’entente collective avec le ministère de l’Éducation laquelle arrivera à échéance en août 2019.

Difficile de préjuger quels seront les défis du prochain protocole d’accord. C’est pourtant à l’aune des accords obtenus qu’est souvent jugé le président de l’AEFO.  En septembre 2015, aux termes de 13 mois de longues tractations et négociations en coulisses, l’ancien homme fort, Carol Jolin, avait arraché in-extremis un accord avec le gouvernement.

Le second dossier pour le syndicat est beaucoup dans l’ère du temps. Depuis plusieurs mois, la pénurie d’enseignants francophones affecte les différentes écoles, particulièrement dans les régions éloignées. En 2015, le programme de formation en Ontario passant de un à deux ans a diminué la capacité de recruter des enseignants. Conséquences? Il faut maintenant se tourner vers le Québec ou même l’international pour séduire les enseignants. Dans le même temps, la banque de suppléants qualifiés diminue. Une situation dès lors très embarrassante

À cela s’ajoute des difficultés plus « administratives » : capacités limitées de transférer les enseignants d’un conseil scolaire à l’autre, obstacles qui continuent pour obtenir une permanence.

 

Violence dans les salles de classes

Troisième défi auquel l’AEFO doit faire face : la violence dans les salles de classes. Les témoignages se sont multipliés au cours de la fin de semaine. Celle-ci concernerait de plus en plus des actes d’élèves envers leurs enseignants.

Comment comprendre ce tableau noir? Disons que ce qui était tolérable il y a encore 15 ans dans les écoles ne l’est plus aujourd’hui. Mais les bonnes paroles de « tolérance zéro » doivent aussi s’accompagner des moyens. Pas certain dans ces conditions que le passage de la ministre de l’Éducation devant les membres de l’AEFO ce samedi ait rassuré. Les 223 millions de dollars promis par Indira Naidoo-Harris pour l’embauche d’enseignants et d’aide-enseignants restent pour beaucoup une annonce bien floue.

 

L’enjeu des élections

Une main de fer dans un gant de velours, voilà comment pourrait-on définir le rôle d’un président de l’AEFO. Car plus encore que pour les autres organismes franco-ontariens, il s’agit de bien souvent de présenter, négocier, convaincre dans l’ombre, un gouvernement dont la lentille francophone ne fait pas office de réflexe.

La campagne des élections provinciales au printemps pourrait offrir au syndicat une formidable vitrine de revendications.

Au petit jeu de la séduction, la représentante néo-démocrate lors de l’assemblée Peggy Sattler a marqué des points, en demandant la fin des tests de l’Office de la qualité et de la responsabilité en éducation (OQRE). Des résultats toujours dénoncés par le syndicat.

Plus fâcheux, le Parti progressiste-conservateur (Parti PC) n’était pas présent cette année. L’ancien chef Patrick Brown avait pourtant fait le déplacement pour les deux dernières assemblées annuelles. Agenda trop chargé du fait de la course à la chefferie? Oubli? L’AEFO devra encore attendre pour obtenir des garanties du parti favori des élections.

 

Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 26 février.