L’affaire des centrales au gaz brûle toujours

TORONTO – Un rapport d’un comité parlementaire de l’Ontario qui était censé éteindre pour de bon la controverse dans l’affaire des centrales au gaz n’a fait, au contraire, que rajouter de l’huile sur le feu.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne a été la cible d’un tir groupé de l’opposition au lendemain du dépôt de ce rapport, le mercredi 18 février.

Les progressistes-conservateurs, tout comme les néo-démocrates ont accusé les libéraux d’avoir précipité la fin d’une enquête du comité parlementaire sur la justice dans l’affaire des centrales au gaz afin que ses conclusions n’écorchent pas trop le parti au pouvoir.

Les libéraux à Queen’s Park ont annulé la construction de centrales électriques au gaz à Mississauga et à Oakville peu avant les élections provinciales de 2011 dans le but de conserver une poignée de sièges dans ces communautés où de tels projets étaient impopulaires. La manœuvre électoraliste a coûté plus de 1,1 milliard $ au trésor public.

« Rapport incomplet »

Or, le rapport fait mention seulement d’un besoin à l’avenir de mieux consulter la population avant de décider de l’emplacement d’une centrale au gaz. Le document fait aussi mention d’« insuffisances » au niveau de la tenue des dossiers alors que, de son côté, la Police provinciale de l’Ontario (PPO) enquête sur la suppression délibérée de courriels au sujet des deux annulations de dernière minute.

« Avec tout le poids de votre majorité, vous avez forcé le comité à produire un rapport incomplet », a tonné le progressiste-conservateur John Yakabuski à la période de questions à Queen’s Park, le 18 février. « Vous avez empêché l’Assemblée législative et la PPO d’aller au fond des choses. »

Le comité parlementaire, contrôlé par une majorité de libéraux, aurait aussi été contraint de produire un rapport avant d’avoir entendu les témoignages d’une ancienne employée de Dalton McGuinty à l’époque où il était premier ministre, et du conjoint de cette ancienne employée qui est soupçonné d’avoir supprimé des documents du gouvernement dans cette affaire de centrales au gaz.

« Les libéraux ont détruit des documents et ils se sont fait prendre », a fait tomber la chef néo-démocrate Andrea Horwath à la période de questions à Queen’s Park.

La première ministre Kathleen Wynne, qui était coprésidente de la campagne libérale de 2011, a indiqué pour sa part que le comité parlementaire avait entendu 93 témoins sur une période de deux ans et qu’il avait, selon elle, accouché d’un bon rapport.