L’AFO mitigée après les annonces de Doug Ford

Carol Jolin, lors de la conférence vendredi soir. Crédit image: Sébastien Pierroz

OTTAWA – L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) ne dépose pas les armes, malgré le recul très partiel de Doug Ford, vendredi en fin d’après-midi. Dans une conférence de presse de dernière minute en soirée, l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens salue le geste, mais se désole du contenu. 

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

19h vendredi soir dans les bureaux de l’AFO, les caméras sont présentes pour Carol Jolin. Un sentiment de déjà vu puisque la veille, au même endroit, le président de l’organisme s’était présenté devant les médias pour détailler le plan des manifestations du 1er décembre.

Dans un communiqué envoyé vendredi à 17h, le gouvernement ontarien venait d’indiquer trois mesures « en reconnaissance des contributions importantes et continues des Franco-Ontariennes, Franco-Ontariens et francophones dans notre province depuis 400 ans ». Parmi elles, la volonté d’officialiser la création d’un poste de commissaire aux services en français qui dépendra du bureau de l’ombudsman.

Une annonce qui fait grincer des dents M. Jolin. « Le Commissariat est totalement indépendant et ne relève de personne. On ne voyait pas la possibilité de le mettre sous un ombudsman ce qui limiterait le travail qui se fait. On demande le statu quo, ni plus ni moins, pour que le Commissariat soit totalement indépendant », a illustré le président de l’organisme.

Pour le reste, M. Jolin s’est montré plus réceptif aux deux autres mesures, à savoir la mise en place d’un poste de conseiller principal en politiques responsable des Affaires francophones, poste supprimé en mars 2018 lors de la prise de pouvoir de Doug Ford à la tête du Parti progressiste-conservateur. Seconde mesure : l’autonomie complète du ministère des Affaires francophones, là aussi perdue après l’assermentation du nouveau gouvernement le 29 juin dernier.

« Ce sont des gestes positifs, et on salue la volonté du gouvernement. Avoir un conseiller francophone dans le bureau de Doug Ford, c’était une promesse de Doug Ford. »

Rencontre entre l’AFO, Mulroney et Ford?

Au-delà des annonces, on sent toujours l’AFO amère quant aux relations entretenues avec l’équipe Ford, même si le gouvernement indiquait, dans son annonce de vendredi, que le premier ministre souhaite « rencontrer sur une base plus fréquente les membres de la communauté franco-ontarienne et leurs organismes. »

« On a eu une conversation avec la ministre déléguée aux Affaires francophones, Caroline Mulroney, avant la conférence de presse », a révélé M. Jolin. « On aurait aimé être consulté et avoir l’occasion de travailler avec la ministre. On espère que ce se fera dans le futur. Elle a mentionné qu’on puisse avoir une rencontre avec M. Ford et elle-même. »

Interrogé par #ONfr sur le contenu des discussions avec Mme Mulroney, le président de l’AFO avoue n’avoir pas fait valoir d’arguments économiques sur les compressions. « Je suis certain que les entrevues que j’ai données un peu partout se sont rendues à son bureau, à savoir qu’il n’y avait aucun avantage économique, mais une diminution de la qualité des services que le Commissariat pouvait donner. »

L’AFO a confirmé maintenir les manifestations prévues le 1er décembre devant une quarantaine de bureaux de députés provinciaux pour protester contre les compressions.

L’Université de l’Ontario français « pas réglée »

Dans la salle des bureaux de l’AFO au 435 rue Donald ce vendredi soir, on trouvait de nombreux leaders. À commencer par le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Jean Johnson. « Carol Jolin a bien réagi, dans le sens qu’il a confirmé l’importance de l’ouverture vers un dialogue. Sur la question du Commissariat, ce n’est pas tout à fait ce que la communauté voudrait (…) La question de l’Université francophone n’est pas réglée encore. »

Dans le communiqué de presse du gouvernement Ford, Caroline Mulroney a montré une très légère ouverture pour le projet. « J’attends avec impatience le jour où l’état des finances publiques nous permettra d’aller de l’avant avec des projets comme celui de l’université de langue française. »

Autre responsable d’organisme présent : le président de Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), Robert Melanson. « Nous sommes très solidaires des Franco-Ontariens. Il n’y a aucune raison pour laquelle ils devraient reculer d’un iota. Il n’y a aucune raison qui justifie que les luttes des Franco-Ontariens reculent. »


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