L’AFO se tourne vers le fédéral pour l’Université de l’Ontario français

De gauche à droite, le directeur général de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario (AFO), Peter Hominuk, le recteur par intérim de l'Université de l'Ontario français, Normand Labrie et le président de l'AFO, Carol Jolin, Crédit image: Benjamin Vachet

OTTAWA – Afin que le projet d’université de langue française puisse aller de l’avant en Ontario, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) demande au gouvernement fédéral de financer les quatre premières années du projet, le temps que la province assainisse ses finances.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Deux jours avant les manifestations franco-ontariennes du samedi 1er décembre, le premier ministre Doug Ford et la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, avaient répété que le projet d’université franco-ontarienne devrait attendre des jours meilleurs. Après avoir annoncé son abandon définitif lors du dévoilement de l’énoncé économique, le gouvernement répétait à l’AFO, lors d’une rencontre, sa contre-proposition du 23 novembre.

Quelques jours plus tard, l’organisme pense avoir trouvé une solution, a-t-il expliqué devant le comité permanent des langues officielles.

« Initialement, on parlait de contributions égales et il fallait que la province investisse immédiatement dans le dossier de l’université. Ce qu’on propose aujourd’hui, c’est que le gouvernement fédéral finance les quatre premières années du projet, puis que la province prenne le relais. Avec ce modèle-là, on rejoindrait les deux objectifs : l’université de l’Ontario français pourrait aller de l’avant et ça respecterait les priorités du gouvernement provincial qui aurait alors quatre ans pour assainir les finances avant de pouvoir investir », explique le président de l’AFO, Carol Jolin.

L’échéance du 15 janvier

L’Université de l’Ontario français (UOF) a évalué à 84 millions $ sur huit ans la somme nécessaire pour son démarrage. L’AFO espère encore une ouverture en 2020. Mais le temps presse, car le budget annuel de 1,5 million $ de l’Université de l’Ontario français (UOF), versé par la province, arrive à échéance le 15 janvier et qu’il ne sera pas renouvelé. L’équipe administrative de l’institution a également déjà perdu cinq de ses 13 employés.

« Comme on n’a pas encore d’étudiants, on dépend entièrement de ces fonds. On a besoin de 1,5 million $ pour maintenir le minimum d’activités, mais cela ne nous permettra pas de développer le projet », explique Normand Labrie, recteur par intérim de l’UOF.

Même si aucune solution n’est trouvée d’ici là, l’université continuera d’exister légalement, précise-t-il, mais les trois ans de travail préparatoire seront perdus et l’université ne comptera alors plus qu’un conseil de gouvernance, sans aucun employé.

M. Labrie indique également qu’il attend toujours la validation des programmes de l’UOF par la ministre de la Formation et des Collèges et Universités, Merrilee Fullerton. Une demande a été déposée en ce sens le 1er octobre dernier.

« Il y a toujours des délais avec un nouveau gouvernement. Ceci dit, on se serait attendu à ce que, à la fin octobre, les programmes aient été transmis à l’organisme par le ministère pour qu’on ait nos évaluations à l’été prochain. Il n’y a pas eu d’empressement et plus le temps passe, plus ça remet en cause la possibilité d’offrir des baccalauréats spécialisés dès 2020. »

Le fédéral attend toujours la province

L’AFO indique avoir reçu un signal favorable du gouvernement Trudeau quant à son idée d’un financement fédéral pour les quatre premières années.

« On n’a pas de garantie écrite, mais on a eu des discussions avec le bureau de Mme Joly. Le gouvernement fédéral est prêt à avoir cette flexibilité pour voir avancer le dossier », dit M. Jolin.

Le président de l’AFO espère qu’Ottawa fera le premier pas pour débloquer une situation qui semble tourner en rond. Preuve en est, le bureau de la ministre Joly répète, une fois encore, attendre une demande formelle de la province.

« Pour que le projet puisse aller de l’avant, la province de l’Ontario doit joindre le fédéral à la table, prioriser le projet et faire une demande concrète. Nous avons toujours été un bon partenaire et nous continuerons de l’être. »

Une lettre a été envoyée ce mardi à la ministre Mulroney pour lui faire part de cette proposition qui engagerait tout de même la province sur le long terme, prévient le président de l’AFO.

« Ce ne sera pas un chèque en blanc. Si le gouvernement fédéral prend l’initiative de financer les quatre premières années, il faut un engagement solide que la province financera les quatre années suivantes de la même façon. C’est quelque chose qui doit être négocié de façon solide. »

La situation de la francophonie canadienne

Le comité permanent des langues officielles poursuivra son étude de la situation de la francophonie canadienne jusqu’au temps des fêtes. Après avoir reçu l’AFO et les représentants de l’UOF, le comité recevra, ce jeudi, le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge et l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario.

Le président du comité, le député libéral Denis Paradis, indique qu’il n’a pas encore été décidé si le comité fera un rapport ou intégrera ses recommandations à celles sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles. Mais une lettre pourrait être adressée à la ministre Joly pour la presser de faire le premier pas auprès de l’Ontario, suggèrent certains élus.


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