L’AFO s’inquiète de l’avenir des médias en Ontario

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TORONTO – Dans son plus récent Livre blanc, publié mardi 26 septembre, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) avoue être inquiète de l’avenir des médias francophones sur son territoire et demande à Ottawa et à Queen’s Park de revoir le modèle financier pour les aider en milieu minoritaire.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

L’organisme porte-parole des Franco-Ontariens déplore qu’au cours des dernières années, les modèles de financement du gouvernement ne se soient pas ajustés aux nouvelles réalités du marché et propose 27 solutions pour pallier les problématiques actuelles.


« Les médias francophones de l’Ontario font face, eux aussi, à une réalité financière qui précarise leur situation déjà complexe de par le fait que leur clientèle est minoritaire et donc plus restreinte, quoique certains journaux desservent des régions à forte concentration francophone » – Assemblée de la francophonie de l’Ontario


L’AFO note que pour aider à compenser le manque à gagner des dernières années, 5 % du budget de placement publicitaire du gouvernement du Canada devrait être dirigé directement vers les médias francophones de l’Ontario, si la campagne publicitaire ne vise que l’Ontario.

Elle estime également que s’il s’agit d’une campagne qui vise la francophonie canadienne dans son ensemble, 15 % du budget devrait être alloué aux médias ontariens.

L’AFO demande également la mise à jour du crédit d’impôt aux entreprises canadiennes visant à encourager l’achat de publicité locale et régionale. Selon eux, avec les mutations du monde numérique, une transformation du système s’impose et permettrait de combler un manque à gagner de quelque 450 millions de dollars dans les coffres des entreprises médiatiques du pays.

Dans ce Livre blanc, il est également recommandé que le gouvernement ontarien crée un fonds d’urgence qui serait disponible jusqu’au retour des publicités gouvernementales et qu’un Observatoire neutre soit mis sur pied pour effectuer le monitorage d’auditoire et de lectorat.

Le président de l’AFO, Carol Jolin, n’a pas hésité à qualifier la situation des médias de « difficile »

Des revenus en chute libre

Selon les données utilisées par le commissaire aux langues officielles du Canada pour la période allant de 2006-2007 à 2014-2015, soit en huit ans seulement, il ressort que les journaux francophones en milieu minoritaire au Canada ont vu les placements publicitaires fédéraux baisser de 78 % et les radios communautaires, de 73 %.

Durant cette même période, le gouvernement du Canada a triplé ses placements publicitaires vers le web, passant de 5 à 14 millions de dollars.

Pour l’AFO, il est clair que les médias francophones font partie intégrante des communautés en milieu minoritaire et devraient recevoir un financement en conséquence.

La ministre  des Affaires francophones de l’Ontario, Marie-France Lalonde concède qu’il y a un problème de financement et indique que les médias francophones peuvent également appliqué au nouveau « Programme franco » annoncée le mardi 26 septembre.

« On espère qu’au niveau des médias, certaines des recommandations (du Livre blanc) pourront aider », a expliqué la ministre Lalonde.

« Nous avons beaucoup de petites communautés qui vont pouvoir être aider », a-t-elle ajouté.

D’autres rapports à venir

Un rapport du commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau, est attendu à l’automne sur le sujet. M. Boileau avait lancé une enquête il y a quelques mois à la suite d’une plainte après une chute importante des publicités du gouvernement de l’Ontario dans les médias traditionnels de la communauté francophone de l’Ontario.

Le Commissariat aux langues officielles du Canada (CLO) a également pointé du doigt le gouvernement fédéral dans la crise que traversent les médias francophones à l’extérieur du Québec et lui demande d’adopter des mesures pour améliorer la situation. Un peu plus tôt cette semaine, le porte-parole aux langues officielles du Nouveau Parti démocratique (NPD), François Choquette, avait joint sa voix à ces demandes, en lançant un appel au gouvernement fédéral pour aider les médias locaux œuvrant au sein des communautés de langue officielle en situation minoritaire au Canada.

« Les médias locaux destinés aux communautés minoritaires jouent un rôle essentiel au fonctionnement d’une saine démocratie. Par conséquent, le gouvernement fédéral doit tenir compte des transformations qui bouleversent l’univers médiatique canadien afin de régler le problème du sous-financement qui affectent les médias locaux en milieu minoritaire », explique le député fédéral.


Quelques recommandations :

  • 5 % du budget de placement publicitaire du gouvernement du Canada doit être dirigé directement aux médias francophones ontariens si la campagne ne vise que l’Ontario; et que ce pourcentage soit de 15 % s’il s’agit d’une campagne qui vise la francophonie canadienne dans son ensemble.
  • Le gouvernement du Canada doit assurer un suivi rapide au rapport du commissaire aux langues officielles du Canada afin d’assurer le retour des placements publicitaires dans les plus brefs délais.
  • 5 % du budget de placements publicitaires du gouvernement de l’Ontario et de ses agences désignées devrait être dédié aux médias francophones de l’Ontario, afin que ceux-ci les convertissent en produits diffusés en ondes et en ligne pour les radios et sur papier et en ligne pour les journaux.
  • Mettre en place un programme d’appui financier d’une durée garantie de dix ans avec possibilité de renouvellement. Pour les radios existantes, il s’agirait d’une somme annuelle de fonctionnement de 50 000 $, indexée au coût de la vie chaque année. Pour les projets de radios émergentes, il s’agirait d’une somme de 100 000 $ pour la première année afin d’aider à jumeler l’octroi de démarrage du gouvernement du Canada.