L’AFO veut encourager les services en français dans les commerces

Crédit photo: Benjamin Vachet

OTTAWA – L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a ouvert son congrès 2017, le vendredi 27 octobre, par le lancement provincial de sa campagne Bonjour/Welcome. L’initiative vise à encourager les commerces à offrir des services en français et les francophones à les demander.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Initialement, on avait lancé cette campagne dans la région d’Ottawa comme projet pilote. On a eu un retour très positif. Aujourd’hui, on vise toute la province. Les ACFO (Association des communautés francophones de l’Ontario) vont nous aider à implanter ce projet sur le terrain en démarchant et en sensibilisant les commerçants. L’objectif premier, c’est qu’ils affichent quand ils offrent des services en français. On leur propose même des formations gratuites pour savoir comment accueillir les clients en français », explique le président de l’AFO, Carol Jolin.

Actuellement, huit ACFO régionales ont déjà embarqué dans la campagne, à Ottawa, donc, mais aussi dans Stormont, Dundas et Glengarry, Prescott et Russell, Thunder Bay, dans le Timiskaming, à Kitchener-Waterloo, dans le comté de Simcoe et dans le grand Sudbury.

La directrice générale de l’ACFO du grand Sudbury, Joanne Gervais. Crédit image : Archive #ONfr

« Avec la Place des Arts qui se concrétise, c’est important que la communauté s’affiche en français et que le français soit vu sur la place publique. Ce qui est intéressant, c’est que chaque communauté va travailler chez elle, avec les commerces qu’elle connaît », explique Joanne Gervais, directrice générale de l’ACFO du grand Sudbury.

Rendre les services visibles

Les ACFO remettront notamment aux commerces un kit d’autocollants, d’affiches, d’épinglettes et un lexique pour répondre aux clients. Pour Mme Gervais, le défi est de taille.

« Il faut avouer qu’à Sudbury, on ne voit pas beaucoup d’affichage dans les deux langues. Pourtant, 30 % de la population est francophone et 45 % disent être capables de soutenir une conversation en français. Il y a du travail à faire. »


« Quand tu vas dans les magasins, personne n’est identifié comme parlant français et trop souvent, on se retrouve à parler en anglais avec un employé francophone. » – Joanne Gervais, ACFO Grand Sudbury


À Ottawa, la directrice générale, Ajà Besler, assure que la demande des commerçants est bien là.

« Des fois, les entrepreneurs ne sont pas au courant de toutes les ressources qui existent, ni n’ont le temps de faire des recherches. À Ottawa, le travail est facile car il y a tellement d’entreprises qui ont déjà du personnel bilingue, mais qui ne l’affichent pas. Si c’est bien identifié, les gens hésiteront beaucoup moins à demander des services en français et ça permettra de donner une visibilité à notre langue partout dans la ville. »

Partenaire du projet, le Regroupement des gens d’affaires de la capitale nationale (RGA) explique qu’il offre déjà des services de traduction, mais que ceux-ci sont peu utilisés.

« On offre le programme d’aide aux entreprises depuis 12 ans, avec notamment des services de traduction à un tarif très concurrentiel qui sont malheureusement très peu utilisés, car nous n’avons pas le temps d’en faire la promotion. Cette campagne devrait permettre de le faire et c’est la raison pour laquelle nous avons accepté de partager l’identité visuelle de notre programme Bonjour/Welcome pour que l’AFO lui donne une portée provinciale. On espère que ça encouragera les commerces à avoir du personnel bilingue », explique Nada Bensouda, directrice générale du RGA.

Approche douce

Selon Mme Gervais, il faudra adopter une approche douce.

« On va s’assurer de ne pas faire peur aux commerçants. C’est toujours le défi, dès que tu parles de bilinguisme ou d’affichage, les commerçants pensent trop souvent aux coûts. Il va falloir les rencontrer et leur démontrer qu’il y  a des retombées économiques intéressantes à aller chercher. Ça peut-être gagnant-gagnant! »

L’AFO a reçu une subvention de deux ans de près de 400 000 $ de Patrimoine canadien pour mener à bien ce projet que l’organisme espère voir devenir permanent.

« Des fois, les gens ne pensent pas à s’afficher dans les deux langues officielles. Faire une campagne comme ça va les sensibiliser et leur rappeler qu’il y a des communautés francophones partout en Ontario. On espère rejoindre le plus de commerces possibles et que le français soit encore plus visible », lance M. Jolin.