Lalonde et d’Entremont, deux nouveaux visages francophones à Ottawa

Chris d'Entremont et Marie-France Lalonde. Montage ONFR+
Marie-France Lalonde et Chris d'Entremont. Montage ONFR+

OTTAWA – À la rentrée parlementaire le jeudi 5 décembre, la Chambre des communes accueillera deux nouveaux députés issus des communautés francophones en situation minoritaire : Marie-France Lalonde, du Parti libéral du Canada (PLC) et Chris d’Entremont, du Parti conservateur du Canada (PCC).

Ils ne sont pas dans le même parti, mais Marie-France Lalonde, députée d’Orléans, et Chris d’Entremont, député de Nova-Ouest, ont beaucoup de choses en commun. Issus des communautés francophones en situation minoritaire, tous deux ont construit leur expérience politique au palier provincial avant de faire le saut au fédéral.

« Cela faisait 16 ans que j’étais député provincial et je constatais qu’il y avait beaucoup de choses sur lesquelles je ne pouvais pas intervenir, comme les grands projets en infrastructure ou la pêche qui était très importante dans ma circonscription », explique l’ancien ministre néo-écossais.

Au cours de sa carrière provinciale, l’élu acadien a occupé plusieurs postes de ministre, à la Santé, aux Services communautaires, à l’Agriculture et aux Pêches. Et comme Mme Lalonde, il a également été responsable des Affaires acadiennes, parrainant le projet de Loi sur les services en français en 2004.

Les deux élus seront surveillés de près par les francophones en milieu minoritaire qui auront besoin d’alliés pour pousser le dossier de la modernisation de la Loi sur les langues officielles. D’autant que le 21 octobre dernier, ils ont perdu deux des leurs avec les défaites de Randy Boissonnault et de Robert Falcon-Ouellette.

« C’est évidemment deux pertes importantes, d’autant qu’il est assez rare d’avoir des francophones de l’ouest à la Chambre des communes, mais ce qui est intéressant avec Mme Lalonde et M. d’Entremont, c’est que ce sont deux personnes qui ont une connaissance fine de la francophonie et des services en français, ce qui n’est pas forcément le cas de tous les députés francophones. Ils peuvent être des joueurs importants pour la défense de la dualité linguistique, y compris dans d’autres comités que les langues officielles pour apporter une perspective francophone », juge le politologue à l’Université d’Ottawa, Martin Normand.

Un rôle en langues officielles

L’ancienne ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Marie-France Lalonde ne cache pas son intérêt sur le dossier des langues officielles.

« C’est certain que je suis intéressée à siéger sur le comité des langues officielles, mais ce n’est pas moi qui décide », lance-t-elle, énumérant également son intérêt pour les comités des transports, infrastructures et collectivités et des anciens combattants.

Marie-France Lalonde. Crédit image : Maxime Delaquis

La réponse est sensiblement la même du côté de M. d’Entremont.

« Je veux faire au niveau fédéral pour les langues officielles, ce que j’ai fait au niveau provincial. C’est important qu’on améliore la Loi sur les langues officielles. Au sein de mon parti, je suis le seul Acadien, je vais donc travailler pour la sauvegarde de notre langue et de notre culture, en Atlantique, mais aussi à travers tout le Canada, car c’est difficile dans certaines régions où l’assimilation est importante. »

Le PCC a perdu son porte-parole aux langues officielles, en la personne d’Alupa Clarke, aux dernières élections. Du côté libéral, la secrétaire parlementaire de la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Alaina Lockhart, a elle aussi été défaite. De quoi offrir une opportunité aux deux nouveaux élus?

« Pour Mme Lalonde, ce sera plus difficile, car il y a plusieurs candidats au cabinet du premier ministre, notamment parmi les ministres sortants qui ont été réélus. Même si son expérience joue en sa faveur, il y a beaucoup de députés qui après un premier mandat souhaitent prendre du galon, sans oublier les candidats vedettes comme Adam van Koeverden qui a défait Lisa Raitt dans Milton. Elle pourrait toutefois jouer un rôle important si elle siège sur le comité des langues officielles », estime M. Normand.

Le cas de M. d’Entremont est un peu différent, ajoute-t-il.

« Le Parti conservateur voulait faire des gains en Atlantique et Andrew Scheer voudra peut-être le récompenser. Je ne serais pas surpris qu’il lui donne des responsabilités et aux langues officielles, ce serait un choix assez naturel. De plus, les conservateurs doivent soigner l’électorat francophone, après avoir reçu une claque au Québec, d’autant qu’avec un gouvernement minoritaire, les élections pourraient rapidement intervenir. »

D’autres dossiers en ligne de mire

Les langues officielles et la francophonie ne sont toutefois pas les seules priorités des deux nouveaux élus.

« Je veux travailler sur le projet d’agrandissement du MIFO [Mouvement d’implication francophone d’Orléans], la création d’emplois et les prochaines phases du train léger. Je vais collaborer avec tous les partenaires », dit Mme Lalonde, qui surveillera également de près le projet pilote de travail décentralisé pour les fonctionnaires fédéraux à Orléans.

Chris d’Entremont à la Chambre des communes à Ottawa. Source : Facebook Chris d’Entremont

L’ancien ministre néo-écossais dit vouloir s’assurer que les gens de sa circonscription ne seront pas oubliés. Il souhaite également aider son parti à mieux faire connaître certaines de ses positions.

« J’ai été déçu de notre résultat aux élections. J’espérais avoir au moins un ou deux députés de Nouvelle-Écosse avec moi. Je pense que nous devons faire mieux connaître nos propositions et les renforcer, notamment sur les changements climatiques dont on voit les conséquences ici, ou en matière de santé. La population de ma province est vieillissante et nous n’avions peut-être pas assez à leur offrir. »

Hâte au 5 décembre

En attendant la rentrée parlementaire qu’ils attendent avec impatience, les deux députés continuent leur apprentissage de la vie parlementaire fédérale.

« En arrivant du provincial, la courbe d’apprentissage est moins grande que pour un nouveau député, même s’il y a quelques différences et subtilités », explique Mme Lalonde.

Un avis que partage M. d’Entremont.

« La politique, ça reste la politique », sourit-il.