L’Association franco-yukonaise veut garder le cap

Crédit image: Gracieuseté AFY

WHITEHORSE – L’Association franco-yukonaise (AFY) a un nouveau président. André Bourcier a succédé à Angélique Bernard, le 30 septembre dernier, avec la volonté de poursuivre sur la voie tracée.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Il n’y aura pas de changements majeurs. L’AFY est en bonne position et je veux assurer la continuité par rapport à ce qu’a fait Mme Bernard pour la communauté franco-yukonnaise », lance M. Bourcier à #ONfr.

Élu par acclamation, le Québécois d’origine, installé au Yukon depuis 20 ans, entend poursuivre les discussions avec le gouvernement territorial qui se sont beaucoup améliorées ces dernières années, selon la présidente sortante.

« Nous avons adopté une attitude beaucoup plus collaborative et moins basée sur la confrontation. Nous avons fait comprendre au gouvernement que nous avons un objectif commun, soit le bien-être des Yukonnais. L’AFY peut aider le gouvernement à bien desservir les Franco-Yukonnais », explique Mme Bernard.

Depuis le 7 novembre dernier, le Yukon est dirigé par le Parti libéral de Sandy Silver. Un premier ministre sensible à la francophonie, assure l’ancienne présidente.

« Nous l’avons rencontré fin août avec le ministre responsable de la Direction des services en français, John Streicker. Il semble très ouvert et connaît la communauté francophone. Il semble également vouloir donner beaucoup de responsabilités à ses ministres, ce sera donc à nous d’approcher les ministères de la Santé et de l’Éducation. »

Le nouveau président de l’AFY se montre toutefois prudent.

« Il y a beaucoup de nouveaux députés, nous sommes donc dans une période d’apprivoisement mutuel. Il semble y avoir de l’écoute, mais on va voir au moment où le gouvernement devra prendre des décisions. »

Centre de santé bilingue

Le gouvernement a déjà annoncé la mise en place d’une étude de faisabilité quant à la création d’un centre de santé bilingue à Whitehorse, ainsi que la construction d’une école secondaire francophone qui pourrait ouvrir ses portes en septembre 2019.

Le nouveau président de l’AFY, André Bourcier. Crédit image : gracieuseté

« Ma plus grande priorité, c’est l’ouverture du centre de santé bilingue à Whitehorse qui est demandé par la communauté depuis plusieurs années. C’est d’autant plus important pour répondre aux besoins en matière de santé mentale et pour nos aînés francophones qui – chose nouvelle – sont de plus en plus nombreux à choisir de rester au Yukon pour leur retraite », remarque M. Bourcier.

Ce dernier souligne également que la nouvelle réalité démographique de l’Ouest, qui attire de plus en plus de Canadiens d’autres provinces, mais aussi de nouveaux arrivants, oblige le gouvernement à s’adapter.

« Il faut s’assurer de leur offrir les services de base, en matière d’éducation, de petite enfance et de santé, notamment. C’est un défi supplémentaire. »

Un commissaire aux langues officielles?

L’AFY voudrait également convaincre le gouvernement  de revoir le mécanisme de plaintes quant aux problèmes de services en français. Actuellement, celles-ci sont directement gérées par la Direction des services en français, ce qui n’en assure pas la pleine indépendance.

« Il y a beaucoup de plaintes dans le domaine de la santé. On pourrait imaginer avoir un commissariat aux langues officielles pour le Yukon. Cela assurerait une plus grande indépendance », suggère Mme Bernard.

L’organisme surveille également de près ce qui se passe à Ottawa dans l’attente du futur plan d’action pour les langues officielles, mais aussi avec la nomination d’un nouveau commissaire aux langues officielles du Canada.

« On espère que le plan pour les langues officielles comprendra des actions concrètes et ne sera pas juste une liste d’épicerie. On voudrait aussi que le gouvernement fédéral tienne compte des spécificités régionales, notamment quand il parle de virage numérique, alors qu’ici, l’accès à internet est beaucoup plus difficile, ou qu’il évalue nos activités. Nous sommes une petite communauté, quand il y a 10 personnes à un événement, c’est bien! », souligne l’ancienne présidente.

Transition en douceur

En poste à la tête de l’AFY depuis sept ans, Mme Bernard ne se retire pas complètement puisqu’elle assurera la vice-présidente de l’organisme, en lieu et place de M. Bourcier, pour un an.

« Cela va faciliter la transition des dossiers, même si M. Bourcier les connaît bien, puisqu’il était vice-président de l’AFY depuis trois ans. »

M. Bourcier possède également l’avantage, selon Mme Bernard, de bien connaître le milieu politique yukonnais. Le nouveau président de l’AFY était candidat sous la bannière néo-démocrate aux élections territoriales de 2016.

« J’ai dû apprendre cette partie-là, alors que pour M. Bourcier, c’est un acquis qui peut nous aider », pense Mme Bernard.