Le congédiement de Don Cherry salué par plusieurs francophones

Don Cherry (à gauche). Source: Capture écran

OTTAWA – Le commentateur vedette de Hockey Night in Canada, Don Cherry, a été démis de ses fonctions, ce lundi, à la suite de propos controversés, en ondes, sur les nouveaux immigrants. Mais pour beaucoup de francophones à travers le pays, cette mise à l’écart aurait dû avoir lieu bien avant.

Après avoir présenté ses excuses, dimanche, pour les propos de M. Cherry lors de l’émission de hockey Coach’s Corner diffusé samedi, Sportsnet a finalement annoncé, ce lundi, que l’analyste ontarien de hockey, âgé de 85 ans, n’est plus à l’emploi du réseau.

Samedi, ce dernier avait reproché aux immigrants de ne pas suffisamment arborer le coquelicot en l’honneur des soldats morts au combat.

« Vous aimez notre mode de vie, vous aimez notre lait et notre miel, au moins vous pouvez payer quelques dollars pour un coquelicot ou quelque chose comme ça. Ces gars ont payé pour le mode de vie que vous aimez au Canada, ils ont payé le prix fort », avait-il lancé, suscitant l’approbation de l’animateur, Ron MacLean.

Ses propos ont enflammé les réseaux sociaux et suscité de vives réactions. À l’annonce de son départ, plusieurs ont manifesté leur satisfaction, dont de nombreux francophones.

« Bon débarras », a ainsi commenté Simon Ménard sur Facebook, résumant en deux mots un avis largement partagé par les francophones sur les médias sociaux.

« Je suis très content pour ça. On n’a pas besoin de gens comme Don Cherry qui disent ces paroles-là devant des millions de téléspectateurs qui regardent Hockey Night in Canada », pense pour sa part Christian Bélanger.

« Il aurait dû être congédié il y a plusieurs années », estime l’avocat acadien spécialiste des droits linguistiques, Michel Doucet.

Propos francophobes et controversés

Car beaucoup de francophones reprochent à M. Cherry des propos francophobes à répétition.

« C’est drôle, le mépris viscéral de Don Cherry pour le Québec et les francophones n’a jamais semblé déranger ses patrons », a gazouillé le membre de Québec solidaire, Jérémie Bédard-Wien.

Un avis que partage l’ancienne députée fédérale québécoise et ancienne porte-parole conservatrice en matière de langues officielles, Sylvie Boucher, qui s’étonne que les propos de M. Cherry ne lui ai pas valu de perdre son poste avant, alors qu’il avait notamment accusé les Québécois de « chialeux ».

Aux excuses de M. MacLean sur Twitter, le directeur des communications de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Serge Quinty rétorque : « Des années à entendre Don Cherry dénigrer les francophones, c’était correct? Vous avez seulement réalisé la portée négative de ses commentaires la soirée dernière? »

En mars 2004, notamment, M. Cherry avait accusé les joueurs européens et francophones de se cacher derrière leur visière de protection : « Le port d’une visière protectrice est un signe de faiblesse et un manque de courage et que la plupart des joueurs qui en font l’usage sont des Européens ou des francophones ».

En réaction à cette sortie, Canadian Parents for French avait écrit à la CBC accusant Don Cherry d’utiliser « sa popularité pour salir un groupe linguistique ». À l’époque, la commissaire aux langues officielles, Dyane Adam, s’était saisie de cette affaire pour lancer une enquête, après en avoir mené une autre après avoir reçu neuf plaintes contre la Société Radio-Canada concernant le commentateur. Ces deux enquêtes visaient à déterminer si l’institution avait manqué à ses obligations à cause des propos de M. Cherry. Mais à l’époque, les deux procédures avaient révélé que les allégations étaient non fondées.

Habitué des controverses, ce qui avait d’ailleurs obligé CBC à ajouter sept secondes de délai entre ses commentaires et leur mise en ondes pour éviter les dérapages, M. Cherry n’hésitait pas non plus à s’en prendre aux femmes, dont la place n’était, selon lui, pas dans les vestiaires sportifs, et à exalter la virilité du hockey.

L’ex-joueur et entraîneur de hockey, originaire de Kingston, a toutefois  de nombreux partisans, qui ont d’ailleurs pris sa défense aujourd’hui. En 2004, il s’était d’ailleurs placé au 7e rang des 10 plus grandes personnalités de l’histoire du pays lors de l’émission spéciale The Greatest Canadian, diffusée sur les ondes de la CBC.

Cet article a été mis à jour le mardi 12 novembre, à 16h22