Le déficit ontarien ou comment jouer avec les chiffres

Le ministre des Finances, Charles Sousa, tâchera de permettre à l'Ontario d'obtenir sa part du gâteau en infrastructures. Archives

[CHRONIQUE]

En politique, au Canada, les mises à jour économiques sont une façon pour les gouvernements en place de redorer leur image. L’exemple le plus récent de cette pirouette a eu lieu en Ontario, alors que le gouvernement de Kathleen Wynne a présenté une vision très optimiste des finances publiques de la province. En effet, par la magie des chiffres, le déficit aurait diminué, passant de 8,5 milliards $ à 7,5 milliards $.

SERGE MIVILLE
Chroniqueur invité
@Miville

Le ministre des Finances, Charles Sousa, a célébré cette manœuvre comptable en affirmant en grandes pompes que les finances s’étaient redressées. De nombreux médias ontariens et québécois ont simplement répété les mots du ministre sans prendre une approche plus critique envers cette manœuvre.

Si la province a su réduire son déficit d’un milliard de dollars, ce n’est pas en raison d’un bond économique qui a surpris l’ensemble des observateurs. En réalité, le déficit a grimpé et les nouveaux dégâts n’ont été qu’épongés par la vente de 16% d’Hydro One, le distributeur public d’électricité qui est en voie de devenir un distributeur privé.

Soyons francs : la province a tordu la vérité, car ce milliard est maintenant dépensé.

Les libéraux ont pris l’habitude de faire passer le sapin pour du cèdre ces dernières années, avec plusieurs scandales comme Cybersanté, ORNGE, les centrales au gaz et j’en passe, auquel s’ajoute maintenant la vente d’Hydro One sans mandat public. Nous venons de nous priver de 16% des profits d’Hydro One pour l’avenir et bientôt, ce sera 60% de ces revenus qui iront dans la poche de groupes privés.

En réduisant le déficit plutôt qu’en investissant dans l’infrastructure, les libéraux du gouvernement Wynne ont passé un deuxième sapin aux contribuables de la province. Ce gouvernement estime pouvoir gouverner comme bon lui semble. Il s’agit, selon moi, du résultat le plus néfaste de notre pathétique système électoral majoritaire à un tour qui fait en sorte qu’avec 38,65% des votes, les libéraux obtiennent 100% du pouvoir.

Le Parti libéral au pouvoir a été élu sur une plateforme progressiste de justice sociale mais n’a rien fait en ce sens depuis son élection comme gouvernement majoritaire. Il n’a aucune excuse, car il a succédé à un autre gouvernement libéral, de sorte qu’il avait pleinement connaissance de l’état des finances publiques et des projets en cours lorsqu’il s’est fait élire. Aujourd’hui, ce sont les Ontariens qui en font les frais.

Serge Miville est candidat au doctorat en histoire à l’Université York.

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