Le directeur torontois de la SÉO démis de ses fonctions

Source : Facebook de la SÉO

TORONTO – Cinq mois après son entrée au sein de la Société économique de l’Ontario (SÉO), René C. Viau a été démis de ses fonctions de directeur régional Centre-Sud-Ouest. Il se retire par ailleurs des conseils d’administration sur lesquels il siégeait dans d’autres organisations francophones.

« J’ai pris la décision qui s’impose », a déclaré Luc Morin. « J’ai expliqué à M. Viau que le lien de confiance qui a abouti à son embauche est définitivement rompu et qu’il est de mon devoir de veiller à ce que les lois qui régissent les normes d’éthique soient respectées au sein de l’organisation. »

Le directeur général de la SÉO a pris cette décision brutale à la suite d’une longue enquête, publiée hier et ce mardi, dans laquelle Radio-Canada révèle le passé judiciaire de M. Viau et met en lumière le manque de vérification de ses antécédents lors de son embauche au sein de l’organisation économique ontarienne.

On découvre notamment que M. Viau aurait exagéré l’ampleur des activités de l’entreprise ACES, dont il est dirigeant, en s’appuyant sur des contenus web plagiés et en vantant des projets environnementaux dont ses partenaires d’affaires n’ont jamais entendu parler.

Dans une seconde salve de révélations publiées aujourd’hui par nos confrères de Radio-Canada, on apprend que M. Viau s’est rendu coupable d’entrave à la justice et d’avoir agi comme prête-nom par un tribunal administratif au Québec.

Image écornée auprès des bailleurs de fonds?

La question est d’autant plus sensible que l’organisme gère de l’argent publique. Financée à hauteur de 3 millions de dollars, la SÉO compte parmi ses bailleurs de fonds les gouvernements du Canada et de l’Ontario, la Fondation Trilium et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Pour éteindre le feu, la SÉO a indiqué par voie de communiqué avoir révisé ses procédures de recrutement. « Ces modifications ont pour objectif de prévenir qu’un tel événement se reproduise », a prévenu le président Denis Laframboise. « Cette erreur de recrutement ne doit plus jamais se produire! Nous avons réuni le comité exécutif aussitôt après les premières révélations et nous allons entériner les nouvelles procédures à la prochaine réunion du conseil d’administration ».

Retrait de l’ensemble des conseils d’administration

Président de Francophonie en Fête, vice-président du Centre francophone de Toronto et administrateur du Collège Boréal, René C. Viau a confié se retirer de l’ensemble des conseils d’administration sur lesquels il siège actuellement.

Il n’a toutefois pas précisé s’il jetait l’éponge concernant le comité consultatif francophone de Toronto pour lequel il s’est porté candidat avec sept autres personnes. Alors qu’il s’agit d’un processus individuel, cette candidature groupée mise à jour par ONFR+ avait alimenté la controverse en juin dernier, débouchant sur le prolongement par la Ville de la période de candidature pour augmenter le nombre de postulants.

« Puisque la gouvernance des CA sur lesquels je siège est importante pour moi, et que je ne souhaite pas que ma présence au sein desdits CA crée quelques impacts négatifs auprès des différents bailleurs de fonds, j’ai pris la décision de me retirer desdits CA », a expliqué M. Viau dans un échange écrit avec ONFR+, se réservant une réaction plus longue dans les prochaines 24 heures.

À dix jours de la 14e édition de Francophonie en Fête, une manifestation culturelle franco-torontoise de premier plan, son directeur général, Jacques Charette, a apporté son soutien au président en exercice.

« Cela ne nous concerne pas du tout », a-t-il réagi. « M. Viau fait un travail exemplaire qui a amené l’organisme à évoluer constamment. Depuis qu’il est là, il n’y a rien à dire sur le niveau de gouvernance. Sa capacité à aider l’organisme à grandir est certaine. »

La communauté entre malaise et silence

« Il est peut-être venu en Ontario pour refaire sa vie », poursuit M. Charette. « Il dit qu’il a eu des difficultés à cause de la crise économique de la fin des années 1990. Mais depuis qu’il est en Ontario, ce qu’il fait est extraordinaire. On est un organisme à but non lucratif, ce n’est pas lui qui signe les chèques. »

Le directeur a toutefois évoqué « un malaise » en découvrant ces allégations, évoquant une réunion du conseil d’administration en septembre lors de laquelle ce point sera à l’ordre du jour.

Sollicitée par ONFR+, la Ville de Toronto n’a pas encore commenté ces révélations. Ancien membre du comité consultatif francophone de Toronto, René C. Viau est candidat au nouveau comité qui doit débuter ses travaux en novembre prochain.

Dans un communiqué, le Collège Boréal vient, pour sa part, de confirmer sa démission du CA. « Le conseil d’administration a accepté cette démission et remercié M. Viau pour ses services. »

Réponse similaire du côté du Centre francophone de Toronto. « M. René C. Viau a démissionné de ses fonctions à la suite de la diffusion des articles publiés par Radio Canada. Nous remercions M. Viau pour son implication », peut-on lire sur le compte Twitter de l’organisation au sein de laquelle il était vice-président.

La nouvelle tombe à quelques jours de la prochaine assemblée générale annuelle du CFT, qui se tiendra le 16 septembre.