Le grand défi de Lalonde à Orléans

La ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde. Crédit image: Stéphane Bédard

[ANALYSE]

OTTAWA – Le 7 juin prochain, Marie-France Lalonde sera fixée sur son avenir. Dans le meilleur des cas, la députée d’Ottawa-Orléans est réélue triomphalement à son poste, suivant une éventuelle vague libérale aux élections provinciales. Dans le pire des scénarios, elle est défaite face au conservateur Cameron Montgomery; son parti s’incline lourdement.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz
Marie-France Lalonde sera au centre d’une lutte serrée et passionnante dans la circonscription désormais rebaptisée Orléans.

L’appellation de « circonscription baromètre » pour Orléans n’est pas anodine. Le vainqueur appartient toujours au parti remportant les élections. La preuve puisque les libéraux y occupent le pouvoir au provincial depuis 2003. Au palier fédéral, le conservateur Royal Galipeau a été présent pendant les neuf ans de règne de Stephen Harper… avant de s’incliner en 2015 contre le libéral Andrew Leslie.

Si les sondages continuent de prédire le succès des troupes de Doug Ford en juin, c’est que les indicateurs sont au rouge pour Marie-France Lalonde. L’élue sortante le sait : lors de l’ultime tour de vote de la course à la chefferie du Parti progressiste-conservateur, les militants orléanais avaient offert leur vote à Doug Ford plutôt qu’à Christine Elliott. Un cas unique dans les comtés de l’Est de l’Ontario où Mme Elliott avait reçu plus de votes que son adversaire.

Assez pour évincer Mme Lalonde? L’actuelle députée possède bon nombre de cartes dans sa manche pour conserver Orléans.

En quatre ans sur les bancs de Queen’s Park, Marie-France Lalonde a été très exposée médiatiquement, sans commettre de bourde majeure. Tour à tour, elle a gravi les marches, de whip en chef du gouvernement, puis ministre des Affaires francophones où son bilan est plutôt réussi, avant de prendre le portefeuille de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels, l’an passé.

Montgomery, un candidat solide en face

Au-delà du jeu de mettre en valeur une élue dans une circonscription délicate, il semble que la première ministre, Kathleen Wynne, ait tissé un lien de confiance avec Mme Lalonde. D’autres libéraux de la région d’Ottawa à l’instar de Grant Crack ou John Fraser, pourtant eux aussi dans des comtés non assurés, n’ont pas eu ces opportunités.

Face à Cameron Montgomery, solide candidat, bilingue, et professeur à l’Université d’Ottawa, Mme Lalonde n’aura pas la partie facile. Souvent beaucoup trop collée aux messages-clés de son parti à Queen’s Park, Mme Lalonde ne devra en revanche pas être sous-estimée lors de cette campagne. Car c’est loin des projecteurs, lorsqu’elle s’adresse à la communauté d’Orléans, qu’elle demeure la plus naturelle et convaincante.

Carrefour santé, transport en commun et économie

En annonçant peut-être de nouveaux développements pour le Carrefour santé d’Orléans, au mois de mai, les libéraux marqueront de précieux points. Voilà dix ans que ce projet crucial pour les francophones d’Orléans avance cahin-caha. Une urgence quand on sait que l’équilibre bilingue de la circonscription est mis à mal.

En donnant le feu vert au prolongement du train léger dans cette ville dortoir, peu avantagée par le transport en commun, les libéraux ont aussi marqué des points. Mais de plus en plus, les Orléanais restent fâchés de voir si peu d’emplois se créer. La plupart d’entre eux doivent s’exiler à Ottawa s’ils veulent joindre les deux bouts.

Cette morosité économique pourrait être l’un des arguments de campagne du candidat Montgomery. Et pousser Mme Lalonde dans ses retranchements…

Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 23 avril.